Chasse : la mairie de Laillé hausse le ton

Publié le par Jean-Louis Schmitt

En quelques semaines, la commune de Laillé a connu deux accidents de chasse. Une attaque de chats et surtout la mort d’un automobiliste le 30 octobre dernier. Les élus ont décidé d’agir. Ils ont pris des arrêtés pour interdire aux chasseurs de s’approcher trop près des maisons et prohibé le port de la carabine.

Manifestation anti-chasse à Laillé. Photo : C. Lemercier/FTV

C’était le 30 octobre dernier, un automobiliste de 67 ans qui circulait sur la route à quatre voies de Rennes à Nantes était mortellement blessé au cou par le tir d’un chasseur. Quelques semaines plus tôt, dans la même commune de Laillé, une meute de chiens avait attaqué deux chats dans un lotissement lors d’une battue aux sangliers.

"Nous ne sommes ni pour, ni contre la chasse, précise d’emblée Françoise Louapre, la maire de Laillé. Les chasseurs doivent pouvoir continuer à chasser, mais les habitants, les randonneurs, les cyclistes ont le droit de se promener sans avoir peur de prendre une balle égarée. Il faut que l’on essaye de dépassionner le débat. "

"Mais entendre des responsables de fédération de chasse dire que le risque Zéro n’existe pas après un accident, c’est inadmissible" explique l'élue. "Quand il se passe quelque chose comme ça, il faut que les pratiques soient interrogées, remises en cause pour empêcher un nouvel accident. Là, ils bottent en touche, s’indigne l’élue. Ils ne sont pas dignes des responsabilités qui leurs sont confiées."

Un périmètre élargi autour des maisons

La maire de la commune a donc pris un arrêté pour "interdire la chasse à moins de 150 mètres des maisons. C’était déjà le cas dans une partie de la commune qui est chasse communale, 1 400 hectares de la commune, mais pas dans les autres lieux qui abritent des chasses privées, décrit la maire. Dans ces endroits-là, les chasseurs peuvent s’approcher à cinq mètres des habitations, ils avaient le droit. Ce n'est plus possible. Nous devons tous vivre en sécurité et avec les mêmes règles."

Dans ces 150 mètres autour des domiciles, "les chiens devront obligatoirement être tenus en laisse". Enfin, les élus bannissent l’usage de la carabine dans la commune. "Des carabines de plus en plus puissantes sont en train de remplacer les fusils sans que la législation et les pratiques n’aient évolué s’alarme Françoise Louapre. Que ce soit sur le permis de chasse, l’entrainement, les distances. Une balle tirée à la carabine peut parcourir 3 ou 4 kilomètres".

Une pression forte

Devant la mairie, une centaine de manifestants de Forest Shepherd manifestent. Ils demandent des mesures plus radicales et plus rapides. Ils souhaitent que la chasse soit interdite à 300, 400, 1 000 mètres des maisons. "Ce qui a été mis en place, ne permettra pas d’éviter un nouveau drame " déplore Jimmy Nedellec, membre du collectif.

Une rencontre est organisée avec les élus. "La difficulté, c’est qu’il y a une surpopulation de sangliers expliquent les élus de Laillé. En 20 ans, leur population a été multipliée par dix. Donc il faut des battues pour réguler leur nombre." Dans le département, l’animal n’est pas classé comme nuisible.

« Le problème, c’est que demander à des chasseurs de réguler les sangliers, alors que c’est un de leur gibier préféré, c’est comme demander à des enfants de réguler leur consommation de bonbons dans une usine de bonbons. Ils veulent avoir des sangliers à chasser l’année d’après, donc, leur régulation n’est pas une régulation. » Françoise Louapre, maire de Laillé

 Rencontre entre les élus de Laillé et les anti-chasse. Photo : C. Lemercier/FTV

Pas de jour de non chasse 

Malgré les demandes, "toutes les semaines, nous avons des courriers et des appels, précisent les élus de Laillé, nous n’avons pas choisi d’interdire la chasse certains jours. C’est au Parlement de prendre ce genre de décisions, nous ne faisons pas les lois. Nous aimerions que les samedis et les dimanches après-midi soient sans-chasse, cela permettrait à ceux qui souhaitent chasser de le faire le matin et aux autres de se promener sans risques. Car il faut que nous trouvions un équilibre dans nos campagnes. " Françoise Louapre se sent parfois prise entre deux feux. Attaquée par les pros et par les antis chasse. Elle espère avoir trouvé le bon compromis et souhaite en même temps avoir lancé un pavé dans la mare pour faire évoluer la politique et la législation sur la question de la chasse.

Séverine Breton/France 3 Bretagne (13.11.2021)

 

 

 

 

 

 

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B
Il y a de quoi hausser le ton mais cela suffira-t-il ?
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Z
Hausser le ton ne fera pas peur à ces fous furieux : il faut des lois qui interdisent la chasse . Quant à la prolifération des sangliers , on sait bien à quoi c'est dû!
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F
On n'arrête pas le progrès ! Si une balle tirée par une carabine peut parcourir 3 ou 4 km, si la chasse était interdite même à 1000 m des maisons... j'avoue avoir du mal à suivre...
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D
La France terre de privilèges ! Mais les chasseurs aussi sont en danger: quand on constate la corpulence de certain, fort en gueule aussi, s’il arrivait que sa compagne ait l’idée de lui procurer de belles cornes, selon l’adage « qui va à la chasse perd sa place » , il pourrait aisément passer pour un gros cerf, ses acolytes semblant avoir une mauvaise vue … avec ce qui s’ensuivrait . Lol ! Rions un peu ils nous font trop pleurer !
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