Un chaton forestier dans l'écrin blanc de l'hiver

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Alain Prêtre, photographe naturaliste se souviendra longtemps de sa magnifique rencontre avec deux chatons dans la neige. Un moment rare et plein d'émotions. Souvent confondu avec le chat domestique, le chat forestier garde une élégance et un caractère sauvage qui ne trompe pas. Patrice Raydelet spécialiste de cet animal sauvage livre quelques clés afin de mieux le reconnaitre.

Un chaton forestier arrive devant le photographe caché dans son affût et le regarde droit dans les yeux. Un moment rare et plein d'émotion. Photo : Alain Prêtre

Avec ses yeux perçants d'un mélange jaune et vert, sa barbiche blanche et son pelage tigré, on pourrait le prendre pour un vulgaire chat de gouttière. C'est tout le contraire. De son nom scientifique, Felis Silvestris, le chat forestier tire son appartenance du monde la forêt. Le chat forestier appelé aussi chat sauvage, reste un animal sauvage rare à observer. Il fait le bonheur des amoureux de la nature.

Une rencontre exceptionnelle avec un chat... puis deux chatons ! 

Alain Prêtre se passionne pour tous les animaux de la faune sauvage. Ce jour-là, lorsqu'il parcourt son Haut-Doubs natal, il décide de partir en quête d'un chat forestier mâle au volume très imposant. Bien caché dans son affût recouvert d'un drap blanc pour se fondre dans la neige, il attend patiemment celui qui, lui a posé déjà plusieurs lapins !

Après plusieurs affûts infructueux, le photographe voit enfin ce gros mâle venir se reposer quelques instants devant lui. Photo : Alain Prêtre

Soudain, le photographe distingue la silhouette d'un gros chat. Pas de doute. C'est bien lui qui sort de la lisière pour venir se coucher dans la neige. Après un court repos, l'animal, adepte des sous-bois, repart se cacher en forêt. S'il aurait aimé le voir chasser dans la neige, Alain est très satisfait de cette rencontre. Mais la journée va lui réserver bien d'autres surprises. 

« Quelques minutes après, je vois apparaitre sur ma droite, par le filet de ma tente d'affut, un tout jeune chat forestier. Miracle, un second le suit le suit de près. Ce sont des jeunes nés durant l'été qui découvrent les premières neiges. J'étais vraiment stupéfait de cette rencontre. »

Alain Prêtre, photographe

Malheureusement pour le photographe l'axe de son objectif n'est pas du tout bien placé. Il n'est pas possible pour lui de faire de photos. Les deux jeunes chatons sont sur sa droite. Il n'a plus qu'une solution : se contorsionner avec son appareil dans la plus grande des discrétions car le chat sauvage est très craintif.  N'ayant pas le choix, le photographe se retrouve dans une position très inconfortable, mais arrive enfin à prendre quelques clichés.

Le jeune forestier qui n'a que quelques mois s'approche d'Alain. Orienté dans la mauvaise direction, le photographe se contorsionne et casse son siège ce qui surprend l'animal. Intrigué par le bruit, l'animal regarde en direction de l'affût mais ne fuit pas. Photo : Alain Prêtre

« Tout à coup, mon siège n'a pas supporté le poids de mes années et il se casse. Je me retrouve alors totalement affaissé dans la neige avec la crainte de les voir partir en courant ! Assis par terre, je me suis dit que s'en était fini pour moi. Mais en regardant dans mon viseur, le chaton forestier était toujours là, avec moi. » Alain Prêtre, photographe

Un des deux jeunes chats forestiers s'approche de l'affût du photographe. Photo : Alain Prêtre

L'un des deux jeunes chatons, plein de curiosité s'approche à 5 ou 6 mètres de l'objectif du photographe. Alain Prêtre reste fasciné pour l'élégance et la grande beauté de cet animal. Son expérience avec ces deux chatons, un jour d'hiver restera longtemps gravée dans sa mémoire.

Le chat forestier, un animal méconnu 

Sa ressemblance avec un chat domestique tigré fait qu'il est souvent difficile d'identifier le Felis Silvestris. Patrice Raydelet, photographe naturaliste et auteur, est l'un des grands spécialistes de l'animal en France. Le Franc-Comtois a publié en 2009, une monographie malheureusement épuisée qui fait encore référence. 

Le livre sur le chat forestier de Patrice Raydelet est une référence sur l'animal mais il est malheureusement épuisé. Photo : Delachaux et Niestlé

Comment reconnaître un chat forestier ?

Selon l'auteur, il est aujourd'hui très difficile d'avoir une certitude sur l'animal que l'on a face à soi. Certes, il y a des éléments qui en apparence ne trompent pas. Ce sont des rayures plus discrètes sur les côtés, une bande noire le long de la colonne qui s'arrête à la queue qui est épaisse jusqu'à l'extrémité avec de gros anneaux.

 

Sur ce croquis apparait les principales différences entre les deux espèces de chats. Un pelage moins tigré, une ligne noire sur la colonne s'arrêtant avant une queue très touffue marquée par de larges anneaux pour le chat forestier. Source : Office français de la Biodiversité

« Aujourd'hui, il n'y a que l'analyse ADN qui peut affirmer avec certitude que l'on est bien en présence d'un chat sauvage. En effet, la grande menace sur l'espèce reste l'accroissement de l'hybridation avec les chats domestiques qui risque de mettre à mal le patrimoine génétique de l'espèce » détaille le naturaliste.

S'il existe des chats domestiques que l'on appelle des harets et qui retournent à l'état sauvage, les accouplements peuvent se faire également avec un mâle ou une femelle à proximité d'un village.

Le chat forestier fait une pause dans un rayon de lumière. Photo : Patrice Raydelet

Le chat forestier, un animal protégé depuis 1979

Le chat forestier poursuit une extension lente mais continue depuis les années 80 grâce au travail sur le terrain de l'Office Français de la Biodiversité. Selon Patrice Raydelet, cette croissance modeste va surement lui permettre de conquérir de nouveaux territoires. "Avec le réchauffement climatique et le manque d'enneigement, il est certain que la barrière des 1000 m d'altitude qui constituait son territoire va être dépassée, et on va surement le rencontrer sur des terrains plus en altitude" analyse le naturaliste.

Un chat forestier se repose dans les paysages enneigés de Franche-Comté. Photo : Patrice Raydelet

Cousin éloigné du lynx, le chat forestier est aussi l'emblème furtif et discret du massif du Jura. Malheureusement, le chat forestier fait face à la dégradation de son habitat et comme le lynx, il est exposé aux collisions routières.

Jean-Stéphane Maurice (25.02.2023)

 

 

 

 

 

 

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M
Très beau reportage sur cette espèce discrète.<br /> A noter qu'il est présent aussi dans les Vosges et même en plaine d'Alsace et relativement commun en Lorraine dans les grands massifs forestiers.
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S
Chance incroyable !! Ils sont juste magnifiques..
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B
Magnifique article félin comme je les aime<br /> Merci Jean-Louis pour ton très beau partage que j'ai beaucoup apprécié
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Z
Magnifiques photos et récit trés intéressant d'une aventure photographique inoubliable .<br /> Merci pour ce partage . Amitiés Jean-Louis.
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