La triste fin de la tortue de Floride
Tortue de Floride (Trachemys scripta elegans). Photo : Jean-Louis Schmitt
« Je suis une tortue de Floride achetée il y a une vingtaine ou une trentaine d’années dans une animalerie. Il faut dire que j’étais craquante, toute verte avec mes petites oreilles rouges. Mais le vendeur a oublié de prévenir que lorsqu’on adopte une tortue, c’est pour longtemps et même très longtemps. J’ai grandi, les enfants ont grandi et ont quitté la maison et bientôt je suis devenu un fardeau. Mon maître, peu scrupuleux, décida alors de me relâcher à l’étang du Grundel en forêt de Haguenau.
Au début, mon terrarium chauffé, la nourriture à volonté et ma Floride natale me manquaient énormément mais peu à peu, j’ai trouvé ma place dans l’écosystème de mon nouvel environnement. Me nourrissant de poissons morts, j’ai appris à rester en apnée sous l’eau pendant les longs mois d’hiver. Au fil des années, je suis devenu la mascotte des pécheurs et des promeneurs, tout heureux de me voir me prélasser sur mon tronc d’arbre au soleil.
Je n’ai fait de mal à personne, je n’ai rien demandé à personne si ce n’est le droit de vivre en paix et pourtant on décida, qu’étant une étrangère, j’étais forcément nuisible et qu’il fallait m’éliminer.
Alors qu’il suffisait de m’attraper pour me déposer dans un endroit délimité réservé à mes congénères, ma vie s’arrêta il y a quelques jours, ma belle carapace éclatée par une décharge de chevrotine.
Quelle honte et quel manque de respect de la vie animale. »
Robert Langenbronn (Haguenau) 14/04/2017