Extinction des espèces : la liste des prochaines victimes

Publié le par Jean-Louis Schmitt

L'Union internationale pour la conservation de la nature (l'UICN) vient de dresser une mise à jour de sa liste des espèces menacées. Et cette information ne remporte pas le succès médiatique qui lui est dû…

Emblématique de l’Alsace, autrefois surnommé « la marmotte de Strasbourg », le Hamster commun a presque disparu de France. Hier classé parmi les espèces nuisibles et à ce titre éliminé, le petit animal a sévèrement été mis à mal par la monoculture du maïs, réduisant considérablement ses derniers habitats. Depuis 1993, c’est une espèce protégée en France. (Source : site Hamster-Alsace.fr) (Cliquez pour agrandir)

Emblématique de l’Alsace, autrefois surnommé « la marmotte de Strasbourg », le Hamster commun a presque disparu de France. Hier classé parmi les espèces nuisibles et à ce titre éliminé, le petit animal a sévèrement été mis à mal par la monoculture du maïs, réduisant considérablement ses derniers habitats. Depuis 1993, c’est une espèce protégée en France. (Source : site Hamster-Alsace.fr) (Cliquez pour agrandir)

Il y va de l’extinction des espèces comme du réchauffement climatique : on sait que c’est foutu, mais ça ne nous empêche pas de continuer à foncer tête baissée dans le mur. Et, semble-t-il, avec encore plus d’indifférence pour la mort des bêtes que pour la montée du thermomètre. C’est ce que montre le peu de bruit médiatique suscité par la dernière mise à jour de la liste d’espèces menacées dressée par l’UICN, l’Union internationale pour la conservation de la nature.

Sur quelques 120 000 espèces étudiées, on apprend que près d’un tiers sont menacées d’extinction prochaine (et pire encore : vu qu’il s’agit d’une estimation, un nombre bien plus grand d’espèces passent sous les radars). Dans ce genre de faire-part morbide, il faut évidemment des stars pour émouvoir le grand public. Difficile de faire la une des journaux télévisés avec la disparition d’un moucheron thaïlandais ou d’un crapaud péruvien. Bien souvent, on découvre le nom de ces espèces le jour même de leur mort. On se dit « tiens, ça existait ce machin -là »? Cest, par exemple, le cas du grand hamster dAlsace, lun des nouveaux venus dans la mise à jour de l’UICN. Qui, hormis quelques naturalistes chevronnés, connaissait l’existence de hamsters sauvages en Alsace? Le jour où on lapprend, cest presque du passé.

La destruction de l’habitat en première ligne

Parmi les espèces les plus fragiles, on savait depuis longtemps les singes en mauvaise posture (sur 104 espèces de primates africains, 53 sont menacées de disparition), mais l’UCIN révèle que la situation est déjà apocalyptique à Madagascar, où, sur 107 espèces de lémuriens, 103 sont en train de dégringoler la pente fatidique de l’extinction.

La destruction de l’habitat est l’une des premières causes de l’extinction des espèces. Mais il en est bien d’autres, comme la chasse (pour les lémuriens…) ou les pesticides (pour le hamster…). Les cétacés, eux, souffrent surtout de collisions avec les navires et de prises accidentelles dans les filets de pêche. En première ligne, on trouve l’espèce dite « baleine franche de l’Atlantique nord », extrêmement mal en point avec une population de moins de 250 adultes fin 2018 – ce qui lui vaut sa nomination dans la funeste liste de l’UICN.

