Les seigneurs de nos forêts…

Publié le 21 décembre 2023 par Jean-Louis Schmitt

Ils étaient - et resteront- les seigneurs de nos forêts… de nos forêts d’où, depuis belle lurette, on les a chassés et où nous ne les avons jamais croisés. Dans nos rêves fous de naturalistes en herbe, nous les guettions à l’orée du bois, lors de nos échappées sylvestres… Attentes vaines, espoirs perdus. Il ne pouvait en être autrement…

Ce n’est que bien plus tard, avec la complicité de fidèles amis, fervents amoureux de la vie sauvage, qu’il m’a été donné de les rencontrer… L’Ours d’abord, dans la secrète sylve slovène puis dans les âpres Abruzzes ! La vie sauvage en majesté ! Fulgurance et puissance ! Émotion et sidération !

À chacune de ses imprévisibles apparitions, la Bête, nous remet à notre place, nous remet dans la peau de nos ancêtres, aux âges farouches des temps premiers… Fi de nos fanfaronnades et de notre coutumière arrogance ! Le réel est là, devant nous, dans son originelle splendeur. L’humilité et le respect s’imposent.

En enfilade… le Loup ou plutôt les Loups ! Furtifs passagers de l’heure grise entre chien… et loup, à la queue leu leu, à pas de loup…

Loups sitôt vus, Loups sitôt disparus !

Et, cerise sur le gâteau, inespéré et plus qu’improbable, ce Lynx, en chair et en os, plus vrai que vrai, assis au milieu d’une piste forestière, au cœur de la forêt biélorusse, nous fixant en toute quiétude, lors de notre retour au bercail, après une journée d’intense baroudage…

Disparus ou plutôt éradiqués de nos terroirs anthropisés où règne la peur du vivant, nous leur avons accordé le statut d’espèces protégées. Ce qui, en leur absence, n’engage évidemment à rien mais qui, au temps de leur retour, pose problème. Cas de figure classique où les mesures de protection sont aisément prises quand celles-ci n’indisposent personne… et où, à l’inverse, ces dernières sont levées ou contournées par moult dérogations dans le cas contraire.

Il va de soi que les bergers tiennent à leurs Brebis, Chèvres ou Vaches et qu’ils les protègent contre l’appétit des carnassiers. Cela, en mettant en œuvre les parades ayant fait leurs preuves en diverses zones pastorales. Avec, entre autres stratégies : le regroupement nocturne du troupeau, une présence humaine de proximité, la surveillance de chiens de protection tel les Bergers de Maremme ou des Abruzzes (Maremmas), de préférence aux Patous des Pyrénées qui constituent un danger pour les randonneurs, sans oublier la présence d’Ânes, dont les ruades, voire doubles ruades, sont fortement dissuasives pour les Loups.

Soyons donc vigilants quant aux dérobades et échappatoires accordées. Elles relèvent de ce détestable révisionnisme anti-vie qui gangrène nos sociétés hors-sol, de plus en plus déconnectées du vivant. Oui, l’Ours, le Loup, le Lynx… mais également leurs homologues de taille plus modeste, le Chat forestier ou Chat sauvage, le Renard, le Blaireau, la Fouine, la Martre, le Putois, l’Hermine, la Belette, font partie intégrante de notre faune européenne.

Ils sont les pièces maîtresses de notre biodiversité et les garants de l’équilibre de nos milieux naturels. Puissions-nous enfin reconnaître à nos petits et grands prédateurs le rôle de régulateurs des populations de rongeurs et d’herbivores et leur assurer la protection qu’ils méritent. Afin qu’en toute transparence, la sauvegarde de la biodiversité puisse se décliner à tous les niveaux de la pyramide du vivant !

Edmond

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