Journal du couvre-feu/J 97 ‘’Tout quitter pour changer de vie, devenir nonne bouddhiste… et créer un refuge pour animaux sauvés de l’abattoir ou maltraités’’

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Isabelle et Sabrina, âgées de 60 et 33 ans, ont rejoint au printemps 2020 la ferme Kibo, ce refuge dédié aux animaux installé à proximité du temple bouddhiste. Les deux femmes ont complètement changé de vie, et ont concrétisé leur engagement… en devenant nonnes.

Isabelle a quitté son ancienne vie voilà un an, et a embarqué sa chienne Angie et son chat Padou pour s’installer à la ferme Kibo. Photo : Élise Baumann (Cliquez pour agrandir)

Isabelle a quitté son ancienne vie voilà un an, et a embarqué sa chienne Angie et son chat Padou pour s’installer à la ferme Kibo. Photo : Élise Baumann (Cliquez pour agrandir)

Le lieu est un peu à l’écart du village, sous les ombres reposantes de la forêt des Vosges du Nord, autour de Weiterswiller. Au bout d’une rue étroite, le temple bouddhiste, fondé il y a plus de 20 ans (DNA du 30 mai 2019), est gardé par un grand dragon de pierre. Un peu plus loin encore, nous débouchons sur une clairière occupée par un grand manège, vestige d’un ancien élevage de chevaux islandais. C’est ici, dans ce décor sylvestre, reposant et paisible, agrémenté du chant des oiseaux, que vivent, depuis un an, Sabrina et Isabelle. Les deux femmes, âgées de 33 et 60 ans, ont élu domicile dans une aile de cet ancien élevage, dans la partie « gîte d’été » qui servait à accueillir des visiteurs pour quelques semaines. Les anciens propriétaires, un couple d’Allemands, vivent encore sur place, dans un chalet juste à côté. Ils côtoient désormais une communauté d’un genre un peu particulier, dans ce qui se nomme, depuis l’été 2020, la ferme Kibo (DNA du 6 juillet 2020), un lieu fondé par la nonne bouddhiste Kankyo Tannier.

Bricoleuse dans l’âme, Isabelle a mis ses compétences au service du refuge. Elle participe chaque jour à des "samous", des périodes de travail bénévole pour la collectivité. Photo : Élise Baumann (Cliquez pour agrandir)

Bricoleuse dans l’âme, Isabelle a mis ses compétences au service du refuge. Elle participe chaque jour à des "samous", des périodes de travail bénévole pour la collectivité. Photo : Élise Baumann (Cliquez pour agrandir)

La cérémonie d’ordination, « un moment magique »

C’est ce projet de refuge pour animaux qui a convaincu Sabrina et Isabelle de quitter leur ancienne vie, et de s’installer dans une partie du bâtiment aménagé en chambres au confort sommaire mais agréable. Les deux femmes suivent également les enseignements religieux et spirituels du temple bouddhiste, au point d’avoir été ordonnées nonnes en janvier 2021, lors de la « cérémonie de Takudo ». « C’était un instant magique », sourit Isabelle en se remémorant ce moment. Arrivée en février 2020, après avoir rencontré Kankyo Tannier au temple de La Gendronnière, dans le département du Loire-et-Cher, cette ancienne secrétaire médicale, originaire du centre de la France, s’est tournée vers la méditation « après une période pas facile », marquée par un divorce. Elle prend connaissance du projet de Kankyo Tannier et entend parler de cette ferme Kibo. « Ça a fait tilt », explique-t-elle. Elle se rend sur place en janvier 2020… et n’en repartira plus. Après avoir embarqué son chien Angie, son chat Padou, et quelques affaires, elle a élu domicile dans ce lieu à l’abri du monde.

