Des produits cosmétiques à base de lait de juments sans priver ni condamner les poulains, c’est parfaitement possible !

Publié le par Jean-Louis Schmitt

C’est en tous cas ce que démontre Virginie Dercourt installée à Gorges (dans Somme) où elle fabrique toute une gamme de produits à base de ce lait fort rare qui provient des juments mérens qu’elle élève avec son mari…

Juments mérens et poulain. Photos : © Domaine de Tjos (Cliquez pour agrandir)Juments mérens et poulain. Photos : © Domaine de Tjos (Cliquez pour agrandir)

Juments mérens et poulain. Photos : © Domaine de Tjos (Cliquez pour agrandir)

Lorsque Dominique, une amie, m’a parlé de sa découverte de ce "savon exceptionnel au lait de jument", ma première pensée a été pour les mères que l’on prive de leurs poulains pour exploiter cet "or blanc"… C’est en effet ainsi que ça se passe généralement : pour qu’une mère produise du lait, on lui fait mettre au monde un petit qu’on lui retire après la naissance pour lui prendre le produit de sa lactation… Le devenir des bébés en question est celé d’emblée : au mieux (?) –pour une partie des petites femelles- on les destine au même sort que leur génitrice, au pire c’est, selon la demande et le cours du "marché" et sans autre forme de procès, tout bonnement l’abattoir…

Autant dire que le sujet ne m’inspirait pas le moins du monde ! C’est alors que Dominique, insistante et convaincante  (comme elle sait l’être…), s’est mise en devoir de me détromper : « Non, non ! Chez Tjo savon, rien de tout cela : on laisse les poulains avec leurs mères jusqu’au sevrage et, ensuite, ils sont placés dans des familles d’accueil… » ! Voilà qui ne pouvait que titiller ma curiosité et, aussitôt, contact fut pris avec l’éleveuse-saponière qui se mit en devoir de m’expliquer sa démarche et, effectivement, de me rassurer sur le sort des jeunes mérens.

Mais, au fait, pourquoi cette race-là plutôt qu’une autre ?

« Nous avons choisi d’élever des mérens, car ils sont menacés d’extinction : de quasiment 1 000 naissances en France dans les années 90 nous sommes actuellement à environ 250 naissances par an ! Le mérens est, par ailleurs, un cheval rustique originaire des Pyrénées ariégeoises. Il est docile et très résistant. Il peut donc vivre dehors toute l’année sans aucun souci. Ce fut aussi un critère pour nous car il nous est inconcevable de voir des chevaux enfermés… Cette vie de troupeau leur est naturelle et permet aux chevaux d’être parfaitement eux-mêmes et bien dans leur tête... Les poulains sont très proches de l’homme et leur trouver des propriétaires n’est pas vraiment un souci : nous pouvons même nous permettre de sélectionner les futures familles… » Virginie Dercourt

Pour sa production, tributaire des périodes où les poulains sont sevrés, la saponière a installé un laboratoire dans une partie de la cave de son domicile où les savons, qui peuvent se garder plusieurs années, sont affinés durant deux mois… La philosophie de l’éleveuse est évidemment originale et plutôt insolite en ces temps où l’exploitation animale n’a jamais été aussi déraisonnable !

« Je ne veux pas que mes juments deviennent des usines à lait… ». Virginie Dercourt

Un exemple pour le moins rarissime qui prouve que, si on se débarrasse de certaines idées productivistes qui sont le propre de nos sociétés, il est néanmoins parfaitement possible de vivre de son activité avec la satisfaction de surcroît d’évoluer en parfaite harmonie avec ses bêtes !

