A Tréguennec, la population lutte contre une mine de lithium

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Le 26 février 2022, 600 personnes ont manifesté à Tréguennec (Finistère, Bretagne), contre l’établissement potentiel d’une exploitation de lithium, un métal rare, découvert sur un site naturel, une zone Natura 2000. Les voix s’élèvent pour la protection du deuxième gisement le plus important du pays, qui pourrait être exploité, après de nouvelles déclarations du gouvernement pour extraire le métal en France…

« D’un côté, nous élus locaux, menaçons de sanctions les promeneurs qui ne tiennent pas leurs chiens en laisse pour éviter le piétinement de nids d’oiseaux. De l’autre, le gouvernement envisage d’installer une mine ici… ». Photo : Lithium à Tréguennec, non merci !!!

Le 17 février, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a plaidé « La France doit extraire du lithium sur son territoire » auprès du journal Les Echos. Pour elle, les modalités d’une souveraineté française se posent, dans le contexte géopolitique actuel, mais également parce que le réchauffement climatique impose moins de transport pour moins d’émissions.

Actuellement, la France importe l’intégralité de ses besoins en lithium, alors que la demande mondiale explose, avec une consommation de 50 000 tonnes en 2018. Les experts annoncent que le chiffre devrait être six à douze fois plus haut d’ici 2025.

Le lithium est un minerai blanc utilisé à échelle mondiale majoritairement (71 % en 2020) pour réaliser des piles et des batteries, par son grand potentiel électrochimique, et son léger poids. Il est nécessaire à la fabrication des batteries des voitures électriques et hybrides actuelles. Etant donné la rareté du lithium, la convoitise et ainsi le risque de pénurie qui y sont liés sont grands.

Révélé en 2018 par le Bureau des Recherches géologiques et minières, le gisement de Tréguennec comporte 36 000 tonnes de lithium commercialisable, enfouis à 130 mètres de profondeur. Mais il jouxte une zone humide et des dunes classées Natura 2000. Les 1350 hectares de plages, de dunes et de marais présentent une grande variété de milieux naturels et abritent plus de mille espèces animales.

Tréguennec. Photo : Eric Brittany

Suite aux différentes interventions de l’Etat sur le lithium, Stéphane Le Garrec, un habitant du secteur, a créé le groupe Facebook Lithium à Tréguennec, non merci !!!, qui réunit aujourd’hui plus de 9200 membres.

Samedi 26 février, une partie d’entre eux se sont rassemblés pacifiquement. Plus de 600 personnes ont brandi drapeaux et pancartes pour défendre la cause, avec des inscriptions telles que « Tréguennec n’est pas à vendre ! », « Non au lithium », ou bien également « Appel à la vigilance, la tempête Pompili menace sur le gisement de lithium de Tréguennec ».

Loïg Chesnais-Girard, le président du conseil régional de Bretagne, a exprimé auprès du média Télégramme : « Les écosystèmes bretons étant fragiles, il ne faut pas toucher à ces espaces dans les dix, vingt ou trente années à venir ».

Les métaux rares doivent être extraits de la roche et le processus est polluant. L’extraction du lithium nécessite de pomper de la saumure (et d’utiliser du carburant), l’évaporation requiert des espaces salins de grande envergure, et la calcination du carbonate de lithium libère massivement du dioxyde de carbone.

Photo : Lithium à Tréguennec, non merci !!!

Le processus contamine les sols, les eaux et l’air.

Suite à ce constat, les chercheurs de l’Université de Californie à Los Angeles ont également estimé dans une étude de 2012 que l’industrialisation d’une voiture électrique consomme trois à quatre fois plus d’énergie qu’une voiture conventionnelle. L’ADEME estime par ailleurs que le cycle de vie d’une voiture électrique a une consommation énergétique globalement proche de celle d’un véhicule diesel. Le recyclage de composants réalisés par la fusion de divers métaux est complexe, et les déchets toxiques qui en résultent sont pour le moment souvent délaissés, quitte à les exporter dans des pays plus pauvres.

Les déchets des batteries de lithium, qui est un métal particulièrement réactif, provoquent par ailleurs de plus en plus d’incendies, depuis plusieurs années, en parallèle avec l’accroissement de son extraction et utilisation. Au cabinet de la ministre Barbara Pompili, on commente : « Nous avons besoin de sécuriser nos approvisionnements en lithium en travaillant sur le recyclage mais aussi sur l’extraction sur notre territoire. Le caractère protégé du site de Tréguennec ne bloquerait pas la mise en œuvre d’un projet mais imposerait une très grande précaution. »

Emmanuel Rasseneur, le maire de la ville, explique qu’il soutient la transition énergétique, mais pointe les contradictions de l’éventualité sur ce site pour le journal Le Monde : « (…) D’un côté, nous élus locaux, menaçons de sanctions les promeneurs qui ne tiennent pas leurs chiens en laisse pour éviter le piétinement de nids d’oiseaux. De l’autre, le gouvernement envisage d’installer une mine ici… »

Maïté Debove/La Relève et la Peste (03.03.2022)

 

 

 

 

 

 

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B
La population a bien raison de lutter contre ce projet
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J
La voiture électrique est actuellement très loin d’être écologique et outre le lithium, c’est sans compter avec la consommation d’électricité qu’il faudrait produire en plus pour les alimenter. Le seul système vraiment plus écologique, et à la condition de produire propre, est l’hydrogène mais en France on ne voit rien venir dans ce sens…Il y a pourtant déjà des pays voisins qui n’ont pas négligé ce choix. Lorsque l’on constate que des personnes se réclamant de l’écologie font encore la promotion des carburants soit disant « bio«  mais balançant dans l’atmosphère du CO2, on ne peut qu’espérer, au grand minimum, qu’ils suivent une formation pour remettre leurs connaissances à jour en matière de réchauffement climatique.
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