La FNSEA multiplie les actions musclées
Y aurait-il en France une organisation autorisée à saccager les bâtiments publics, à agresser les forces de l’ordre et à intimider physiquement ses opposants, sans que personne ne réagisse ?
C’est la question qu’on peut se poser en observant les nombreuses opérations coup de poing organisées ces dernières semaines par la FNSEA, le principal syndicat agricole. À Dijon, ses membres ont déversé du fumier et des déchets sur le Conseil de Région, et ont tagué des inscriptions visant les élus. Pareil à Rennes, où le conseil de région a été visé. À Brest, c’est la sous-préfecture qui a été prise pour cible. À Châteauroux, du lisier a été déversé sur plusieurs bâtiments de l’État. À Cahors, les manifestants ont carrément muré les locaux d’un service de la préfecture et à Saint-Brieuc, certains agriculteurs masqués s’en sont pris directement aux forces de l’ordre, en leur lançant des œufs.
Il y a quelques mois, c’est à La Rochelle que des agriculteurs rassemblés à l’appel de la FNSEA attaquaient le domicile privé du représentant d’une association écologiste, en jetant des pierres sur la maison, en déversant des pneus dans son jardin, en tagguant son mur et en insultant sa femme, présente à ce moment-là.
Je vous laisse imaginer ce qu’il se serait passé si ces coûteuses dégradations et ces actes violents avaient été commis par des militants écolos. D’énormes moyens policiers auraient été déployés pour arrêter les responsables et la classe politique aurait légitimement condamné ces agissements. Marc Fesneau, le ministre de l’agriculture, se serait empressé de publier un communiqué pour condamner les « éco-terroristes », comme il l’a déjà fait par le passé.
Mais là, étrangement, quand ça concerne la FNSEA, silence radio !
Ni vague d’arrestations massive, ni polémique médiatique, ni communiqué indigné de Marc Fesneau. Il a fallu qu’Ali Baddou interroge le ministre sur notre antenne pour qu’il lâche du bout des lèvres qu’il condamnait toutes les violences. Bref, les adhérents de la FNSEA sont traités avec beaucoup de bienveillance…
Ce que la FNSEA revendique : moins de contrôles, moins de normes, moins de contraintes pour utiliser les pesticides. En résumé : laissez-nous faire ce qu’on veut !
Le pire, c’est que ça fonctionne de saccager des préfectures. Sous pression, la Première ministre Elisabeth Borne a décidé de renoncer à la hausse d’une taxe sur la vente de pesticides et d’une redevance sur l’irrigation, initialement prévues dans le budget 2024. Alors on peut comprendre les souffrances de certains agriculteurs, pris au piège d’un système industriel qui détruit la nature sans pour autant les rendre moins pauvres. Mais il est déplorable que cette détresse soit utilisée par un syndicat qui fait la loi en utilisant la violence.
Surtout que la FNSEA, qui prétend défendre les intérêts des agriculteurs, défend surtout les intérêts de l’agro-chimie et de l’agro-industrie. Ce syndicat est d’ailleurs dirigé par Arnaud Rousseau. Ce n’est pas un paysan mais un industriel. Il gère une immense exploitation de 700 hectares et il préside surtout le groupe Avril, un géant de l’agro-alimentaire, dont le chiffre d’affaire s’élevait en 2022 à 9 milliards d’euros.
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