Les campagnols prolifèrent face au manque de prédateurs
C'est un petit rongeur, le campagnol terrestre, aussi appelé « rat taupier ». Vous n’en avez peut-être jamais entendu parler, mais il est devenu le cauchemar de certains agriculteurs, surtout d’éleveurs de vaches qui font pâturer leurs bêtes dans des prairies.
Les campagnols terrestres s’installent dans ces prairies, y creusent des galeries sous terre et se nourrissent des racines des plantes. Lorsqu’ils sont trop nombreux, ils peuvent causer d’importants dégâts en surface, donnant l’impression que le sol a été labouré. Conséquence : la quantité d’herbe disponible pour les bovins chute fortement. Ces dernières semaines, des agriculteurs ont lancé des messages de détresse, notamment dans le massif central, où un pic de pullulation de rats taupiers est constaté. Et selon les éleveurs, ces pics sont de plus en plus rapprochés.
Comment expliquer ce phénomène ?
La situation est assez complexe. Plusieurs facteurs pourraient expliquer la multiplication des épisodes de pullulation des campagnols terrestres : le changement climatique, avec des périodes de gel moins longues, ou encore la perte de diversité du paysage, avec la disparition des haies et le développement de vastes prairies, favorables aux rongeurs.
Mais il y a aussi le manque de prédateurs. Eh oui, car ces campagnols sont des proies de choix pour de nombreux animaux, notamment les renards. Un seul d’entre eux peut consommer plusieurs milliers de rongeurs chaque année.
Le renard raffole surtout des campagnols des champs et des campagnols agrestes, mais il chasse aussi des campagnols terrestres, responsables des dégâts. Pendant les périodes de pullulation de ces fameux rats taupiers, ils peuvent même représenter jusqu’à 40% du régime alimentaire des renards, selon une étude de 2010 menée en Franche Comté.
Et que fait-on des renards ? Eh bien, on les chasse, massivement ! Plus de 400 000 sont tués chaque année au fusil ou avec des pièges, selon l’Office français de la biodiversité.
Quelles solutions ?
Arrêter de chasser les renards par exemple ! Imaginez le nombre de campagnols qui échappent à la mort grâce aux chasseurs ! Cela se compte au moins en centaines de millions tous les ans. Les études scientifiques ont montré depuis longtemps que les renards n’étaient pas nuisibles et qu’ils jouaient un rôle majeur dans l’écosystème.
Et pourtant, on continue à les éliminer sous prétexte qu’ils se servent de temps en temps dans les poulaillers et qu’ils mangent le gibier des chasseurs, notamment les faisans et perdrix d’élevage lâché pour être tirés. Alors bien sûr, les rats taupiers ont d’autres prédateurs, comme l’hermine ou les rapaces, et le renard ne peut pas réguler l’espèce à lui tout seul…
Mais une chose est sûre : en tuant autant de renards, on prive les agriculteurs de précieux alliés face aux campagnols.
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