Une deuxième vie pour les savonnettes d'hôtel

Publié le 27 juin 2023 par Jean-Louis Schmitt

Alors que l'hygiène est un enjeu pour des millions de personnes, les hôtels jettent près de 800 tonnes de savonnettes par an, en France. En Alsace, l'association Sapocycle les récupère et en refait des savons distribués par des associations caritatives.

Les savonnettes recyclées de Sapocycle

sont donnés aux associations caritatives. Photo : Lionel Thompson

C'est dans l'ESAT de l'Adapei Papillon Blanc, à Colmar, que l'association a installé son atelier. Les savonnettes de 145 hôtels partenaires en France, jusque-là jetées parce qu'utilisées ne serait-ce qu'une seule fois par leurs clients, arrivent par cartons entiers. Elles sont d'abord soigneusement nettoyées, tout simplement en les grattant. "C'est quand même un travail assez long, un peu fastidieux. On fait ça avec des épluche-légumes, des râpes à fromage ou des petits couteaux. A part la petite couche un peu sale qu'il peut y avoir, un savon ça reste propre ! Un savon dur ne peut pas conserver les bactéries et les virus."

Passé ce premier grattage/nettoyage, la fondatrice de Sapocycle, Dorothée Schiesser, nous guide vers l'atelier de fabrication proprement-dit et nous explique la suite du processus, conçu dans un même esprit de simplicité artisanale. Car faire du savon recyclé, c'est un peu de la cuisine. "Donc, là ce sont les savons nettoyés. Ça va aller dans une broyeuse. C'est une broyeuse à légume de cuisine industrielle. Ensuite ça passe dans un robot coupe-légumes. On a vraiment essayé de réutiliser des machines qui étaient en deuxième vie, quoi !"

Parfois, on tousse un peu dans l'atelier, car la poussière de savon pique un peu la gorge mais rien de rédhibitoire. Une fois les savonnettes finement broyées, la poudre est humidifiée avec de l'eau distillée, seul ajout du processus, puis pétrie pour en faire une pâte qui sera extrudée en barres et découpée en nouvelles savonnettes, toutes issues du même lot de savons d'origine, pour ne pas mélanger les produits.

Un travail valorisant

Après séchage, elles sont données à des associations caritatives. Une fin valorisante pour les travailleurs handicapés de cet ESAT, explique la monitrice d'atelier, Marie-Cécile Jacquin. "C'est vraiment un travail intéressant, très diversifié, qui permet de faire travailler des personnes qui ont des capacités différentes et dans un but vraiment utile. C'est vraiment un travail qui a du sens et ça, c'est très important pour avancer."

Les deux travailleurs qui découpent et tamponnent les savonnettes avec le logo de l'association Sapocycle acquiescent.

- "On les donne, par exemple, aux Restos du Cœur. Il y a aussi Caritas. Ça fait plaisir !"

- "C'est plutôt agréable. On fait un boulot utile et varié, surtout !"

En 5 ans, Sapocycle, d'abord né en Suisse, a fabriqué 100.000 savons en Alsace. De quoi approvisionner environ 25 000 familles, pas à l'autre bout du monde mais localement, où le besoin existe aussi. "Il y a aussi des gens ici, proches de chez nous, qui bien sûr peuvent se laver mais se restreignent pour l'achat de produits d'hygiène. L'hygiène, c'est quand même l'accès à la sociabilité. Vous n'irez pas à un entretien d'embauche si vous ne pouvez pas vous laver les cheveux ou vous laver le corps. C'est pour ça que nous, on distribue tous nos savons dans la région, ici."

Le recyclage permet aussi une grosse économie de CO2 et les hôtels peuvent le faire valoir pour obtenir des labels écologiques. Dorothée Shiesser espère juste qu'ils continuent à utiliser des savons secs, plus vertueux que les gels liquides.

Lionel Thompson

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