Méfions-nous des discours des ministres avec des cols roulés

Publié le par Jean-Louis Schmitt

René Revol, professeur de sciences économiques et sociales, est également maire de sa commune : Grabels dans l’Hérault. M. Revol est intervenu lors du conseil métropolitain de Montpellier avec cette allocution qui change un peu de ce que les médias nous servent habituellement !

« Je voudrais d'abord faire une petite remarque : méfiez-vous du discours sur la sobriété. Méfiez-vous. Parce que la sobriété, il y en a qui la vivent aujourd'hui et depuis longtemps. Quand on est dans une ville où il y a un habitant sur quatre, dans une métropole où il y en a un sur six, dans une ville comme la mienne, où il y en a un sur cinq qui sont en dessous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire en dessous de 1 000 €, la sobriété dans tous les domaines et dans l'énergétique, elle existe depuis longtemps. Donc méfions-nous des discours des ministres avec des cols roulés qui jouent leur Marie-Antoinette en disant aux gens qu'il faut qu'ils chauffent moins. Parce qu'il y a longtemps qu'ils chauffent moins.

« L'indice des prix intègre des choses que les gens ne consomment pas »

On est confronté à une population aujourd'hui qui se demande, à nouveau, comme au Moyen Âge : est-ce qu'on va passer l'hiver ? » « Donc il faut faire attention. Nous allons appliquer la sobriété écologique et solidaire, et il faut la présenter comme telle. C'est-à-dire que, pendant cet hiver, il faut se battre dans nos communes, là où nous sommes, partout, dans tous les collectifs auxquels on participe, qu'il n'y ait personne qui puisse se retrouver sans chauffage, qui doit arbitrer entre manger et se chauffer. Manger, oui. La hausse des prix alimentaires dans les supermarchés est de 10,6 % en un an et non pas de 6 %.

Parce que l'indice des prix, il intègre des choses que les gens ne consomment pas. En tout cas les milieux populaires. Et donc aujourd'hui, le bouclier tarifaire est lui-même au-dessus du prix de l'électricité que l'on payait il y a deux ans et il va augmenter en janvier de 15 %. Et 15 % dans les petits revenus, c'est beaucoup, cette augmentation. Donc aujourd'hui, il n'y a pas de bouclier alimentaire ou très peu, et ils le subissent de plein fouet. Alors moi je le dis parce que depuis la rentrée, depuis le 1er septembre, on voit arriver dans nos permanences, dans notre activité, dans les CCAS, des gens qui se demandent comment ils vont joindre les deux bouts. »

« Ils revendent cette électricité sur le marché dix fois plus cher pour s'en mettre plein les poches »

La centrale hydroélectrique qui est le long du Rhône, eh bien, elle produit une électricité dont le coût moyen est de 25 € le MWh. Le nucléaire, le photovoltaïque, tout ça, c'est autour de 50-52 € - 55-60 € le MWh. D'accord ? Et à combien se négocie le MWh sur le marché ? Au minimum à 300 €. Donc cela signifie que c'est bien supérieur au coût. Et ils sont obligés. En même temps, d'ailleurs, l'opérateur historique est obligé de vendre à 42 € l'électricité à des revendeurs qui, eux, le revendent sur le marché dix fois plus cher pour s'en mettre plein les poches, alors qu'ils ne produisent pas un seul mégawatt. Ils n'en produisent pas un seul, ils ne font que le négocier. Donc la libéralisation du marché, elle peut être mise en cause. »

René Revol (04.10.2022)

 

 

 

 

 

 

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Publié dans Point de vue, Solidarité

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D
Déjà le terme sobriété, emprunté à Pierre Rabhi, pourrait convenir mieux que "fin de l'abondance " employé en premier lieu par le président, nulle intention de le dédouaner, on sait tout le mal que je penserais de lui s'il en valait la peine. En effet l'abondance n'était pas pour tous dans le monde et dans notre pays ; j'ai cru quand même qu'il voulait alors dire stop à la société de consommation . Il s'avère que non ! Sobriété est mieux dans l'acception de vivre autrement, de cesser la surconsommation et la mondialisation toutes deux destructrices .. Mais ce maire a raison en ce sens que l'abondance,( et l'envie de consommer toujours plus créée par les sociétés occidentales) n'est pas partagée, on aurait pu accepter ce terme si le président avait bien précisé l'abondance pour certains qui l'ont pratiquée au détriment d'autres . Oui ce maire a mille fois raison de parler des démunis, de plus en plus nombreux, dans l'immédiat il faut penser à eux les laissés pour compte de l'abondance et vite établir des règles pour les protéger, mais à moyen terme il faut sortir de ce système de surconsommation, d'individualisme, d'oubli total de la solidarité la plus élémentaire . Changer les mentalités !
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B
Merci à monsieur René Revol !<br /> J'ai fait des courses ce matin, c'est la grande valse des étiquettes !! Des augmentations de 20, 30, 40, 50 centimes d'une semaine sur l'autre pour des articles habituels. J'ai gardé mes tickets de caisse depuis février dernier. C'est faramineux. Et je suis bien d'accord : "La hausse des prix alimentaires dans les supermarchés est de 10,6 % en un an et non pas de 6 %"...<br /> Nous sommes mal barrés...
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Z
Trés intéressant à savoir . Merci à ce maire et à toi.
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J
On ne nous dit pas tout! Les médias s’autocensurent, le pouvoir nous méprise et comme le dit très bien ce maire, surtout les plus démunis, pendant que l’on goinfre d’autres avec des milliards d’euros. Tout cela ne pourra mener qu’à la violence !
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