À 60 ans, Isabelle a fait le choix d’une vie plus sobre, plus simple, plus cadrée aussi, au sein de la ferme Kibo. Photo : Élise Baumann (Cliquez pour agrandir)

À 60 ans, Isabelle a fait le choix d’une vie plus sobre, plus simple, plus cadrée aussi, au sein de la ferme Kibo. Photo : Élise Baumann (Cliquez pour agrandir)

Depuis, elle a mis ses compétences en bricolage au service de la communauté : « Il fallait aménager les chambres, remettre du parquet, faire l’isolation en prévision de l’hiver… », énumère-t-elle. Elle est aidée par les autres pensionnaires de la ferme Kibo et par des bénévoles venus de l’extérieur. En parallèle, Isabelle approfondit sa connaissance de la spiritualité bouddhiste. « C’est le côté partage et bienveillance envers les humains et les animaux qui m’a plu », affirme-t-elle. Elle médite plusieurs fois par jour (en tailleur, selon la tradition zazen), a été formée par l’abbé Reigen Wang-Genh, et participe quotidiennement aux samou, ces temps de travail bénévole au service du groupe. Depuis le 21 janvier, elle est officiellement nonne.

Isabelle et Sabrina ont été ordonnées nonnes en janvier, lors de la cérémonie dite "de Takudo". Les mois qui ont précédé cette cérémonie, elles avaient suivi un apprentissage spirituel au temple bouddhiste de Weiterswiller. Document remis (Cliquez pour agrandir)

Isabelle et Sabrina ont été ordonnées nonnes en janvier, lors de la cérémonie dite "de Takudo". Les mois qui ont précédé cette cérémonie, elles avaient suivi un apprentissage spirituel au temple bouddhiste de Weiterswiller. Document remis (Cliquez pour agrandir)

L’engagement spirituel au sein du bouddhisme, une « évidence » pour les deux femmes

Sabrina, sa consœur, a un parcours de vie complètement différent : originaire de Franche-Comté, la jeune femme part un an en Australie, devient assistante funéraire à son retour en France, s’intéresse aux médecines alternatives. Attirée par le bouddhisme « depuis l’adolescence », elle a une véritable « révélation » quand elle part une semaine dans un temple bouddhiste situé dans les Hautes-Alpes. « C’était vraiment l’endroit où je devais être », explique-t-elle. Elle prend connaissance du projet de Kankyo Tannier de créer le refuge de Kibo, décide d’y passer une semaine en mars 2020. Elle non plus n’en partira plus. La cérémonie d’ordination, elle l’a vécue « comme une renaissance ». « C’était l’un des plus beaux jours de ma vie », sourit-elle.

 La ferme Kibo fonctionne au quotidien avec Kankyo Tannier (premier plan) et les bénévoles. Notamment Isabelle (à droite) et Sabrina (au milieu). Photo archives Michel Frison (Cliquez pour agrandir)

La ferme Kibo fonctionne au quotidien avec Kankyo Tannier (premier plan) et les bénévoles. Notamment Isabelle (à droite) et Sabrina (au milieu). Photo archives Michel Frison (Cliquez pour agrandir)

« Ma vie, je la vois ici, et nulle part ailleurs »

Sabrina et Isabelle, depuis leur arrivée à la ferme Kibo, ne chôment pas. Les projets ne manquent pas pour le refuge : les deux nonnes qui vivent désormais ici, et Eva, une jeune bénévole Allemande, prévoient de continuer l’aménagement du lieu de cultiver le jardin en permaculture, de poursuivre l’aménagement des dortoirs pour accueillir d’autres bénévoles, voire des personnes comme elles, qui souhaitent poursuivre leur chemin dans la spiritualité et le bouddhisme.

Aujourd’hui, les deux femmes ne se voient pas quitter « le Kibo » : « Ma vie, je la vois ici, et nulle part ailleurs. Il y a encore tout à faire », s’exclame Sabrina, qui rêve d’un lieu accueillant pour les animaux comme pour les êtres humains, un lieu écolo, respectueux de son environnement. Après ces quelques mois passés à Weiterswiller, la jeune femme n’a pas de regret quant à son « ancienne vie » : « Je suis super contente d’avoir vécu tout ce que j’ai vécu. Mais je sais que plus jamais, je ne retournerai à une vie comme ça », explique-t-elle. L’ancienne monitrice d’équitation a finalement trouvé son équilibre, dans le calme et la fraîcheur des forêts des Vosges du Nord.

