Exprimez-vous contre l'abattage de 4 loups supplémentaires !
La Ministre de l’Écologie consulte les citoyens sur 2 projets d’arrêtés autorisant chacun et successivement, le sacrifice de 2 loups supplémentaires pour la période 2016-2017. La Ministre espère porter ainsi le « plafond » de destruction de 36 à 40 individus.
Il est important de vous exprimer en envoyant votre avis via le formulaire proposé sur ce site internet (cliquer sur « Déposer votre commentaire » en bas de la page).
La consultation est ouverte jusqu'au 21 février 2017.
Conseils pour votre participation :
- Vous pouvez exprimer votre opinion en vous inspirant des éléments succinctement évoqués par l’ASPAS, mais un point de vue personnalisé aura plus de poids que plusieurs avis reprenant le même modèle, au mot près.
- Les synthèses des observations du public des consultations précédentes montrent que le ministère tente d’opposer le monde urbain au monde rural. Les opposants au loup seraient des ruraux, tandis que ses défenseurs seraient des urbains… Si vous êtes éleveur ou agriculteur, ou issu du monde rural, précisez-le ! De même, si vous résidez dans une zone de présence du loup, ou simplement en zone rurale, n’hésitez pas à le mentionner !
- Notre opinion ne semble guère importer au gouvernement, mais notre poids électoral oui… Vous pouvez également mettre ceci en avant !
- Les injures ou les grossièretés ne faisant pas avancer les choses, nous recommandons vivement à tous de mettre le point fort sur des arguments solides.
La position de l’ASPAS
L’ASPAS est défavorable à ces projets d’arrêtés qui ne permettront pas de faire baisser les dégâts attribués au loup, et mettent en péril le bon état de conservation de cette espèce strictement protégée en France, en contradiction avec nos engagements internationaux. En effet :
Le projet porte atteinte au bon état de conservation des populations de loups.
Les effectifs de loups en France sont encore faibles. Estimés à 301 au début de l’année 2014, ils n’étaient plus que 282 au début de l’année 2015. En 2016 la population, estimée à 292 loups, reste inférieure à celle de 2014. L’espèce est considérée comme « vulnérable » sur la « Liste rouge des espèces menacées en France », tant qu’elle compte moins de 1 000 individus « matures » (confrontée à un risque élevé d’extinction à l’état sauvage). Le « bon état de conservation » de l’espèce est donc encore loin d’être garanti.
Pour la saison 2016-2017 (juillet 2016 - juin 2017), le ministère a autorisé le tir de 36 loups. En 5 mois, 33 loups ont rapidement été abattus, et 6 autres ont été retrouvés morts dont 5 par collision routière ou ferroviaire, et un de cause aujourd’hui encore inconnue. Ce sont donc 39 loups qui sont morts à ce jour, dont 38 du fait de l’Homme.
Les projets d’arrêtés envisagent la possibilité d’abattre encore 4 loups supplémentaires, dès lors que le plafond de 36 aura été atteint. Le « plafond » serait donc porté à 40, mais en fait, ce seront bien 45 loups qui seraient tués du fait de l’Homme (en comptant les 5 morts par collision). Le risque de décroissance -déjà très élevé- annoncé par le ministère pour 40 loups abattus, serait donc supérieur à 43 %, puisque le nombre de loups morts de façon non naturelle serait dans les faits porté à 45.
Risquant fortement d’entraîner une baisse de la population, ce projet d’arrêté est contraire aux dispositions de la Convention de Berne et de la Directive « Habitats », ratifiées par la France, et par lesquelles elle s’engage à garantir le maintien des populations de loups dans un état de conservation favorable sur l’ensemble de son aire de répartition naturelle.
Le projet n’établit pas en quoi le tir de 4 loups supplémentaires permettrait de faire cesser, ni même baisser les dommages attribués aux loups.
