Petit Paysan

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Pierre, la trentaine, est éleveur de vaches laitières. Sa vie s’organise autour de sa ferme, sa sœur vétérinaire et ses parents dont il a repris l’exploitation. Alors que les premiers cas d’une épidémie se déclarent en France, Pierre découvre que l’une de ses bêtes est infectée. Il ne peut se résoudre à perdre ses vaches. Il n’a rien d’autre et ira jusqu’au bout pour les sauver…

Réalisé par un fils d'agriculteurs, Hubert Charuel, «Petit Paysan» est un bijou de drame rural qui raconte l'amour entre un éleveur et ses vaches.

Vous ne regarderez plus jamais une vache comme avant. Révélation du Festival du film francophone d'Angoulême la semaine dernière, «Petit Paysan», qui sort ce mercredi en salles, met en scène l'amour d'un éleveur pour son troupeau de vaches laitières, et qui est résolu à les protéger de la menace d'une épidémie. Et c'est bouleversant.

Il faut dire que le réalisateur, Hubert Charuel, dont c'est le premier long-métrage, sait de quoi il parle. Fils d'éleveurs, il a grandi dans une ferme de Haute-Marne et a envisagé un temps de devenir vétérinaire. Mais parce qu'il avait de «trop mauvaises notes» dans les matières scientifiques, il s'est orienté vers le cinéma. Tourner un film sur le milieu agricole, c'était «plus une nécessité qu'une envie». «C'était complètement cathartique, il fallait que ça sorte», résume le cinéaste de 32 ans, qui reconnaît une «petite forme de culpabilité» à ne pas avoir repris l'exploitation familiale, lui l'enfant unique.

Pour faire sentir la «difficulté de plus en plus grande» du métier de paysan, le cinéaste a imaginé une maladie qui menacerait les troupeaux : la FHD, fièvre hémorragique dorsale. «J'ai grandi pendant les épidémies de la vache folle et de la fièvre aphteuse, raconte Hubert Charuel. Ça m'a beaucoup marqué. Dans les fermes, il y avait un climat de tension, de paranoïa. Personne ne comprenait ce qu'étaient ces maladies, pas même les vétérinaires. Je me souviens que ma mère disait que si cela arrivait chez nous, elle se suiciderait. La fin des vaches, c'était la fin d'un monde.» «Etre éleveur laitier, c'est un sacerdoce, poursuit le réalisateur. Non seulement, on n'a jamais de week-end ni de vacances, mais en plus, on est toujours inquiet pour la santé de ses vaches. On connaît chacune par son prénom, son caractère, on s'y attache vraiment.» Hubert Charuel a tourné la plupart des scènes du film dans la ferme familiale, que ses parents ont vendue depuis. Son père et sa mère jouent d'ailleurs dans le film, de même que son grand-père et l'un de ses cousins. Les trente bêtes qui apparaissent dans le long-métrage, en revanche, ont été amenées d'une autre exploitation par un dresseur animalier.

Habituer les vaches à l'équipe de tournage

Parce que les vaches sont «dociles, mais d'un naturel très peureux», le réalisateur a fait venir les membres de l'équipe de tournage progressivement «pour que les bêtes s'habituent». Le comédien Swann Arlaud (déjà vu dans «Belle Epine» ou «Une vie»), qui incarne Pierre, est, lui, arrivé dix jours avant tout le monde pour apprendre à faire les traites. «Il a repris le troupeau avec ma mère», explique Hubert Charuel. Dans l'une des premières scènes du film, c'est d'ailleurs Swann Arlaud qui aide une vache à mettre bas «pour de vrai». «Swann s'est formé, on a passé trois nuits blanches à attendre que la vache vêle, raconte le réalisateur. Quand le veau est arrivé, mes parents et un vétérinaire étaient juste derrière Swann.»

Au-delà de l'émotion, les images de «Petit Paysan» sont très belles, notamment lorsque le troupeau envahit l'écran. «Ce sont des prim'holstein, comme en avaient mes parents. Donc elles ont le poil brillant, des couleurs noires et blanches très contrastées et des formes anguleuses hyper jolies. Et puis, elles ont de super beaux yeux», s'enthousiasme Hubert Charuel. Une jolie déclaration d'«amour vache».

Le Parisien (30 août 2017)

 

Regardez la bande-annonce de «Petit Paysan» (ci-dessous)

Publié dans Voir ou revoir...

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M
Super film !
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J
Pourritures de paysans . Tellement facile de se faire de l'argent sur la souffrance d'un animal le monde à l'envers .
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A
bon ben c'est malin, jl, j'ai envie d'aller au cinéma maintenant...<br /> c'est vrai que pendant les épidémies, on devient parano... <br /> et au-delà de ça, certains paysans ont eu des soucis avec la justice parce qu'ils refusaient la vaccination, et ce, alors que ça ne menaçait pas l'état sanitaire des autres élevages...<br /> mais cela est un autre débat...
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M
Ouais ! J'ai vu : il est pas terrible selon moi, pas assez réaliste !
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J
A l'affiche actuellement au CinéSAR (Sarrebourg) !
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M
Super film !
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