Quels sont les impacts réels du confinement sur les déplacements des animaux ?

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Une équipe internationale de chercheurs vient de publier une étude dans Science qui analyse les données des déplacements pendant le confinement de 2.300 animaux appartenant à 43 espèces de mammifères partout dans le monde. Résultat : des distances plus longues parcourues, et plus près des routes !

Un Puma aperçu à Santiago, au Chili. Photo : Andres Pina

Vous vous souvenez des images de canards traversant le centre de Paris peinards pendant le confinement, des renards à Londres, des pumas en ville aussi au Chili… Tous ces animaux sauvages qui semblaient vivre leur meilleure vie dehors, pendant que nous étions enfermés dedans. Les scientifiques sont nombreux à avoir voulu travailler précisément ce phénomène, pour en évaluer l’impact réel, et une nouvelle étude vient de sortir dans le magazine Science. Signée par 175 chercheurs de quasi autant de laboratoires partout dans le monde. L’écologue Marlee Tucker, de l’université Radboud, aux Pays-Bas, est l’autrice principale, et avoue d’entrée un petit truc :

“On a été très opportunistes”, parce qu’ils ont profité de recherches en cours pour récolter des données. En fait, elle travaillait avec tout un réseau de scientifiques depuis 2018 sur les liens entre les déplacements des animaux et les activités humaines. 2300 mammifères de 43 espèces différentes avaient été équipés d’un système GPS. Donc quand le confinement est tombé début 2020, ils n’ont eu qu’à observer et récupérer les données de leurs indics’ à 4 pattes. « C’était très varié, ça allait des pumas en Amérique, aux éléphants et girafes de différents pays en Afrique. Il y avait aussi des espèces européennes, des bouquetins en France, des chevreuils en Italie, des ours... »

Les chercheurs se sont concentrés sur deux aspects : la distance parcourue lors des déplacements, et la distance à laquelle ils se mettaient des routes. Et les résultats sont clairs et nets :"Sur une période de 10 jours, les animaux parcouraient des distances plus longues, 73% plus longues en moyenne.”

Cela particulièrement dans les pays où le confinement était strict, comme chez nous. Et pour la distance vis-à-vis de la route, on est à 36% avec des variations, c’est une moyenne. Chiffres comparés à ceux de l’année précédente, 2019, qui montrent donc un impact clair de l’arrêt de toutes nos activités sur la vie sauvage, en tout cas particulièrement dans les zones les plus urbanisées : « Beaucoup d’animaux voient les humains comme un risque. Et il semble que dès qu’on a disparu du paysage, les animaux ont pu partir explorer et se déplacer dans des zones auxquelles ils n’allaient pas avant. On a été assez surpris de ces résultats, surtout que la période étudiée était très courte, comparée à la durée de vie des animaux. Certains ont modifié leur comportement en à peine quelques semaines ou quelques mois. Et on a aussi trouvé ça très positif, et encourageant, que les animaux aient cette capacité de modifier et adapter leur comportement en fonction de nous. »

D’ailleurs a contrario dans des pays comme la Suède ou les Pays-Bas, où la population était encouragée à prendre l’air et se promener, les déplacements des animaux dans les zones naturelles se sont réduits !

Les chercheurs voudraient maintenant zoomer sur toutes ces données, car il y a des différences suivant les espèces, et comprendre pourquoi certains animaux craignent moins les humains que d’autres. Une grande synthèse est aussi en préparation avec d’autres études qui portent, elles, sur les oiseaux et les animaux marins, car pour eux aussi il y a eu des conséquences. Mais dans tous les cas, ces résultats confirment “que nous pourrions faire quelques changements dans nos comportements à nous, pour minimiser nos impacts. On pourrait par exemple changer la période et la quantité de trafic dans certaines zones à certains moments de l’année.”

Elle ne dit pas d’empêcher les gens de conduire, mais par exemple dans les parcs nationaux ou les zones de migrations, mettre peut-être des restrictions sur les déplacements, soit la journée soit le soir, éviter des zones pendant la reproduction. De façon à donner un peu d’espace aux animaux pour faire ce qu’ils ont à faire et ensuite on revient… Les routes sont un gros enjeu, elles agissent comme des barrières, l’étude le montre aussi. Mais l’équipe internationale de chercheurs est bien consciente que ça ne suffira pas : « On a un impact sur les animaux, juste avec la façon dont on modifie leurs habitats, avec l’agriculture, la déforestation, etc. Donc quand on doit penser à réduire cet impact, on doit penser à notre comportement mais aussi à l’aménagement des territoires. Parce qu’on doit maintenir cette connexion entre les zones naturelles, la trame verte pour que les animaux puissent continuent à se déplacer et à vivre tout simplement. »

D’ailleurs est-ce que le confinement leur a permis de se reproduire davantage, pas de réponse globale, mais là aussi les chercheurs vont se pencher dessus.

Camille Crosnier

 

 

 

 

 

 

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Publié dans Animaux

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Z
Etude intéressante , si seulement elle avait un peu d'impact sur l'aménagement des territoires ! Hélas , j'en doute ! <br /> Amitiés Jean-Louis.
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B
Une étude intéressante...<br /> Merci Jean-Louis pour ce partage<br /> Bon début de semaine
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