Le hérisson, un formidable indice de la dégradation de la biodiversité

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Symbole de la maitrise du feu dans la mythologie sumérienne, indicateur de la belle saison chez les Romains dans l’Antiquité, signe de bon augure en Russie, le hérisson incarne la victoire de l’amour sur le pouvoir dans le folklore marocain et aussi l’animal emblème de Louis XII, époux de la duchesse Anne de Bretagne.

Pourtant bien moins populaire que beaucoup d’autres mammifères, ce petit animal a fait couler beaucoup d’encre et alimenté diverses légendes depuis son apparition il y a près de 60 millions d’années. Aujourd’hui, le hérisson est victime de nos modes de consommation et de production et son espèce risque de disparaître d’ici 2050.

Le hérisson : des chiffres inquiétants

Depuis les années 1950, le nombre de hérissons est passé de 30 millions à moins d’un million dans chaque grand pays européen. Là où ils étaient près de 100 dans les campagnes, ils ne sont plus que 3 aujourd’hui. Leur espérance de vie s’est également considérablement réduite passant de 10 à 2 ans en une dizaine d’années. Et d’après les prévisions, d’ici 2050, ils pourraient avoir totalement disparu si rien n’est fait.

Un indicateur de la dégradation de la biodiversité

Le hérisson est considéré par les scientifiques comme une espèce « sentinelle », ou « sentinelle écologique », dont la sensibilité sert d’indicateur précoce des changements de l’environnement d’un écosystème. Ce type d’espèce révèle les bouleversements par des signes cliniques visibles de l’altération de sa physiologie. Le hérisson permet d’indiquer la présence de polluants dans la nature. Les hérissons retrouvés morts font ainsi l’objet d’analyses toxicologiques pour rechercher d’éventuelles traces d’herbicides ou d’insecticides.

Jean-Xavier Duhart de l’association Sauvons les hérissons explique que « les hérissons jouent un rôle primordial de substitution à l’agriculture industrielle. Ce sont des acteurs de tout premier plan, au même titre que les abeilles. Ils sont les amis des jardiniers depuis la nuit des temps. Pourtant cette espèce est menacée de disparition. Les hérissons sont intoxiqués par les pesticides, broyés par les engins agricoles, écrasés par les voitures, chassés des campagnes suite à la destruction de leurs habitats naturels, brûlés vifs dans les feux des jardins, écrasés un peu plus dans d’horribles souffrances à chaque passage de nouvelle voiture : 1,8 millions par an en France selon les premières statistiques ! ».

De plus, on estime à près de 600.000 hérissons disparaissent chaque année. Les raisons principales sont les pesticides (26 %), les voitures (24 %), les parasites (18 %), la faim et l’épuisement (13 %), la noyade, les blessures ou brûlures (10 %), et les prédateurs (9 %). L’urbanisation, détruisant leur espace naturel, est une des causes majeures du déclin de l’espèce. En effet, le hérisson est un animal qui a besoin de coins sauvages, de friches pour se dissimuler, notamment en hiver.

 

 

Espèce protégée depuis 1981, le hérisson est classé comme préoccupation mineure sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature ; ce qui signifie qu’il est interdit de détruire, capturer, mutiler, enlever, mettre en vente ou naturaliser un hérisson sous peine d’être poursuivi. Pour autant sa pérennité ne serait pas assurée, selon les pétitionnaires, c’est pourquoi le gouvernement britannique a fait un pas supplémentaire en classant le hérisson comme « espèce prioritaire » en 2007.

Sauvez le hérisson en signant la pétition en ligne

En France, l’arrêté du 12 décembre 2000(1) a complexifié les conditions pour s’occuper des hérissons orphelins ou blessés. Pour être apte à cela, il faut désormais une formation de deux ans, posant un réel problème de temps pour les bénévoles, ainsi qu’une difficulté en termes de nombre de lieux de formation. 50 départements ne disposent pas de ces centres. En 1998, il y avait 800 personnes formées à sauver les hérissons en Angleterre et plus de 40.000, aujourd’hui, contre seulement 40 personnes en France, révélant un manque de volonté de la part des gouvernements successifs.

Pour lutter contre ce fléau, une pétition soutenue par diverses associations (la Fondation Brigitte Bardot, 30 millions d’amis), des parlementaires (Laurence Abeille, Yannick Jadot, Noël Mamère) ou encore Corinne Lepage, ancienne Ministre de l’Environnement, a été lancée. Des personnalités du monde du spectacle à l’instar de Josiane Balasko, de Franz-Olivier Giesbert et de Laurent Baffie se sont aussi engagée dans le soutien à cet omnivore de 7.000 piquants(2). Dans cette pétition, il est demandé un statut spécifique « d’utilité publique » ou « prioritaire » pour les hérissons afin de densifier le réseau des personnes habilitées à les sauver en assouplissant l’arrêté de 2000. Ses pétitionnaires entendent aussi établir une charte d’information « hérisson friendly » à destination des particuliers ou encore promouvoir des Zones d’Appellation en Agriculture biologique pour développer les aides à la nidification.

Si vous tombez nez à nez avec un hérisson…

Pour protéger cette petite espèce, vous pouvez bien évidemment signer la pétition, mais aussi avoir les bons gestes au quotidien comme ne pas utiliser de granulés contre les limaces, car les hérissons risquent d’être contaminés. Vous pouvez également placer une petite gamelle d’eau pour aider le hérisson dans sa recherche d’un point d’eau, veiller à ne pas avoir de trous dans votre jardin où il resterait bloqué, disposer de grilles dans les soupiraux autour de votre maison ou encore éviter de déposer des déchets dans la nature et de les nourrir avec du lait, du pain ou du fromage.

Charlie Trisse/ConsoGlobe

 

 

 

 

 

 

Si vous avez apprécié cette publication,

partagez-là avec vos amis et connaissances !

Si vous souhaitez être informé dès la parution d’un nouvel article,

Abonnez-vous !

C’est simple et, naturellement, gratuit !

 

 

 

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
Z
Cela me déchire le coeur .<br /> pétition signée et partagée
Répondre
B
C'est dramatique !<br /> Et tellement triste<br /> Pétition signée
Répondre