Reconfinement Acte II/J 35-VGE
Le 3 décembre 2020, sur Nature d'ici et d'ailleurs

Giscard est mort et vous allez assister, quelques jours durant, à un merveilleux concert de louanges unanimes quant à tout ce que cet aristocrate a réalisé pour son pays ! Il est vrai que sa carrière d’homme politique fut exceptionnellement longue : je ne vais pas la retracer ici : tous les médias vont le faire avec brio et l’ensemble de la classe politique, toutes tendances confondues, va y aller de sa petite phrase, la larme à l’œil…

VGE ici en Namibie : ‘’ Quand un grand animal tombe, on éprouve une sensation de nostalgie, une émotion triste…’’ ce qui ne l’empêchait pas de recommencer bien sûr !

En ce qui me concerne, s’il est une chose qui me hérisse considérablement le poil c’est bien l’hypocrisie et, de l’hypocrisie, je vous le garanti, vous allez en souper ces prochains jours ! Au risque donc de choquer certains adeptes des ‘’conventions’’, une fois de plus, je ne vais pas faire comme tout le monde !

VGE était chasseur ! Un ‘’grand’’ chasseur devant l’éternel, un acharné pour qui la puissance s’affirmait aussi dans la nature ! Il aimait toutes les chasses avec toutefois une prédilection pour le ‘’gros’’ : c’est ainsi qu’il se rendait en Afrique pour buter de l’Eléphant, en Russie pour occire de l’Ours ou du Loup, du Bison en Pologne, le ‘’petit gibier’’ en Auvergne…

Petit extrait d’un article du Canard Enchaîné dans lequel, une fois de plus, on se rend compte de ce que les chasseurs ne cessent de nous rabâcher concernant ‘’l’égalité des chances’’ de l’animal. Cette fois VGE ‘’traque’’ l’ours soviétique : ‘’ Janvier 1964. Invité par Khrouchtchev, l'alors ministre des Finances demande à tirer un ours. C'est la période d'hibernation ? N'importe : on enfume la tanière, l'animal sort en bâillant et pan ! Giscard le fusille courageusement.’’

Un autre ‘’détail’’ sur ce chasseur devant l’éternel : VGE est en Pologne pour y chasser le Bison mais… ‘’ Valéry avait bêtement oublié ses armes à Paris. Elles lui furent apportées par un Mystère 20 du GLAM (Groupe de liaisons aériennes ministérielles). Une passion dévorante qui a d’ailleurs valu au président de la république d’être qualifié de “viandard” par un garde-chasse cité par l’hebdomadaire satirique. Il fut le dernier président de la République à s’adonner aux chasses présidentielles…’’. Voilà qui vous pose un bonhomme pardi !

Je ne résiste pas à vous retranscrire un petit extrait d’un livre que j’ai découvert en… 1977 (1) et qui est à la fois drolatique mais non moins très bien documenté :

‘’Monsieur Giscard d’Estaing, puisque d’Estaing il y a, est chasseur ! Attention, le vrai chasseur, l’homme de la grande chasse, safari, grosse bête, du sérieux. Kuala Lampur est un pays à Tigre. Giscard débarque avec ses fusils à tigre qu’il a si peu l’occasion d’utiliser dans nos Solognes où la myxomatose a tué tous les tigres avant qu’on ait eu le temps de les vacciner. Hélas ! Les Malais […] lui font remarquer que le Tigre se fait rare et qu’il est d’ailleurs strictement protégé. Comme les chouettes chez nous, oui. Le lui font remarquer fermement. Insiste. Rien à faire. Giscard, alors, s’octroie deux jours de vacances en plus […] et fait prévenir le gouvernement de l’Inde qu’on lui mette de côté un tigre, un beau, pas mité, avec les raies comme ceci, comme cela, deux mètres dix sur un mètre cinquante maximum, c’est pour la chambre d’ami… Mais certainement Monsieur, ce sera tout ?

