Autour du chat…

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Comment décrire le comportement du chat ? La réponse à cette question apparemment simple est pour le commun des mortels : « le chat est un animal territorial et solitaire. »

Bouchon & Cahouète. Photo : Jean-Louis Schmitt

Bouchon & Cahouète. Photo : Jean-Louis Schmitt

Territorial, nous sommes tous d’accord. Encore faut-il avoir une vision claire de ce qu’est un territoire ! Le territoire est une portion du domaine vital défendu sélectivement. Cette définition est trop restrictive. En effet, si certains territoires sont permanents, d’autres sont temporaires (le plus souvent pendant la période de reproduction).

Certains sont uniquement occupés par le résidant alors que d’autres sont fréquentés par tous les voisins. Or, défendre un territoire serait coûteux en énergie et demanderait une attention de tous les instants. C’est pourquoi, à l’heure actuelle, les éthologistes préfèrent parler de champs territoriaux suivant les activités du chat (alimentation, élimination, jeux…).

Certains champs peuvent être effectivement défendus, le champ d’isolement par exemple, c’est-à-dire de repos, où le chat n‘aime pas être dérangé. Ne dit-on pas : « Il ne faut pas réveiller un chat qui dort. » Toutefois, les multipropriétaires savent bien que certains chats peuvent dormir ensemble, alors que d’autres s’évitent soigneusement.

En effet, la deuxième caractéristique comportementale du chat n’est pas solitaire, mais animal en relation. Lorsque la cohabitation entre chats se passe mal, j’entends souvent dire de l’un des chats : « C’est un dominant ! Il fait la loi ! » Si la deuxième affirmation est vraie, la première est complètement fausse ! Il n’y pas de dominance chez le chat !

La hiérarchie de dominance correspond à l’organisation des relations dans un groupe social, selon un rapport de subordination et d’importance respective. La hiérarchie de dominance s’établit autour de l’accès et du contrôle d’un certain nombre de privilèges, qui ont valeur de symboles.

Chez le chien, ce sont les prérogatives alimentaires, la gestion de l’espace, l’initiative des contacts ou l’expression publique de la sexualité. Prenons un exemple : chez le chat, au niveau alimentaire, le premier arrivé est le premier servi, ce qui n’est pas le cas chez le chien où le dominé doit attendre la fin du repas du dominant.

Le comportement relationnel du chat est basé sur des relations d’affinité qui forment un " ciment " d’interactions matérialisées par la réalisation d’activités en commun comme les jeux, l’allomarquage et l’allogrooming (le marquage de l’autre - allos en grec - par frottement ou par léchage -), qui correspondent un peu à l’épouillage, comportement purement social chez le singe.

Par ailleurs, dans la nature, contrairement à ce que vous pensez, les chats forment des colonies, véritables matriarcats qui regroupent les femelles apparentées, grand-mères, mères, filles accompagnées de leur progéniture et de mâles impubères. La taille du groupe dépend de l’importance de la source alimentaire et l’attachement au groupe est la règle. Vous voyez que nous sommes loin de l’animal solitaire tel que vous le concevez.

Les relations d’affinité dépendent des chats en présence, de leur socialisation… Vous avez bien des amis intimes, des copains ou des gens que vous ne pouvez pas voir en peinture, ou plutôt, pour le chat sentir, au sens propre comme au sens figuré...

www.vetopsy.fr

Dr Jean-Pierre Mauriès (29/05/2016)

Publié dans Faune-Flore

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