Un des plus grands désastres écologiques des temps modernes
En Antarctique, un Manchot royal est soupçonné d’être décédé de la grippe aviaire la semaine dernière. Inquiets, les chercheurs considèrent cette propagation virale comme le signe d’une catastrophe écologique sans précédent.
La grippe aviaire a contaminé les oiseaux marins d'Antarctique. Photo : Danita Delimont,
La grippe aviaire a finalement atteint les régions les plus vulnérables du Globe : les terres australes. Découvert en 1996 dans des élevages de volaille, le virus H5N1 a connu diverses mutations, jusqu'à contaminer des oiseaux marins sauvages de l'hémisphère nord en 2021. Rapidement propagé le long des routes migratoires jusqu'en Amérique du sud, où il a décimé non seulement oiseaux mais aussi otaries, phoques et lions de mer, les experts avaient exprimé leurs craintes quant à l'arrivée de ce virus en Antarctique.
Cela n'a pas tardé : en octobre 2023, les scientifiques ont attesté de l'arrivée du virus H5N1 en terre australe, ayant contaminé plusieurs espèces d'oiseaux marins, dont le majestueux Manchot royal (Aptenodytes patagonicus). Les prédictions catastrophiques se sont avérées la semaine dernière avec le premier décès d'un Manchot royal suspecté d'être atteint de la grippe aviaire, d'après les équipes de reporters du quotidien britannique The Guardian.
Des espèces vulnérables jamais exposées auparavant
Près de la moitié de la population de cette espèce vit dans sur l'île de Géorgie du Sud, en grands groupes très denses, pouvant aller jusqu'à 1 000 couples nicheurs par colonie, et 19 individus par mètre carré. Propagation rapide, contamination massive et taux de mortalité élevé : c'est le sort qui attend les manchots, mais également de nombreuses autres espèces endémiques de cette île isolée, jamais exposée à ce genre de virus auparavant. D'après les chercheurs, « si le virus commence à causer une des évènements de mortalité massive au sein de ces colonies, il serait le signal de l'un des plus grands désastres écologiques des temps modernes ».
Déjà fortement menacés par le changement climatique et la surpêche, qui réduit considérablement leurs ressources alimentaires, 70% des Manchots royaux devraient disparaître d'ici la fin du siècle, d'après les estimations d'une équipe de chercheurs du CNRS. Une nouvelle menace virale aurait donc des conséquences dramatiques, même si des chercheurs britanniques ont démontré la capacité de certaines espèces d'oiseaux marins à développer des anticorps contre le virus H5N1, et ainsi survivre à la maladie. Se pose tout de même la question de la propagation et de la contamination interspécifique dans d'autres niches écologiques, pouvant avoir des répercussions sur toute la chaîne alimentaire Arctique.
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