Maki catta (Lemur catta, aussi appelé Maki mococo, maki à queue annelée ou encore lémur à queue annelée). Photo : JLS (Cliquez pour agrandir)

Maki catta (Lemur catta, aussi appelé Maki mococo, maki à queue annelée ou encore lémur à queue annelée). Photo : JLS (Cliquez pour agrandir)

Et les médecines alternatives…

Dans cette mise à jour, on trouve aussi le champignon-chenille (Ophiocordyceps sinensis), qui survit sur le haut-plateau tibétain. Son problème à lui, c’est la médecine traditionnelle chinoise. En effet, il est censé guérir les troubles érectiles, de là son surnom de « viagra de l’Himalaya » (ces propriétés aphrodisiaques auraient été découvertes par les bergers, tout étonnés de voir leurs bêtes se livrer à de frénétiques fornications après avoir mangé ces champignons – du coup, ils se sont mis à en manger aussi). À cause de ces propriétés bénies des dieux et des gourous, ce champignon magique est vendu 100 000 euros le kilo. D’où surexploitation. D’où disparition programmée.

Et ces faire-part de proche décès ce ne sont pas des paroles en l’air. Selon le dernier rapport de l’Ipbes (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) 435 espèces se sont définitivement éteintes ces dix dernières années, et 41 autres ont déjà disparu du milieu naturel, ne subsistant que dans des parcs ou des zoos. En somme, nous voilà rendus à l’absurde situation où l’on doit mettre la nature en cage pour la protéger…

Antonio Fischetti/Charlie Hebdo (25.07.2020)

 

 

 

 

 

 

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B
Oui dramatique !<br /> Tout semble foutu... Tout semble perdu. C'est un profond désarroi qui m'envahit, de voir toutes ces espèces qui vont disparaître...... <br /> On va droit au mur...<br /> Tout est chaos... <br /> Je suis très pessimiste pour l'avenir...<br /> On se réjouit du beau temps ensoleillé en ce moment avec des températures très élevées annoncées pour la semaine prochaine. Pour une mi-septembre c'est plutôt inquiétant... Tout est sec ici en Creuse. On manque d'eau... J'attends la pluie avec impatience... <br /> Cela me désespère...
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Z
Dramatique! Et je ne vois aucune amélioration à espérer.
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C
Ouf, c'est pas rose du tout! C'est dramatique même... et triste! Est-ce qu'un jour, il ne va rester que l'humain? J'espère que non! Bises et belle fin de semaine à vous deux!
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D
Ah l'augmentation de la population mondiale, le gros problème, source de tous les autres; cela me tracasse tellement qu'actuellement en séjour en montagne, je me demande, à tort j'espère et c'est fou, si en la laissant croître à l'infini, un jour très très lointain l'Humain n'aura pas trouvé moyen d'araser les sommets et combler les ravins, là où la vie sauvage perdure, pour étendre son emprise afin de loger et nourrir une population démentiellement énorme. Idée noire sans doute, cela ne devrait jamais être possible ???? Le moyen de l'éviter à coup sûr serait de contenir l'augmentation du nombre d'humains à venir. Mais cela se fera sans doute de façon naturelle quand trop d'espèces auront disparu, le déséquilibre sera tel que l'espèce humaine disparaîtra elle aussi !!! Charlie hebdo confirme qu'un de ses combats est aussi le respect du Vivant en allant plus loin que les très anciens billets de Luce Lapin. .
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C
Triste de constater jour après jour, cette destruction de la nature et du vivant...Et avec la population humaine qui continue de croître démesurément alors que les ressourcent s'épuisent et que les autres espèces s'étiolent, cela risque de s'aggraver très vite.
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D
décidément rien ne donne le moral en ce moment ! ce n'est pas près de s'arranger avec l'augmentation de la population mondiale qui il me semble continue...
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J
Que c'est triste : on sait que les jours du Grand Hamster sont comptés, et d'autres aussi... pourtant on a du mal a accepter cette sinistre réalité ! Ici, c'est l'urbanisme, la bétonisation à tout va et l'agriculture intensive qui sont responsables, ailleurs, ce sont de stupides problèmes d'érection -je vais finir par croire que le plus grand nombre de représentants masculins asiatiques... et ça en fait du monde...- ont de sérieux problèmes de ce côté-là !
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