A69 : les forces de l’ordre ont gazé femmes et enfants lors d’une conférence scientifique

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Ce weekend, une grande mobilisation a eu lieu pour protester contre l’autoroute A69. Près de 10 000 personnes ont défilé le samedi. Le dimanche, alors qu’une conférence scientifique était en cours à proximité d’une nouvelle ZAD, celle-ci a été prise d’assaut par les forces de l’ordre qui n’ont pas laissé le temps aux familles de partir. Bilan : une trentaine de blessés et neuf personnes interpellées.

 

Après une grande journée de mobilisation réussie le samedi, les citoyens en faveur d’une alternative au projet de l’A69 sont partis se coucher dans le campement général, situé sur un terrain privé prêté par un agriculteur du coin. Vers 4h du matin, un hélicoptère de la gendarmerie avec un énorme projecteur « est passé très très bas au-dessus du campement », réveillant tout le monde dans la panique, de crainte que l’évacuation de la ZAD créée dans vieux corps de ferme à l’abandon la veille commence de nuit. L’engin est ensuite parti, laissant les campeurs stressés et déroutés.

Parmi les opposants au projet de l’autoroute A69, la communauté scientifique est particulièrement inquiète, comme 200 d’entre eux l’ont exprimé dans une lettre publiée au mois de septembre. Aux environs de 12h30, une conférence de l’Atécopol (un collectif scientifique local) a ainsi débuté sur le terrain privé qui jouxtait le corps de ferme qui avait été investi par les manifestants la veille.

« Quelques minutes après le début de la conférence, alors que les scientifiques étaient en train de rappeler l’inadéquation de ce projet face aux trajectoires nécessaires pour respecter l’Accord de Paris, et d’expliciter leur positionnement critique face aux pratiques de compensation écologique sous le bruit croissant d’un hélicoptère de la gendarmerie, les forces de l’ordre ont décidé de donner l’assaut » racontent les scientifiques de l’Atécopol.

« Il y avait plein de sortes de profils dont des parents avec des enfants en bas âge et des bébés, ils ont commencé par lancer une grenade de désencerclement. Thomas Brail était juste devant eux et leur a demandé de ne pas utiliser la force car c’était un moment calme et familial. Il a été poussé et a reçu des coups de matraque de tous les côtés, une énorme contusion au poignet, un coup de matraque au niveau de la jambe droite juste au-dessus du genou, sa batterie externe de téléphone a été complètement explosée par le coup » raconte Olivier, le référent du groupe local GNSA à Lavaur, pour La Relève et La Peste « Les autorités nous ont attaqués avec des lacrymogènes et des coups de matraque alors que nous voulions assister à la conférence des scientifiques. Tout le monde était pacifiste pourtant ! J’ai eu peur ! » confie César, très jeune rappeur de 10 ans venu à l’événement pour donner un concert, sur ses réseaux.

La « cremzad » n’a pas été la seule cible des policiers, ils ont aussi tiré des « quantités impressionnantes » de gaz lacrymogènes sur le terrain privé de l’agriculteur, provoquant de nombreux départs de feux qui auraient pu être dramatiques s’ils n’avaient pas été maîtrisés par les manifestants qui se sont relayés pour les éteindre. L’agriculteur ne pourra plus replanter ses champs cet automne à cause de la contamination au gaz lacrymogène. Il estime qu’environ 10% du site sera impropre à cultiver. Certaines grenades sont tombées dans le jardin d’une mamie de 92 ans qui était toute seule dans sa maison. Les policiers ont interdit aux manifestants de s’en approcher pour l’aider. Elle a finalement pu sortir grâce à l’intervention de sa fille qui a débarqué pour confirmer aux gendarmes que sa mère se trouvait à l’intérieur.

 

« Quand on nous qualifie de « terroristes de l’intérieur », je pense que l’État se met dans une position d’autoritarisme dangereuse. Malgré la répression et les coups bas, on est restés dans une démarche bienveillante. J’ai été impressionné de voir la gentillesse des quelques dizaines de blacks blocks présents. Ils étaient à genoux en train de se couvrir la tête tout en faisant un cordon pour empêcher que les gens soient blessés par les policiers.» détaille Jibon, l’un des écureuils du GNSA, pour La Relève et La Peste.

Alors que les manifestants et les familles ont été copieusement gazés, les locaux de Pierre Fabre, l’entreprise à l’origine du projet, étaient protégés par une « une forteresse » avec des barrières anti-émeutes de 3 à 4 mètres de haut. Côté population locale, « La Voie Est Libre » rappelle qu’un référendum sur l’A69 est demandé par 82% des habitant·es du Tarn et de la Haute-Garonne, qui rejettent à 61% le projet d’A69, selon un récent sondage IFOP. Malgré cette répression et ce déni démocratique, tous les collectifs engagés dans la lutte contre l’A69 restent déterminés à continuer d’agir. Ils demandent le retrait de la gendarmerie de la zone de la Crémade et l’arrêt des chantiers, une médiation citoyenne et politique ainsi qu’une véritable expertise socio-économique indépendante sur le projet d’autoroute A69.

La Relève et la Peste

 

 

 

 

 

 

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Z
Intolérable !
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D
Incroyable ! Je fais suivre
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D
Quoi !!! L’état totalitaire nous n’en sommes plus loin ! Merci Brigitte !!! Me revient le début d’une chanson de Guy Béart : « Le premier qui dit la vérité il doit être exécuté »
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J
Serait -ce cela la concertation vantée par le gouvernement ?<br /> Concertation de façade pour nombre de problèmes , 49~3 multipliés, désinformation criminelle concernant les substances dangereuses, non respect du principe de précaution, interdictions à répétition de manifester, destruction de l’enseignement, de la santé, de la retraite … on s’enfonce gravement.
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