Hugo Clément, en toute subjectivité…
Comment parler d’environnement dans un contexte aussi tragique que celui d’aujourd’hui ? Difficile d’enchaîner comme si de rien n’était quand la barbarie humaine anéantit des familles entières. J’ai pensé un instant que c’était trop décalé et qu’il fallait peut-être respecter un temps de silence. Mais finalement, cela voudrait dire que l’écologie est un sujet qui ne peut pas exister quand des actualités fortes nous frappent en plein cœur, et je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose. Alors je vais quand même vous parler d’environnement ce matin.
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D’un projet qui doit voir le jour au Verdon-sur-Mer, en Gironde, où l’entreprise Pure Salmon veut construire un immense élevage de saumons, ou plutôt une usine à saumons, vous allez comprendre.
Le groupe, basé à Abu Dhabi et financée par un fonds de Singapour, souhaite installer des bassins hors-sol réfrigérés sur une superficie avoisinant les huit terrains de football. Cette gigantesque installation devrait produire environ 10 000 tonnes de saumons par an, ce qui correspond grosso modo à 2 millions d’individus. Oui, 2 millions de saumons produit chaque année dans un seul élevage. Ces poissons migrateurs, qui vivent à l’origine entre le Groenland, l’Atlantique et les rivières, seront entassés dans les bassins, avec une densité ahurissante de 70 kilos de poissons par mètre cube d’eau.
Pure Salmon rétorque sans rire que les saumons seront plus à l’aise dans les bassins surpeuplés qu’en pleine mer, car l’eau sera à la température idéale et de meilleure qualité. On atteint là le paroxysme de l’élevage intensif, où les animaux sont produits comme on fabrique des objets. Et c’est sans compter l’impact environnemental.
Pour réfrigérer ses bassins, car les saumons aiment l’eau froide, l’entreprise consommera chaque année plus d’énergie qu’une ville de 10 000 habitants. Et les panneaux solaires installés sur le site ne suffiront pas. Pure Salmon devra aussi pomper d’énormes quantités d’eau salée pour alimenter son usine et rejettera dans la nature 3500 mètres cube d’eau usée chaque jour, après retraitement, à proximité du parc marin de l’estuaire de la Gironde.
Il faudra enfin nourrir ces millions de saumons, qui sont carnivores, avec au moins en partie de la farine animale, fabriquée à partir de poissons sauvages, souvent pêchés dans des pays pauvres, notamment en Afrique de l’Ouest. Les populations locales voient donc les poissons dont ils dépendent pour manger s’évaporer pour être transformés en farine et nourrir les saumons destinés… aux pays riches
Si le site obtient les autorisations environnementales, la production pourrait démarrer fin 2026. Pure Salmon avait déjà tenté de lancer son projet dans le Pas-de-Calais il y a trois ans, mais avait dû reculer face à une difficulté d’accès à l’eau et à une forte opposition citoyenne.
L’entreprise s’est donc reportée sur la Gironde, mais là aussi, de nombreux habitants et élus locaux rejettent l’usine à poissons et une pétition a déjà recueilli plus de 50 000 signatures.
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