Colère des agriculteurs : et s’ils regardaient plutôt vers l’avenir

Publié le par Jean-Louis Schmitt

La colère des agriculteurs est parfois justifiée : il est normal de réclamer une juste rémunération de son travail, avec des prix de vente équitables pour les produits agricoles ainsi qu’une simplification administrative afin de réduire la charge bureaucratique qui pèse sur eux. Nous ne pouvons aussi que les soutenir quand ils demandent la promotion de l’agriculture familiale et le soutien aux jeunes agriculteurs, notamment par le biais de dispositifs d’installation et de transmission des exploitations ou la reconnaissance et la valorisation des savoir-faire locaux, de la diversité des productions agricoles françaises et des labels de qualité.

Mais ils ont demandé, et parfois obtenu aussi bien d’autres choses. Comme l’arrêt de l’interdiction des pesticides s’ils ne sont pas interdits au niveau européen et l’interruption du plan Ecophyto, grave retour en arrière qui menace à la fois la santé des citoyens, des agriculteurs et des écosystèmes. Comme des dérogations aux règles protégeant les prairies et les zones humides qui justement avaient été instaurées pour préserver la biodiversité et se protéger des conséquences du changement climatique qui frappent violemment les agriculteurs. Et la garantie d’une production française dans les rayons ne suffit pas.

Les véritables causes de la crise agricole

Les agriculteurs oublient les véritables causes du malaise. Leur mode de production ne correspond plus ni aux attentes sociétales, ni au monde d’aujourd’hui. Ils reproduisent un modèle d’agriculture productiviste, qui s’est développé en réponse à la nécessité de produire davantage pour nourrir une population croissante après la seconde guerre mondiale. Ce modèle était caractérisé par l’utilisation massive d’intrants chimiques, de machines agricoles et des pratiques de monoculture à grande échelle.

Le résultat est là : aujourd’hui en France, dans deux élevages sur trois, les animaux sont élevés de façon industrielle, en cages ou entassés dans des bâtiments, des enclos ou des bassins, sans aucun accès à l’extérieur.

L’élevage nécessite énormément d’eau, pour abreuver les animaux mais aussi pour cultiver les céréales que les animaux consomment. A cause des déjections des animaux, des engrais et des pesticides utilisés pour les cultures fourragères, l’élevage est la plus grande source de pollution de l’eau. Et l’élevage intensif favorise l’apparition de nombreuses maladies infectieuses.

L’agriculture intensive, avec l’utilisation massive d’intrants chimiques a conduit à la perte d’habitats pour de nombreuses espèces. Les pesticides tuent les oiseaux, les insectes, les pollinisateurs et les organismes du sol.

En France métropolitaine, 14 % des mammifères, 24 % des reptiles, 23 % des amphibiens et 32 % des oiseaux nicheurs sont menacés de disparition du territoire, tout comme 19 % des poissons d’eau douce. L’agriculture telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui a sa part de responsabilité.

Un décalage avec les attentes sociétales et écologiques

Les agriculteurs sont en décalage avec la réalité d’aujourd’hui et avec les attentes sociétales. Au fil du temps, de nouvelles préoccupations sont apparues, notamment en matière de bien-être animal, de protection de l’environnement et des écosystèmes, de préservation des ressources naturelles, de diversité agricole, de santé publique et de qualité des aliments.

Rien ne sert de revenir en arrière. Ils doivent aujourd’hui construire une autre agriculture, un autre modèle, plus vertueux, sans doute à petite échelle, qui réponde aux attentes sociétales et écologiques et qui soit bonne pour eux.

Les syndicats agricoles ont une grosse part de responsabilité dans cette crise, s’accrochant aux vieux modèles. Il en va de leur responsabilité d’accompagner les agriculteurs vers un modèle d’avenir viable pour les prochaines décennies.

Animal Cross

 

 

"Quand je vois une vache, je ne vois pas un animal qui doit être mangé. Elle est pour moi un poème de pitié. La protection de la vache est la protection de toute vie, de tout ce qui dans le monde est faible est impuissant. La protection de la vache signifie fraternité des hommes et des bêtes".

Gandhi

 

 

 

 

 

 

 

 

Si vous avez apprécié cette publication,

partagez-là avec vos amis et connaissances !

Si vous souhaitez être informé dès la parution d’un nouvel article,

Abonnez-vous !

