Pesticides : demain, on arrête...
Chaque semaine, Célia Quilleret revient sur ce qui l’a marquée, un coup d'œil dans le rétro de l'actu environnement Aujourd'hui, l’usage des pesticides. Visiblement, il est bien compliqué de s'en débarrasser…
‘’Le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, a présenté lundi son nouveau plan de réduction des pesticides. Nom de code : ‘’Ecophyto’’. Photo : Getty-Pramote Polyamate
Les épandages et les pulvérisations de pesticides toujours autorisés pourront continuer bon train jusqu’en 2030, au moins. Le ministre de l'agriculture, Marc Fesneau, a présenté lundi son nouveau plan de réduction des pesticides. Nom de code : Ecophyto. Nous en sommes à la troisième version, et l'objectif, diminuer de 50% l'usage de ces produits, herbicides, fongicides, est sans cesse repoussé. En 2008, la France avait déjà promis de diviser par 2 les volumes consommés d'ici 2018, raté !
L'objectif est reporté à... 2025. Finalement ce sera 2030 : c'est un peu comme la cigarette, demain j'arrête... Cela fait 15 ans qu'on essaye, on n'arrive même pas à réduire notre consommation par deux. Et pourquoi ce nouveau report, le gouvernement ne peut-il pas tenir ses objectifs ? Il faut prendre sa loupe et regarder le nombre de doses de pesticides répandus à l'hectare, le « NODU ». En 2022, le chiffre est plus élevé qu'en 2009 ! L'augmentation est même de 9% entre 2021 et 2022. Au lieu de la diminuer, on a augmenté notre dépendance. Pourquoi ? Pour certains députés, c'est un manque d'ambition pour changer de modèle agricole, les lobbies sont trop forts. L'Etat rajoute 250 millions d'euros dans le PLF 2024 pour aider les agriculteurs mais sous-finance le bio.
Et en plus l'Etat a été condamné par la justice en juin dernier, ça ne le pousse pas à agir ? C'est l'affaire "Justice pour le vivant" ! Le tribunal administratif de Paris a reconnu l'Etat coupable d'un préjudice écologique, l'effondrement du vivant, à cause des pesticides. Une première mondiale, en juin, mais depuis, rien, le grand vide. L'Etat a fait appel. Un professeur de droit public s'interroge : comment le gouvernement peut-il ainsi ignorer une décision de justice ? Contactés, les ministres ont bien du mal à parler de ce sujet, trop sensible.
Et dans votre viseur, Emmanuel Macron organise un sommet inédit sur les pôles et les glaciers... Oui le « One polar summit », mercredi au Muséum national d’Histoire naturelle après le « One planet summit », le « One ocean summit »... C'est la nouvelle initiative de l'Elysée ! Une quarantaine de pays sont attendus, mais pas la Russie, exclue à cause de la guerre. Comment protéger l'Arctique sans elle, compliqué ! La France veut sauver les glaciers, châteaux d'eau naturels, en danger, mais est-elle prête à les sanctuariser ?
Seuls 60% sont sous protection forte dans l’hexagone. J'évoquais ici le projet contesté du téléphérique de La Grave sur un glacier emblématique des Hautes Alpes, la Girose, mais le gouvernement ne veut pas s'y opposer. En aparté, Christophe Béchu ne parle pas de « paradoxe » mais « d'accroc dans la cohérence », voyez la nuance. Pas facile de protéger les glaciers quand on veut aussi aménager les sommets. La décision avait été prise avant ce sommet.
Si vous avez apprécié cette publication,
partagez-là avec vos amis et connaissances !
Si vous souhaitez être informé dès la parution d’un nouvel article,
Abonnez-vous !
C’est simple et, naturellement, gratuit !