Chasser le renard ? Pas très rusé !
Après l’autorisation des tirs nocturnes en Meurthe et Meurthe et Moselle, des scientifiques corroborent les affirmations des associations de protection des animaux : non, le renard roux n’est pas un danger pour l’agriculture. Pas plus qu’il ne représente un risque sanitaire.
Partout en France, la chasse au renard, en tant qu’animal nuisible, est autorisée mais dans le Grand Est, elle est plus que jamais d’actualité !
En septembre 2016, le préfet de Moselle autorisait les tirs de nuit sur les renards roux de 170 communes. Idem début janvier, en Meurthe et Moselle, à la demande des chasseurs. Évidemment, les associations de défense des animaux locales sont parties en guerre contre ces arrêtés.
D’abord, parce que cela tombe sous le sens, si la chasse est dangereuse le jour, alors qu’en est-il de la chasse de nuit ? On a déjà peur de se promener le dimanche à la campagne, va-t-il falloir trembler quand on rentre d’un diner ?
Et puis parce que classer le renard dans les espèces nuisibles, est stupide et preuve de notre méconnaissance de la nature car le renard est un ami indispensable des agriculteurs. Il mange principalement des campagnols qui abîment les cultures.
Donc, laissons-le nettoyer les campagnes plutôt que d’utiliser des produits toxiques qui empoisonnent les campagnols mais aussi les rapaces, les petits carnivores et les animaux domestiques.
On l’accuse aussi de chasser le gibier et donc de concurrencer les chasseurs !
En oubliant de préciser que les renards en tuent très peu et surtout qu’il s’agit de faisans d’élevage, relâchés en masse par les chasseurs comme ils l’ont fait dans les années 70 avec les cochons-sangliers qui nous envahissent aujourd’hui.
Ces dernières années, 9 000 faisans d’élevage, originaires d’Asie ont ainsi été lâchés en Moselle sur un territoire de 10 000 ha. Mais la mainmise des chasseurs n’est pas nouvelle en France, ce qui l’est c’est que les scientifiques se mêlent au débat et osent les contredire. Le Conseil scientifique Régional du Patrimoine Naturel du Grand Est a ainsi validé les assertions des associations sur tous ces points.
Il a même nié cette fausse affirmation selon laquelle les renards représenteraient un risque sanitaire pour l’homme en propageant une maladie parasitaire, l’échinococcose alvéolaire. Ils n’en sont pas plus responsables que les chiens et les chats.
Le CSRPN note dans son rapport « l’aberration et le non-sens écologique que représente l’autorisation des destructions du renard roux par tirs de nuit, ainsi que les conséquences potentielles sur les activités agricoles et les risques sanitaires induits ». Le Conseil se dit même choqué que l’on n’écoute ni les scientifiques ni les résultats des 600 consultations publiques, toutes en défaveur de l’arrêté.
Les scientifiques se heurtent à une caractéristique française : le pouvoir total et irresponsable des chasseurs !
Yolaine de la Bigne (Sud Radio) 25 janvier 2017
Écoutez Yolaine de la Bigne derrière le micro de Sud Radio ! Retrouvez-la chaque matin à 6h10 et 7h22 du lundi au vendredi, dans « Quelle époque éthique »
88888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888
Quatre renards relâchés dans la base aérienne de Beauvechain pour endiguer la prolifération des lapins
De jeunes renards viennent d’être remis en liberté à la base aérienne de Beauvechain. L’idée peut paraître insolite mais il s’agit de lutter écologiquement contre la prolifération des lapins dans une zone inoccupée du site. Un lieu où ils ont tendance à créer des dégâts dans les cultures agricoles voisines…
Non, le 1 er Wing de Beauvechain n’a pas changé de mascotte. Malgré le décès du dernier loup hébergé au sein de la base aérienne en novembre 2015, le blason de l’unité arbore toujours son célèbre canidé. Mais si on parle aujourd’hui de renards, c’est parce que quatre d’entre eux ont rejoint la base aérienne dans le courant de la semaine dernière.
Ils seront chargés d’aider les militaires à réguler la population invasive de lapins. « On a une problématique de dégâts liée à leur présence massive dans une ancienne zone de la base qui servait de dépôt pour les munitions. Il s’agit d’un petit haricot laissé à l’état naturel au milieu des cultures brabançonnes. Les lapins s’y trouvent bien au calme mais le souci provient du fait qu’ils n’y restent pas en permanence. Ils quittent souvent la base pour se rassasier dans les champs agricoles voisins, au grand dam des agriculteurs qui s’en plaignent », détaille le commandant Isabelle Morsa.
C’est en discutant avec Bernard Daune, le président de L’Arche située à Bousval, que l’idée d’introduire des renards a émergé. « Cet animal reste le meilleur prédateur du lapin au final, souligne Isabelle Morsa. En accord avec les différentes autorités, nous avons donc relâché quatre jeunes qui avaient séjourné au refuge dans le cadre de leur convalescence. On a privilégié cette option plus écologique que la chasse proprement dite. Dans un premier temps, nous avions d’ailleurs pensé à mettre cette zone en concession. Mais appeler les chasseurs en renfort sera la solution ultime. »
La Capitale/A.V. (26 janvier 2017)