Le naturel au galop

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Marc Kauffmann est un spécialiste local du jardinage au naturel. Durant la semaine des alternatives aux pesticides, il propose deux rendez-vous pour transmettre son art de vivre.

Marc Kauffmann rappelle que le paillage est préférable au bêchage. PHOTO DNA - Michèle MARCHETTI

Marc Kauffmann rappelle que le paillage est préférable au bêchage. PHOTO DNA - Michèle MARCHETTI

Il pleut, mais qu’importe à ce jardinier invétéré de 68 ans. Il est en short et en sandales, un bob sur la tête, le sourire aux lèvres dans les jardins familiaux de Riedisheim. Il s’inquiète seulement pour les semis, qui auront du retard cette année, avec cette météo !

Depuis une dizaine d’années, il est président de l’association Zone Verte de Riedisheim, qui s’était à l’époque créée pour préserver les collines du village de l’urbanisation, et gère aujourd’hui les jardins familiaux, et s’occupe de ses deux ânes.

"Pour retrouver la valeur nutritive d’une pêche des années 1950, il faudrait en manger 16 !"

Né à Riedisheim, cet ancien fonctionnaire comptable s’est lancé dans le jardinage en découvrant, enfant, que les pelures de patates que coupait sa mère germaient sur le fumier. Depuis pour lui, le jardin est un mode de vie, sans aucun produit chimique de synthèse, pour « respecter la terre qui est vivante et qu’on emprunte à nos enfants ».

Il a tout appris dans de vieux grimoires de grands-mères. Il ne bêche pas, il paille pour laisser les vers de terre faire leur travail ; il sait associer les plantes entre elles, et certaines fleurs si besoin ; il limite la consommation d’eau (dans leurs jardins, il a fait installer un robinet à poussoir et un carnet où chacun note le nombre d’arrosoirs remplis) ; et il suit le calendrier lunaire… C’est aussi un fanatique de l’ortie. Il les cueille à pleines mains (« Ça ne pique pas l’ortie ! ») qu’il consomme crue, comme le pissenlit et le pourpier ; et utilise en purin, comme d’autres plantes que d’aucuns considèrent comme des mauvaises herbes : « Chaque plante a un rôle dans le jardin, même les auto-invitées », dit-il.

Il congèle ses semences, utilise tout ce qui pousse dans le jardin, fait des conserves, élève ses poules, ses lièvres, achète sa viande chez un producteur de confiance. « Deux générations n’ont pas transmis leur savoir ; c’est comme en cuisine, il y a une volonté politique pour que les jeunes ne cuisinent pas. Mais moi, je n’aime pas manger des cochonneries : pour retrouver la valeur nutritive d’une pêche des années 1950, il faudrait en manger 16 ! », s’indigne-t-il, inquiet pour les générations futures et persuadé que nos maladies modernes viennent de quelque part.

Et ses enfants qui râlaient ados, de devoir enfermer les poules, s’y remettent aussi, de bon cœur, maintenant devenus adultes.

  • Fête de l’eau et des jardins, avec notamment le CINE Le Moulin, Josiane Goepfert et Marc Kauffmann, formateurs en jardinage au naturel et Geneviève Wendelski, conteuse. samedi 23 avril, 13 h 30-20 h 30, à Mulhouse.
  • Conférence sur les techniques pour économiser l’eau et fabriquer des préparations naturelles pour les jardins. Dimanche 1er mai, 15 h-16 h, salle des fêtes, Dietwiller.

DNA-M.M. 19/04/2016

Publié dans Jardin

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