En 2024, 20% de nos poubelles sont encore enfouies, et non recyclées

Publié le 20 janvier 2024 par Jean-Louis Schmitt

Beaucoup de gens sont persuadés, et c’était aussi mon cas avant de commencer cette enquête, que toutes nos ordures ménagères sont aujourd’hui incinérées. Et pourtant, ce n’est pas le cas, puisque selon l’Agence de la transition écologique, 20% de nos poubelles sont encore enfouies.

Ça paraît incroyable, mais en 2022, nous avons enterré en France 17 millions de tonnes de déchets ménagers, soit le poids de 1700 Tour Eiffel. Une quantité loin, très loin des objectifs que notre pays s’est fixé, puisque nous sommes censés enfouir moins de 10 millions de tonnes d’ici 2025.

Nous n’en prenons pas vraiment le chemin, d’autant que certains sites d’enfouissement continuent de s’agrandir. J’ai pu le constater notamment aux Pennes-Mirabeau, sur les hauteurs de Marseille, où est installée une ISDND, une installation de stockage des déchets non dangereux, c’est le nom officiel des décharges.

Qu’est-ce qui est enfoui dans les décharges aujourd’hui ? En théorie, les ISDND ne sont censés enterrer que des déchets ultimes, c’est-à-dire qui ne sont pas recyclables ou valorisables. Mais en réalité, c’est autre chose… Je l’ai vu de mes propres yeux aux Pennes-Mirabeau et dans tous les autres sites que j’ai visités : d’innombrables emballages en plastique, en carton et même en verre, continuent d’être enterrés aujourd’hui.

Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas d’incinérateurs partout

Et parce que le tri est soit mal fait, soit carrément inexistant. Par exemple, la décharge des Pennes-Mirabeau enfouit notamment des déchets de la commune d’Aubagne, où les habitants n’ont pas de poubelle de tri à domicile et sont censés déposer eux-mêmes leurs emballages recyclables dans des conteneurs situés en ville. Mais comme très peu de monde le fait, les déchets sont jetés indistinctement dans les ordures ménagères et finissent donc enterrés.

Quels problèmes posent l’enfouissement ?

Une ISDND, ce n’est rien d’autre qu’un énorme trou qu’on remplit de poubelles et qu’on recouvre de terre. Premier problème : le jus de décharge, qui est issu de la décomposition des déchets organiques.

Il ruisselle jusqu’au fond du trou, en se chargeant au passage de tous les polluants. Dans les sites modernes, le bas de la décharge est recouvert d’une membrane en plastique, pour éviter la contamination des nappes phréatiques et des cours d’eau. Mais des accidents et des fuites sont inévitables.

Deuxième souci : le vent, qui fait s’envoler les déchets légers avant qu’ils soient recouverts, et qui propage dans la nature des milliers de sacs plastiques.

Enfin, troisième problème : le méthane, ce gaz au très fort pouvoir de réchauffement, qui est produit là encore par la décomposition des ordures. Certaines décharges récupèrent ce gaz et l’utilisent pour produire de l’énergie, d’autres le brûlent sur place

Mais dans tous les cas, une partie du méthane s’échappe dans l’atmosphère, parfois même plusieurs décennies après la fermeture des sites d’enfouissement. Autant dire que si l’on veut arrêter de léguer ces cadeaux empoisonnés à nos enfants et petits-enfants, il y a urgence à réduire notre volume de déchets et à appliquer la loi. Puisque depuis le 1er janvier les collectivités doivent proposer une solution pour collecter les déchets alimentaires, ce qui est très peu fait pour l'instant.

Hugo Clément, en toute subjectivité

Une enquête à retrouver dans l’émission "Sur le front" le lundi 22 janvier à 21 heures sur France 5.

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