Des produits cosmétiques à base de lait de juments sans priver ni condamner les poulains, c’est parfaitement possible !
C’est en tous cas ce que démontre Virginie Dercourt installée à Gorges (dans Somme) où elle fabrique toute une gamme de produits à base de ce lait fort rare qui provient des juments mérens qu’elle élève avec son mari…
Lorsque Dominique, une amie, m’a parlé de sa découverte de ce "savon exceptionnel au lait de jument", ma première pensée a été pour les mères que l’on prive de leurs poulains pour exploiter cet "or blanc"… C’est en effet ainsi que ça se passe généralement : pour qu’une mère produise du lait, on lui fait mettre au monde un petit qu’on lui retire après la naissance pour lui prendre le produit de sa lactation… Le devenir des bébés en question est celé d’emblée : au mieux (?) –pour une partie des petites femelles- on les destine au même sort que leur génitrice, au pire c’est, selon la demande et le cours du "marché" et sans autre forme de procès, tout bonnement l’abattoir…
Autant dire que le sujet ne m’inspirait pas le moins du monde ! C’est alors que Dominique, insistante et convaincante (comme elle sait l’être…), s’est mise en devoir de me détromper : « Non, non ! Chez Tjo savon, rien de tout cela : on laisse les poulains avec leurs mères jusqu’au sevrage et, ensuite, ils sont placés dans des familles d’accueil… » ! Voilà qui ne pouvait que titiller ma curiosité et, aussitôt, contact fut pris avec l’éleveuse-saponière qui se mit en devoir de m’expliquer sa démarche et, effectivement, de me rassurer sur le sort des jeunes mérens.
Mais, au fait, pourquoi cette race-là plutôt qu’une autre ?
« Nous avons choisi d’élever des mérens, car ils sont menacés d’extinction : de quasiment 1 000 naissances en France dans les années 90 nous sommes actuellement à environ 250 naissances par an ! Le mérens est, par ailleurs, un cheval rustique originaire des Pyrénées ariégeoises. Il est docile et très résistant. Il peut donc vivre dehors toute l’année sans aucun souci. Ce fut aussi un critère pour nous car il nous est inconcevable de voir des chevaux enfermés… Cette vie de troupeau leur est naturelle et permet aux chevaux d’être parfaitement eux-mêmes et bien dans leur tête... Les poulains sont très proches de l’homme et leur trouver des propriétaires n’est pas vraiment un souci : nous pouvons même nous permettre de sélectionner les futures familles… » Virginie Dercourt
Pour sa production, tributaire des périodes où les poulains sont sevrés, la saponière a installé un laboratoire dans une partie de la cave de son domicile où les savons, qui peuvent se garder plusieurs années, sont affinés durant deux mois… La philosophie de l’éleveuse est évidemment originale et plutôt insolite en ces temps où l’exploitation animale n’a jamais été aussi déraisonnable !
« Je ne veux pas que mes juments deviennent des usines à lait… ». Virginie Dercourt
Un exemple pour le moins rarissime qui prouve que, si on se débarrasse de certaines idées productivistes qui sont le propre de nos sociétés, il est néanmoins parfaitement possible de vivre de son activité avec la satisfaction de surcroît d’évoluer en parfaite harmonie avec ses bêtes !
Traite en totale liberté : au domaine de Tjos on aime les chevaux, on les respecte. Ils sont libres de donner leur lait ou pas. Situation classique de traite : le poulain d’un côté, l’éleveuse de l’autre et chacun sa tétine, le tout sans attacher la mère… Photo : © Domaine de Tjos (Cliquez pour agrandir)
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