Voici pourquoi il faut prendre le temps d’écouter le chant des oiseaux

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Courante chez nos aïeux, cette pratique est en train de se perdre. C'est pourtant un cadeau de la nature. A redécouvrir d'urgence !

Fauvette babillarde (Curruca curruca). Photo : Jean-Louis Schmitt (Cliquez pour agrandir)

Diminution du stress, moindre sensibilité à la douleur, amélioration de la mémoire, augmentation des défenses immunitaires… écouter les oiseaux serait, d'après les scientifiques, un véritable élixir de jouvence ! Pour Jean Boucault et Johnny Rasse, c'est d'abord une vocation.

‘’Chanteurs d'oiseaux’’ (Les Arènes) raconte l'histoire d'une rivalité stimulante entre deux enfants passionnés de la baie de Somme qui aujourd'hui forment un duo professionnel inséparable. « A 11 ans, j'avais appris à “crier” comme le goéland argenté, mais je rêvais d'apprendre à siffler comme les oiseaux, se souvient Jean Boucault. Alors je me suis rapproché du père de Johnny, berger, qui était en contact permanent avec eux. C'est à cet âge-là que j'ai gagné le premier prix de la catégorie des moins de 16 ans au concours de chants d'oiseaux du Festival de l'oiseau et de la nature d'Abbeville. » De deux ans son cadet, Johnny Rasse assiste en secret à l'initiation du « fils du pharmacien » : « Quel est cet intrus qui est en train de me piquer mon papa, me suis-je demandé, avant de m'essayer au chant du merle, le plus complexe qui soit, le plus respecté par mon père. J'ai pris ma revanche des années plus tard en étant sacré champion d'Europe d'imitation de chants d'oiseaux ! » Accompagnés par des orchestres de musique classique, de jazz ou de pop française, les deux hommes-oiseaux se produisent aujourd'hui sur les plus grandes scènes* du monde entier !

Ouvrez vos oreilles... et vos yeux

Pour commencer, prenez l'habitude de vous poser dix minutes dans votre jardin ou dans un parc. Le printemps est la saison idéale pour écouter les oiseaux, même si certains, comme les rouges-gorges, reprennent leurs vocalises dès octobre, et que les mésanges et les grives peuvent être actives sur le plan sonore dès janvier. Immergez-vous, les yeux fermés, dans le paysage sonore. D'aucuns sifflent, d'autres s'expriment à l'aide de percussions (pics) ou crient… Essayez de distinguer le chant d'un individu en particulier. Quel est son timbre, son rythme ? Chante-t-il fort ou bien doucement pour communiquer avec l'un de ses congénères ? Est-il monosyllabique ou dissyllabique ? Fait-il des vocalises ? Le lendemain, essayez de le retrouver. Si un chant vous séduit, résistez à la tentation de le « shazamer » à l'aide d'une application. Investissez plutôt dans une paire de jumelles pour observer l'oiseau sans le déranger : forme, comportement… Une fois imprégné du son et de l'image, vous pourrez l'enregistrer sur votre téléphone en consultant un forum de reconnaissance de chants d'oiseaux, comme Xeno Canto. Et, pourquoi pas, essayer de l'imiter pour entrer en connexion avec lui… sans vous juger !

Patrimoine naturel en danger

Seulement voilà, une étude récente a montré qu'à cause de l'activité humaine, les chants d'oiseaux pourraient être amenés à disparaître dans un futur proche. Selon le dernier rapport publié par l'ONG BirdLife International, plus de la moitié des 11 000 espèces répertoriées sur Terre sont actuellement en déclin. « Nous avons été les témoins d'une cartographie sonore d'une richesse incroyable, confient les deux chanteurs. Ce trésor doit être partagé. C'est magnifique de pouvoir faire entendre les courlis cendrés de la baie de Somme à des Japonais ou à des Péruviens ! Notre rêve, c'est de fonder une école afin de transmettre nos connaissances aux plus jeunes. Plutôt que d'insister sur la disparition de certaines espèces, comme l'alouette des champs, mieux vaut expliquer combien les oiseaux sont inspirants pour les humains, importants pour la biodiversité… et donc pour notre survie ! »

Valérie Josselin

Prodiges sonores

« L'homme a toujours vécu bercé par le chant des oiseaux, rappelle Jean Boucault. C'est sa musique naturelle depuis deux millions d'années. A cause de son rythme de vie et des bruits motorisés qui peuplent désormais son environnement, il a tendance à l'oublier. Et pourtant, c'est fou tout ce qu'ils nous apprennent, rien qu'en les écoutants ! Leur chant n'est pas seulement stupéfiant de beauté, il est utile pour annoncer les saisons ou le temps qui change, comprendre ce qu'il se passe autour de nous et nous rap­peler que nous faisons partie d'un tout. » Pour l'audio naturaliste Marc Namblard, auteur d'A l'écoute du vivant (Bayard), « les sons que les oiseaux émettent jouent un rôle capital : ils leur permettent de se présenter, de se retrouver, de se défendre, d'indiquer une source de nourriture, de se séduire ou de marquer un territoire en vue de se reproduire ». Aucun de leurs chants n'échappe aux oreilles de cet expert, et surtout à ses enregistreurs et à ses micros. « Les oiseaux disposent dans leur thorax, juste au-dessus des poumons, d'un organe très complexe, la syrinx, qui peut produire une variété de sons incroyables à une vitesse phénoménale. Le chant du troglodyte mignon, qui ne pèse que quelques grammes, émet, par exemple, une mélodie énergétique rassemblant plus d'une soixantaine de motifs ! Chaque individu possède une identité sonore propre. Je pourrais passer ma vie à n'enregistrer que des pinsons des arbres, je n'obtiendrais jamais deux fois le même document sonore. »

 

 

 

 

 

 

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D
Ils sont d'ici; enfin pas loin: de notre magnifique baie de Somme à la lumière exceptionnelle ! Mais je crois que désormais tout le monde les connaît...on aimerait suivre leurs conseils et s'imprégner du chant des oiseaux, mais en ville ce n'est guère varié; le merle, les pépiements des moineaux (hélas guettés par le chat), qq roucoulements : bisets surtout, palombes parfois, tourterelles rarement ; un petit pit pit de mésange en hiver; la grive musicienne ne vient plus; des pinsons en ville mais pas chez nous . Souhaitons que ces passionnés puissent transmettre largement et ainsi influer sur la protection des oiseaux !
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Z
J'aime les écouter . Mais c'est évident qu'ils sont , hélas, moins nombreux! <br /> trés bel aricle que je partage . Merci Jean-Louis!
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B
Superbe article !<br /> Je prends le temps de les écouter. Notamment hier soir dans mon cèdre.<br /> Que du bonheur !
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