En Polynésie avant les JO, la tour de la discorde
En Polynésie, la situation est toujours très tendue à huit mois des Jeux olympiques. A Teahupoo plus précisément, cette commune qui abrite un célèbre spot de surf situé dans une nature sauvage, au bord d’un magnifique récif corallien.
Ce site a été choisi pour accueillir les épreuves de surf des Jeux Olympiques de Paris 2024, pour la qualité et la régularité de ses vagues. Sur le papier, tout devait être simple dans ce cadre paradisiaque. Mais le dossier Teahupoo est en train de devenir l'un des sujets les plus explosifs des JO.
En effet, en prévision des épreuves, une tour doit être installée dans le lagon, pour accueillir les juges des JO et les médias.
Une telle structure, en bois, existe déjà depuis de longues années : elle est montée avant chaque compétition internationale de surf, puis démontée ensuite. Sauf que cette tour en bois ne répond pas aux critères de sécurité des JO. Le comité d’organisation veut donc construire une nouvelle structure. Problème : avant de l’installer, il faut d’abord creuser dans le récif pour mettre en place des fondations. Inacceptable pour de nombreux habitants et surfeurs qui refusent que le corail soit dégradé pour trois petits jours d’épreuves olympiques, sachant que les coraux sont déjà parmi les écosystèmes les plus fragilisés par le changement climatique.
Un bras de fer se joue sur place
Sous la pression des opposants, le comité d’organisation des JO a dû proposer une version allégée de la nouvelle tour. Cela avait un peu apaisé les tensions, mais depuis ce week-end, la situation a empiré.
En cause : un test grandeur nature effectué par le gouvernement polynésien, pour démontrer que la barge nécessaire à l’installation de la structure pouvait cheminer dans le récif sans toucher le corail. Or, ce test a viré au fiasco… La barge s’est carrément échouée sur le récif et du corail a été endommagé. Le tout filmé en direct par des habitants de Teahupoo.
La ministre des sports de Polynésie a présenté ses excuses et, de son côté, le président polynésien, Moetai Brotherson, estime « qu’il faudra se poser la question de la pérennité de ces épreuves de surf à Teahupoo » si aucune solution n’était trouvée.
Au comité d’organisation des JO, la ligne officielle, c’est : on continue comme prévu et les épreuves auront lieu à Teahupoo. Mais j’ai pu parler en off avec des personnes au sein de ce comité d’organisation, qui m’expliquent que cette situation donne « une image désastreuse » des JO. Selon eux, si les travaux n’ont pas commencé dans deux mois, il faudra envisager un plan B, c’est-à-dire un déplacement en catastrophe des épreuves ailleurs en Polynésie ou carrément sur la côte Atlantique dans l’Hexagone, ce qui coûterait une fortune.
En attendant, sur place, les défenseurs du corail continuent à se mobiliser et à appeler à l’aide les surfeurs internationaux pour protéger leur récif. On peut les comprendre car l’enjeu est de taille : les récifs coralliens couvrent à peine 0,1% de la surface des océans, mais abritent un tiers des espèces marines connues.
Hugo Clément, en toute subjectivité
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