Les boîtes à livres
On parle ce matin d’un phénomène assez peu documenté, mais observable par beaucoup de Français : la multiplication des "boîtes à livres".
Au début, je n’y ai pas vraiment prêté attention. Je les voyais sans les voir. Mais quand en plein milieu de mes montagnes d’origine, à Belmont d’Uriage, j’ai avisé la vieille cabine téléphonique transformée en bibliothèque partagée, j’ai eu comme une épiphanie. En fait j’en avais vu partout, de ces boîtes à livres improvisées, où les gens mettent à disposition du voisinage les ouvrages dont ils ne veulent plus. J’en ai vu aussi bien dans les parties communes d’immeubles parisiens que sur les places de villages ruraux… On y trouve, eh bien, un peu de tout. De grands volumes reliés, couverture rouge et lettres d’or, avec leurs airs d’encyclopédie. De la bibliothèque verte. Pas mal de livres pour enfants, mais aussi des poches, des sorties du mois, des romans, des essais. De tout, je vous dis.
J’en ai vu aussi bien dans les parties communes d’immeubles parisiens que sur les places de villages ruraux… On y trouve, eh bien, un peu de tout. De grands volumes reliés, couverture rouge et lettres d’or, avec leurs airs d’encyclopédie. De la bibliothèque verte. Pas mal de livres pour enfants, mais aussi des poches, des sorties du mois, des romans, des essais. De tout, je vous dis.
Depuis que j’ai remarqué ces boîtes à livres, j’ai fouillé la presse et l’Internet, et je dois dire que le phénomène est assez peu documenté. Alors je me suis creusé la tête pour savoir de quoi ces boîtes à livres sont le symptôme.
On ne jette pas les livres
Eh bien j’ai dû écarter l’explication politique : comme je vous l’ai dit, c’est une pratique qui concerne aussi bien les habitants de grandes métropoles, que de la France périphérique. Non, je crois qu’on est davantage dans le domaine du signe culturel. Il y a quelque chose en France qui résiste dans le rapport au livre. Oh, je ne suis pas naïve, je sais bien que nous lisons de moins en moins. D’après le ministère de la Culture, en trente ans, la part des Français lisant plus de 20 livres par an, est passé de 27% à 15%. Par ailleurs, nous les conservons de moins en moins chez nous. Peut-être parce que le mètre carré est devenu un produit de luxe. C’est vrai.
Cependant, on ne jette pas les livres. Nous les revendons de plus en plus, mais aussi, donc nous les partageons. Il est intéressant de noter que même les Tracts Gallimard, vous savez, ces brefs essais, imprimés sur du papier recyclé et vendus moins de 4 euros, se retrouvent dans ces boîtes à livres. Ils sont moins chers et moins épais qu’un magazine, oui, mais ce sont des livres. Et donc, on ne les jette pas. Il y a quelque chose de presque anthropologique là-dedans.
Est-ce une particularité française ? Peut-être. En tout cas, une étude Ipsos datant de fin 2022 montrait que notre pays est de loin en première position pour ce qui est du livre comme cadeau de Noël. En effet, 42% des Français interrogées souhaitent offrir des livres. Contre 35% des Espagnols, pays qui arrivait en deuxième position, ou 18% des Américains, ou encore 15% des Singapouriens. Tout ça pour dire, après avoir creusé : ne négligeons pas l’hypothèse que la France puisse être fière de ce phénomène des boîtes à livres qui se répand un peu partout. Une bonne nouvelle pour commencer l’année.
Anne Rosencher, en toute subjectivité
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