L’Inde est presque sur la route du retour, à peine un petit crochet. En Inde aussi, le tigre est protégé, mais il y a moyen de s’arranger, dans les ‘’réserves’’ discrètes, au nom de l’indéfectible amitié qui unit nos deux grands pays. […] Un indigène tire un tigre au bout d’une ficelle, assez longue la ficelle, élevé au biberon, puis au ronron vitaminé… Giscard est à l’affût, derrière un baobab, le tigre le voit, tend la papatte tout joyeux et… boum ! Cervelle partout ! ‘’Merde, j’aurais dû prendre du quinze. Faudra recoudre la peau de la tête et tachez que les coutures ne se voient pas trop […] Photo : Giscard un pied –botté- sur la tête du monstre ! […] Mais, bon Dieu, pourquoi cet acharnement à tuer, à tuer ce qu’il y a de plus beau, de plus gros, de plus rare ? Ce Giscard, il aurait l’air plutôt moins con que les autres, moins basse crapule, enfin d’après la gueule. Finalement, il a les mêmes plaisirs de charcutier enrichi que son Pompidard fusilleur de sanglier par paquets de douze.

Expliquez-moi ! Le sport ? Tu parles ! On l’amène à pied d’œuvre en voiture, il n’a même pas besoin de déplier son pliant : il y a un larbin pour ça. L’attrait du danger ? Rigolons mes frères : si le tigre, par un incroyable hasard, esquissait un froncement de sourcil, douze mitrailleuses lourdes dissimulées sous les bananiers sauvages l’auraient haché avant qu’il n’ait fini de froncer… Non, ne cherchez pas : c’est simplement pour la gloire et l’honneur de montrer, négligemment, à ses invités la peau d’un tigre […] Quand je vous dis que ces mecs-là sont aussi cons que nous et même davantage, aussi cons que les gros cons de parvenus, vous ne voulez pas me croire. Pourtant, ça en explique des choses.’’

Valéry Giscard d'Estaing, ''grand chasseur'', le 26 janvier 1974 près de Moscou, en Russie... Photo : A. Stuhin/Tass

Voilà évidemment une pure fiction de… Mais, peut-être avez-vous reconnu la gouaille merveilleusement irrévérencieuse de Cavanna qui, pourtant ne croyait pas si bien dire ! En effet, des Tigres nés dans des zoos européens ont, un temps durant, été lâchés dans la jungle indienne lorsqu’un visiteur de marque souhaitait ramener un ‘’beau’’ trophée ! Il semblerait qu’actuellement, les choses aient quelque peu changé… Espérons mais rien n’est moins sûr !

Il n’empêche que, en 1972, VGE s’est rendu à Stockholm pour y rencontrer le Premier ministre et le ministre des Finances suédois. Outre l’aspect très officiel de la visite de l’édile français, il souhaite également –en privé- se faire un Elan mais il rentrera bredouille ! Pour autant, il souhaitait que son désir de tuer un Elan reste secret : pas de bol pour lui, l’affaire s’ébruite et donne quelques articles dans les journaux suédois !

Le chasseur Giscard aimait beaucoup les safaris africains et n’avait pas plus de respect pour les espèces rarissimes locales qu’il n’en avait pour celles d’Inde, de Pologne, de Grèce ou d’ailleurs… Au Kenya, il a abattu des Panthères, ailleurs se seront des Eléphants, des Hippotragues Rouans (une antilope également appelée Antilope Chevaline car sa taille, son allure et sa crinière rappelle le cheval). En Afrique centrale, il traquera l’Eland de Derby, une autre grande antilope… Ah ! Les Eléphants ! Combien notre ex président désormais défunt en a-t-il sur la conscience ? Difficile à dire car, comme pour toutes ses autres victimes animales, lorsque les journalistes ont commencés à trop s’y intéresser, les parties de chasses avec Bokassa et bien d’autres, ont été soigneusement gardées secrètes !

A ceux qui d’aventure voudrait ‘’panthéoniser’’ notre VGE national, il faudra leur rappeler ce pan (pan) de l'histoire au final bien peu glorieux de l’individu…

  1. ‘’Un chasseur nommé Giscard’’ de Jean-Jacques Barloy et Françoise Gaujour (1977-Alain Moreau éditions)

 

 

 

 

 

 

 

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