C’est simple et, naturellement, gratuit !

 

 

 

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
Je suis abonnée à ce blog en tant que citoyenne respectueuse de la nature, des animaux sauvages ou domestiques , inquiète et désireuse de leur protection pour mes petites-filles ( et tous leurs congénères ) . J’apprends beaucoup ici et le transmets à cette génération . Aussi je remercie son auteur qui s’y consacre par passion et aucunement par esprit lucratif . Grâce à lui je n’oublie pas de suivre La minute nature de Julien Perrot que chacun peut d’ailleurs trouver facilement sur Youtube . J’y trouve aussi les billets de l’éminent , respecté et admirable Gérard Charollois toujours signés ( ainsi que les auteurs des articles et des photos ) dont je sais qu’il autorise la publication de ses articles; non seulement à Jean-Louis Schmitt qu’il connaît mais à tout un chacun puisque moi-même lui en ai parfois demandé l’autorisation , accordée chaleureusement . Je ne connais pas les arcanes des demandes et autorisations de publications à enjeu pécuniaire mais suis dubitative au sujet de vos motivations . Ce blog est bénéfique, poétique aussi , utile à qui veut trouver des arguments pour lutter contre la déliquescence de ce monde ; personnellement je n’y vois que du positif et espère qu’il en est de même de vos démarches .
Répondre
D
Merci JPL : ces vérités on ne les dira jamais assez . Hélas en vain !
Répondre
J
Dire que les agriculteurs nous nourrissent me semble complètement incorrect ou alors pourquoi importer environ la moitié de ce que nous mangeons? Il y a en résumé deux types d’agriculture, celle qui est respectueuse le plus possible de l’environnement et de la santé et celle qui surproduit pour l’exportation, largement défendue par la fnsea et l’état . En aucun cas notre production agricole est autonome, nous sommes les champions d’Europe de l’utilisation des pesticides et en grande partie pour l’export, pas pour nous. <br /> Les revendications récentes et justifiées par rapport aux revenus des plus modestes ont en fait abouti à la pérennisation de la chimie au détriment de la biodiversité, de la santé et des terres qui deviennent stériles. On le sait, ces produits tuent mais on le fait quand même, on tue au nom des profits, non seulement des animaux des plantes mais aussi des hommes…mais cela ne nous nourrit même pas suffisamment ! Ces attitudes meurtrières ajoutées au réchauffement climatique provoqué également par nous mêmes me poussent bien évidemment à ne pas avoir une once de confiance vis à vis des dirigeants qui ne travaillent pas pour les citoyens mais essentiellement pour le profit de ceux qui favorisent leur élection. Il n’est pas possible non plus de conserver confiance en les médias qui appartiennent pour une grande majorité à des grands groupes intéressés par le profit et le maintien de leurs pouvoirs… triste monde qui se complaît à foncer dans ce mur qui nous tuera à brève échéance.
Répondre
M
Bonne explication de ce qu'est l'agriculture aujourd’hui: un business ou seul compte le profit des plus gros. Le plus étonnant c'est que les agriculteurs de toutes catégories continuent obstinément à soutenir un syndicat qui ne défend que les gros exploitants au détriment de tous les autres.
Z
Totalement en accord avec Ghandi . Cette crise du monde agricole n'a absolument pas mis en lumière la souffrance animale ! Et le salon qui s'annonce va encore vouloir nous faire croire que les animaux sont heureux! Go végan!
Répondre
B
J'apprécie les mots de Ghandi<br /> Regarder une vache m'émeut et je pense à ce qui l'attend... <br /> Et j'apprécie aussi cet article<br /> Bon vendredi Jean-Louis
Répondre
D
Merci GANDHI. Belle journée à tous <br /> Notre évolution ne peut se faire que dans le respect de toute vie, dans l'équilibre et l'harmonie entre tous les <br /> règnes. Nous sommes les créateurs de ce nouveau monde !
Répondre
V
Exactement<br /> <br /> ☸ڿ ڰۣ . . . Passe une très agréable journée . . . ڰۣ ڿ☸
Répondre
D
J'apprécie particulièrement "les véritables causes de la crise agricole" et la photo des vaches; comme elles sont belles; et douces et paisibles; moi,aussi je les aime et pas seulement nos chères Vosgiennes
Répondre