La mystérieuse disparition d'un rapport sur le glyphosate
Les États européens, dont la France, devait voter le 16 novembre quant à la réautorisation du glyphosate. Le pesticide a fait l'objet d'un rapport en 2016 dont une partie a disparu.
L’histoire commence en 2015, quand le Centre international de recherche sur le cancer, l’organisme mondial de référence, décide de classer le glyphosate comme cancérogène probable. Suite à cela, pour y voir plus clair sur ce célèbre herbicide, le gouvernement français commande en 2016 un rapport à l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire.
La première partie de ce rapport est publié, mais la seconde partie disparaît dans la nature. Comme l’a révélé le journaliste du Monde Stéphane Foucart, elle n’est ni publiée, ni rejetée, juste, elle disparaît.
Que disait ce rapport ? Pourquoi n’a-t-il jamais été rendu public ? Eh bien pour la première fois, nous avons un élément de réponse. Le média Vakita a interrogé le toxicologue Bernard Salles, l’un des chercheurs qui a travaillé sur la rédaction du rapport disparu.
Bernard Salles explique que le document volatilisé évaluait la génotoxicité du glyphosate, c’est-à-dire les effets potentiellement nocifs de ce produit sur l’ADN humain. Bernard Salles raconte qu’en se basant sur les études scientifiques, il penchait en faveur de la génotoxicité du glyphosate. Selon lui, il y avait un risque ! Mais au sein du groupe d’experts, un autre homme ne partageait pas du tout cet avis et estimait au contraire que le glyphosate n’était pas génotoxique. Selon Bernard Salles, ce désaccord est peut-être l’une des raisons pour lesquelles le rapport n’a jamais été publié.
Le chercheur dont parle Bernard Salle et qui aurait, selon lui, défendu le glyphosate, c’est Fabrice Nesslany, un ancien chef de service à l’Institut Pasteur de Lille. Et devinez quoi ? Le laboratoire de Fabrice Nesslany était à l’époque lié par des contrats avec le groupe Arkema, un géant de la chimie qui commercialise notamment des adjuvants utilisés avec le glyphosate. Vous voyez le problème ? Un chercheur qui travaille avec un industriel lié au glyphosate fait partie d’un comité d’experts chargés d’étudier la dangerosité du glyphosate…
L’histoire ne s’arrête pas là. En 2018, deux ans après l’étrange disparition du premier document, le gouvernement revient à la charge et demande à nouveau un rapport sur le glyphosate à l’Agence de sécurité sanitaire. Et ce nouveau rapport est confié à… roulement de tambours… Fabrice Nesslany. Mais là encore, le document ne sera jamais publié, car Fabrice Nesslany est alors soupçonné de favoritisme. Il est depuis parti dans le privé, et quand le média Vakita l’interroge sur le rapport disparu de 2016, il dit n’en avoir aucun souvenir… Cette affaire est très embarrassante pour l’agence de sécurité sanitaire. A tel point que la chercheuse Catherine Dargemont, qui a fait partie de son conseil scientifique, parle aujourd’hui de « fiasco complet ».
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