Méfions-nous des discours des ministres avec des cols roulés
Le 14 octobre 2022, sur Nature d'ici et d'ailleurs

René Revol, professeur de sciences économiques et sociales, est également maire de sa commune : Grabels dans l’Hérault. M. Revol est intervenu lors du conseil métropolitain de Montpellier avec cette allocution qui change un peu de ce que les médias nous servent habituellement !

« Je voudrais d'abord faire une petite remarque : méfiez-vous du discours sur la sobriété. Méfiez-vous. Parce que la sobriété, il y en a qui la vivent aujourd'hui et depuis longtemps. Quand on est dans une ville où il y a un habitant sur quatre, dans une métropole où il y en a un sur six, dans une ville comme la mienne, où il y en a un sur cinq qui sont en dessous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire en dessous de 1 000 €, la sobriété dans tous les domaines et dans l'énergétique, elle existe depuis longtemps. Donc méfions-nous des discours des ministres avec des cols roulés qui jouent leur Marie-Antoinette en disant aux gens qu'il faut qu'ils chauffent moins. Parce qu'il y a longtemps qu'ils chauffent moins.

« L'indice des prix intègre des choses que les gens ne consomment pas »

On est confronté à une population aujourd'hui qui se demande, à nouveau, comme au Moyen Âge : est-ce qu'on va passer l'hiver ? » « Donc il faut faire attention. Nous allons appliquer la sobriété écologique et solidaire, et il faut la présenter comme telle. C'est-à-dire que, pendant cet hiver, il faut se battre dans nos communes, là où nous sommes, partout, dans tous les collectifs auxquels on participe, qu'il n'y ait personne qui puisse se retrouver sans chauffage, qui doit arbitrer entre manger et se chauffer. Manger, oui. La hausse des prix alimentaires dans les supermarchés est de 10,6 % en un an et non pas de 6 %.

Parce que l'indice des prix, il intègre des choses que les gens ne consomment pas. En tout cas les milieux populaires. Et donc aujourd'hui, le bouclier tarifaire est lui-même au-dessus du prix de l'électricité que l'on payait il y a deux ans et il va augmenter en janvier de 15 %. Et 15 % dans les petits revenus, c'est beaucoup, cette augmentation. Donc aujourd'hui, il n'y a pas de bouclier alimentaire ou très peu, et ils le subissent de plein fouet. Alors moi je le dis parce que depuis la rentrée, depuis le 1er septembre, on voit arriver dans nos permanences, dans notre activité, dans les CCAS, des gens qui se demandent comment ils vont joindre les deux bouts. »

« Ils revendent cette électricité sur le marché dix fois plus cher pour s'en mettre plein les poches »

La centrale hydroélectrique qui est le long du Rhône, eh bien, elle produit une électricité dont le coût moyen est de 25 € le MWh. Le nucléaire, le photovoltaïque, tout ça, c'est autour de 50-52 € - 55-60 € le MWh. D'accord ? Et à combien se négocie le MWh sur le marché ? Au minimum à 300 €. Donc cela signifie que c'est bien supérieur au coût. Et ils sont obligés. En même temps, d'ailleurs, l'opérateur historique est obligé de vendre à 42 € l'électricité à des revendeurs qui, eux, le revendent sur le marché dix fois plus cher pour s'en mettre plein les poches, alors qu'ils ne produisent pas un seul mégawatt. Ils n'en produisent pas un seul, ils ne font que le négocier. Donc la libéralisation du marché, elle peut être mise en cause. »

René Revol (04.10.2022)

 

 

 

 

 

 

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