Même si le plafond de 36 loups était atteint, les tirs d’effarouchement non létaux restent possibles sans formalité administrative. Les projets d’arrêtés ne répondent donc à aucune nécessité absolue en terme de protection des troupeaux. En effet, il n’existe à ce jour aucune étude scientifique démontrant que ces abattages permettent de réduire les dommages attribués aux loups, et soient plus efficaces que l’effarouchement. En revanche l’inverse est confirmé par une étude récente (revue Frontiers in Ecology and the Environment) qui démontre que l’abattage des grands prédateurs fait augmenter ou reste sans effet sur le nombre d’attaques du bétail dans plus de 70% des cas
Qui a peur du grand méchant loup ?
Jean-Michel Bertrand est en tournée avec son film « La vallée des loups ». Samedi dernier, au cinéma de la Bouilloire à Marckolsheim, il a réveillé l’appétit d’évasion des spectateurs.
Baroudeur à la voix rauque, Jean-Michel Bertrand anima le débat sur son film et le loup pendant près d’une heure après la projection. Photo : DNA
Comment faire entrer 160 personnes dans une salle de cinéma de 150 places ? Il faut y enfermer un loup. Que tout le monde se rassure, c’est en toute sécurité qu’a eu lieu la diffusion du film « La vallée des loups » en présence de Jean-Michel Bertrand, samedi après-midi à la Bouilloire ; et personne n’a été mordu.
Quoique, les 160 heureux spectateurs présents (il a fallu refuser du monde) ont été mordus par le rêve d’enfant du réalisateur et après la projection, le débat aurait pu se prolonger toute la nuit.
Le film retrace la quête d’images et le pari un peu fou de Jean-Michel Bertrand de voir dans ‘‘sa’’ vallée, quelque part dans les Alpes, le loup qui, dit-on, se serait réinstallé en toute discrétion, il y a 25 ans, venant d’Italie.
Du film documentaire, idée d’origine du projet, doucement au fil des trois années passées à bivouaquer par monts et par vaux, du printemps à l’hiver, le film s’écrit et devient une histoire vraie, une quête d’images et d’émotions, l’histoire de Jean-Michel Bertrand qui met en scène sa rencontre avec les loups.
Des images magnifiques, une écriture photographique puissante et parlante par un professionnel de l’image, passionné par la vallée où il a grandi et où il a déjà réalisé un premier film sur l’aigle royal (« Vertige d’une rencontre »), donnent un film d’une trop rare beauté réelle et d’une profonde humanité.
Tensions
La rencontre avec le loup, puis avec la famille loup et l’approche respectueuse et tendrement amoureuse, curieuse et réciproque entre l’animal et l’homme apportent de l’intimité avec le mythique prédateur, tout en posant les questions par rapport à cette intimité avec une bête sauvage, qui doit le rester.
Salué par une salve d’applaudissements, le film a laissé place au jeu des questions-réponses entre le réalisateur et le public. Le questionnement porta dans un premier temps sur la meute filmée par Jean-Michel Bertrand et sur son devenir, avant de se porter sur le loup et son traitement en France.
Sur la convention de Berne, ratifiée en 1979 par l’Europe et qui a pour objet « d’assurer la conservation de la flore et de la faune sauvages notamment des espèces et des habitats dont la conservation nécessite la coopération de plusieurs Etats », tout en autorisant un abattage de 36 loups dans l’Hexagone en raison de la présence même de l’animal et des tensions qui en résultent.
Un jeune éleveur des Vosges du Nord souligna sa surprise sur le silence du législateur par rapport à la dispersion du loup et du problème des coûts de la protection des troupeaux. Un problème qui pour Jean-Michel Bertrand correspond bien à la France où la moitié des habitants se lèvent pour ennuyer l’autre moitié.
Le loup craint l’homme, une relation de respect, de prévention doit être mise en place et la cohabitation naturelle s’impose, selon le réalisateur.
M. K. (02/02/2017)