Les Suisses disent non à la sortie accélérée du nucléaire

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Les Suisses ont rejeté à 54,2% une votation qui aurait pu entraîner la fermeture en 2017 de 3 des 5 réacteurs nucléaires allemandes suisses.

Photo d'archives AFP/FABRICE COFFRINI

Photo d'archives AFP/FABRICE COFFRINI

Dimanche, les électeurs suisses ont refusé, à 54,2%, une accélération de la sortie du nucléaire de leur pays, qui prévoyait la fermeture de 3 de ses 5 réacteurs dès l’an prochain. La votation, portée par les Verts, n'aurait été soutenue que par quelques cantons romands et les deux Bâles, selon la Radio Télévision suisse.

Quelques mois après la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon, provoquée en mars 2011 par un tsunami meurtrier, les autorités helvétiques avaient décidé de fermer progressivement les centrales nucléaires, sans toutefois fournir de calendrier précis.

C’est pourquoi les Verts ont commencé à réunir il y a 4 ans les 100 000 signatures nécessaires pour organiser une «votation» au niveau fédéral, comme le prévoit le système de démocratie directe en vigueur dans le pays. «L’initiative de retrait nucléaire» propose de limiter à 45 ans la durée de vie d’un réacteur.

Les centrales de Beznau et de Muhlberg pourraient fermer l'an prochain

Si le oui l’emportait, la centrale de Beznau, en service depuis 47 ans dans le canton d’Aargau (nord), près de la frontière allemande, aurait dû fermer ses portes en 2017. Ses deux réacteurs sont actuellement en réparation. Il s’agit de la plus vieille centrale nucléaire au monde, depuis la fermeture du réacteur d’Oldsbury en Grande-Bretagne en 2012.

La centrale de Muhlberg, lancée en 1972 dans le canton de Berne, aurait aussi dû interrompre ses opérations l’an prochain. Celles de Gosgen à Soleure et Leibstadt à Aargau auraient suivi en 2024 et 2029.

Politiques et électeurs partagés

Le gouvernement suisse était d’accord pour stopper graduellement ses réacteurs, mais reprochait à l’initiative des Verts de déboucher sur des fermetures prématurées. Il était soutenu par le Parlement et les partis de droite.

Alors que les premiers sondages donnaient un net avantage aux partisans d’une sortie accélérée du nucléaire, l’écart s’est nettement resserré puisque, selon une enquête publiée la semaine dernière, le «oui» recueillerait 48% des voix et le «non» 46%. Le résultat final a à nouveau démenti les sondages.

Le nucléaire représente 33% de la production d'électricité

La Suisse produit environ 33% de son électricité à partir du nucléaire, près de 60% grâce aux centrales hydrauliques et un peu plus de 4% avec des sources renouvelables, comme le solaire et l’éolien, selon des statistiques officielles.

Les Verts, soutenus par les partis de gauche, affirment que l’expansion rapide des énergies renouvelables en Suisse et en Europe pourrait rapidement compenser la perte de production d’origine nucléaire.

AFP (27/11/2016)

Lire également l'article du Monde (ici)

La centrale de Mühleberg, dans le canton de Berne, fait partie de celles dont la fermeture était envisagée l’an prochain. Photo AFP

La centrale de Mühleberg, dans le canton de Berne, fait partie de celles dont la fermeture était envisagée l’an prochain. Photo AFP

Publié dans Nucléaire

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J
Avec le choix de Fillon pour représenter la droite aux prochaines présidentielles (rappel : Fillon souhaite entre-autres « consolider la filière nucléaire française » http://natureiciailleurs.over-blog.com/2016/11/fillon-et-juppe-deux-programmes-contre-l-ecologie.html ), voici une autre mauvaise nouvelle pour l’environnement et la lutte anti-nucléaire ! Les partisans de Fessenheim peuvent se frotter les mains : la plus vieille centrale française n’est sans doute pas prête à fermer… Les lobbys ont, une fois encore, gagnés et, à force, c’est carrément désespérant !
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