Traite en totale liberté : au domaine de Tjos on aime les chevaux, on les respecte. Ils sont libres de donner leur lait ou pas. Situation classique de traite : le poulain d’un côté, l’éleveuse de l’autre et chacun sa tétine, le tout sans attacher la mère… Photo : © Domaine de Tjos (Cliquez pour agrandir)

Traite en totale liberté : au domaine de Tjos on aime les chevaux, on les respecte. Ils sont libres de donner leur lait ou pas. Situation classique de traite : le poulain d’un côté, l’éleveuse de l’autre et chacun sa tétine, le tout sans attacher la mère… Photo : © Domaine de Tjos (Cliquez pour agrandir)

 

 

 

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C
super !
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K
Un article plaisant à lire et qui m'a beaucoup plu...
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G
Démarche a priori fort sympatique ! A privilégier si l'on se soucie un tant soit peu du devenir des bêtes !<br /> Merci pour cet intéressant article...
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D
Merci Jacky, je te renvoie d'amicales pensées à partager avec Michèle....cette découverte, rencontre fortuite de l'exploitante dans le magasin produits bio en vrac qu'elle était en train de livrer, induit c' est vrai des réflexions d'ordre éthique; c'est d'ailleurs la principale: le devenir des poulains, qui m'a fait engager la conversation avec cette dame qui s'est écriée "ah comme je suis heureuse qu'on me pose la question" et c'était sincère, elle a été très heureuse de pouvoir m'expliquer leur démarche et leurs pratiques...<br /> Quand j'en ai parlé à Jean-Louis j'étais encore dans l'enthousiasme; voilà me disais-je ce qu'il faut faire avec les vaches, les chèvres , enfin toutes ces mères qui pour nous donner leur lait doivent procréer chaque année et auxquelles on prend leur enfant pour une destinée funeste...l'utopie... tout au moins dans notre société de rendement et de profit; comment revenir aux petits élevages qui vendraient leurs produits à proximité ; il y en a de plus en plus mais comment généraliser...Il le faudrait pourtant; même en montagne quand on admire Vosgiennes, Tarines, Abondance (s) Brunes etc on ne voit pas leurs veaux , sauf si ce sont des animaux à viande que nous rencontrons, les laitières jamais !!! Je l'ai réalisé il y a peu...Dans un deuxième temps j'ai pensé mais ces juments sont elles aussi exploitées et dans un troisième , non elles sont plutôt '"associées" comme je le désire tant pour tous les animaux domestiques! Et puis leur devenir et celui de leurs poulains est tellement plus enviable que celui des autres élevages, des chevaux de course, des chevaux de centres équestres qui dépendent du bon vouloir de cavaliers qui veulent les sauver et les rachètent une fois qu'ils ne sont plus "rentables" pour leur éviter le pire..., il faut le pouvoir aussi sont-ils rares ...Et quid des autres vaillants équidés qui ont porté tant d'enfants sur leur dos pendant tant d'années.....??!! Bref, s'il faut perpétuer des espèces équines, et il le faut bien, ils ne sont pas capables pour le moment de retourner à la Nature , autant qu'ils soient dans ce genre de structure où on ne les voit pas uniquement comme objets de profit ou de service...Nous pouvons donc penser qu'ils ne sont pas exploités, voir ça comme une collaboration et militer pour que cette éthique se généralise !
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P
La dernière photo est convaincante (pas que des Mérens). J'avoue qu'à la base, je n'aurai pas été emballée par l'idée non plus.<br /> Bonne journée
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Z
Une très belle démarche concrète! "I have a deam..."
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J
En somme, il faut toujours écouter Dominique. Nous lui envoyons un grand bonjour. Nous sommes heureux de découvrir vos trouvailles de vacances. A bientôt.
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J
Oui, en somme et en Somme aussi ! A bientôt...
D
traire des juments, j'aime beaucoup la démarche d'autant plus que les animaux sont respectés, mais malgré tout, ça ne satisfera pas les végans
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J
Personnellement, je considère que c'est un bon début ! L'important étant, à mon sens, de prendre conscience de l'atroce exploitation que subit le plus grand nombre d'animaux et, pas uniquement pour produire de la viande... Aussi, des initiatives de ce genre sont-elles grandement à promouvoir !
C
Ces produits au lait d’ânesses ou de juments semblent très en vogue : si, en plus, comme le montre cet exemple, ils sont respectueux des animaux, on ne peut que les mettre en avant ! Merci pour ce partage qui met du baume au cœur !
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J
Changer de regard sur les animaux qui nous entourrent, y compris sur ceux qui sont exploités, me semble un préalable indispensable pour faire évoluer les mentalités... Le chemin risque hélas d'être bien long encore !
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