 

Élise Baumann (06 mars 2021)

 

 

Plusieurs mois de travaux pour continuer à aménager le lieu

Quelques mois après sa fondation, le projet de la ferme Kibo a « bien avancé », se félicite Kankyo Tannier, nonne bouddhiste et fondatrice du lieu. L’ancien élevage de chevaux a été acheté officiellement en août aux anciens propriétaires, un couple d’Allemands qui vit toujours sur le site. Les travaux qui devaient permettre d’accueillir des bénévoles ont été menés, et le gîte a désormais une capacité d’accueil de 15 personnes. « On a réussi à développer un lieu monastique, où les personnes intéressées par la pratique du zazen peuvent séjourner quelque temps, en plus de ceux qui viennent pour faire un peu de bénévolat », souligne Kankyo Tannier. Ces dernières semaines, l’accueil de personnes extérieures pour les retraites a été restreint, COVID oblige. « Nous proposons des ateliers en visioconférence, dont les bénéfices sont réinvestis. Ça fonctionne bien », poursuit-elle.

 

 

 

 

Si vous avez apprécié cette publication,

partagez-là avec vos amis et connaissances !

Si vous souhaitez être informé dès la parution d’un nouvel article,

Abonnez-vous !

C’est simple et, naturellement, gratuit !

 

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
incroyable mais vrai,je peu que le remercier, maitre zokli puissant pratiquant de la magie , il ma ramener mon ex mari qui ma quitté depuis 7mois , il est revenir fou amoureux et nous somme très heureux, jai eu mon resultat en 7jours<br /> vous pouvez l'appeler directement ou l'Ecrire sur whatsapp au 00229 61 79 46 97
Répondre
H
Très bel article qui donne envie de s’installer ailleurs , mais encore faut il être apte à vivre en communauté porter des moon cup . Pas évident à méditer !
Répondre
B
SUPERBE !<br /> 2 nonnes lumineuses.<br /> Belle fin de journée Jean-Louis
Répondre
Z
Comme j'aime cette démarche et la comprends! Leur engagement est lumineux et tellement altruiste ! Je leur souhaite tout le bonheur qu'elles méritent.
Répondre
C
C'est superbe pour ces femmes de s'épanouir ainsi! Ça fait réfléchir... Parfois, je trouve notre monde actuel bien difficile, avec la surconsommation surtout! Je leur lève mon chapeau! Bises et belle journée à vous deux!
Répondre
F
Merci Jean-Louis pour cet article qui réchauffe le cœur. Et tant pis pour ceux qui ne comprennent rien à la spiritualité et voient des sectes partout ! D'ailleurs, encore faudrait-il s'entendre sur le terme lui-même ! Et peut-être que si, justement, nous n'avions pas autant tourné le dos à la spiritualité au profit du matérialisme et du rationalisme, notre monde n'en serait peut-être pas là ! Mais c'est un autre débat.<br /> Un projet autour du Vivant, cela reste beau et motivant. Et il faut une sacrée dose de confiance, de détermination et de courage pour changer de vie comme cela ! Beau dimanche à tous !
Répondre
M
Un beau projet pour les humains comme pour les animaux tout le monde y trouve son compte.
Répondre
J
Qu'importe les motivations de chacun ou de chacune : changer radicalement de vie ce n’est évidemment pas facile et ce n’est assurément pas donné à tout le monde. Ces femmes semblent heureuses ainsi et n’est-ce pas l'essentiel ? Les grincheux vont encore nous parler "secte" là où il n'y a que sérénité, bienveillance et don de soi : le projet de refuge pour animaux sauvés de l’abattoir et/ou maltraités en est un exemple qui ne pouvait me laisser indifférent !
Répondre