Comment protéger les dauphins victimes de la pêche ?
Une hécatombe est provoquée par les navires de pêche. En chassant le poisson pour se nourrir, les dauphins se retrouvent au milieu des zones de pêche, ils s’emmêlent dans les filets et meurent asphyxiés.
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Comment protéger les dauphins victimes de la pêche ? Photo : Mike Korostelev
L’observatoire Pélagis, spécialisé dans l’étude des cétacés, estime qu’entre 5000 et 10 000 dauphins sont ainsi tués chaque année sur notre façade Atlantique, une partie d’entre eux s’échouant ensuite sur les plages. Ce massacre a valu à la France des mises en demeure de l’Union européenne, et en mars dernier, le Conseil d’État a ordonné au Gouvernement de suspendre la pêche dans certains secteurs pour épargner les dauphins.
Forcé à agir par la justice, le secrétaire d’État chargé de la mer, Hervé Berville, vient d’annoncer son plan pour, je cite, « réduire les captures accidentelles de petits cétacés ». Pour répondre à la demande du Conseil d’État, Hervé Berville a publié un arrêté qui impose la suspension de la pêche dans 75% des eaux françaises de la façade Atlantique-Manche pendant un mois, entre le 22 janvier et le 20 février, période où la mortalité des dauphins est particulièrement élevée. Alors les scientifiques préconisaient plutôt 4 mois de fermeture, et non un seul, mais c’est quand même une mesure inédite.
Ça ne s’est jamais fait en France. Sur le papier, c’est assez ambitieux. Mais en réalité, quand on regarde le détail de l’annonce, on se rend compte que le Gouvernement a mis en place des dérogations, qui risquent de rendre cette fermeture des zones de pêche totalement inefficace. Dans son arrêté, le secrétaire d’Etat chargé de la mer précise en effet que l’interdiction de pêche ne s’appliquera pas aux navires équipés de « dispositifs de réduction des captures accidentelles ».
Cela fait référence aux pingers, des appareils accrochés sur les filets qui émettent un son censé faire fuir les dauphins. Sauf que les scientifiques sont très sceptiques sur l’efficacité de ces engins : ils manquent de recul et de données pour savoir si ça marche. D’ailleurs, en 2020, l’association Sea Shepherd France a filmé un chalutier français équipé de pingers en train de remonter son filet, avec un dauphin mort à l’intérieur. L’animal s’était fait piéger malgré la présence des appareils répulsifs.
Il y a d’autres dérogations : les navires équipés de caméras pourront eux aussi éviter l’interdiction de pêche et partir en mer comme d’habitude, alors que cela ne change rien en termes de captures. Bref, selon les associations, le Gouvernement ne répond pas du tout aux demandes du Conseil d’État et des scientifiques. Elles craignent une nouvelle hécatombe de dauphins cet hiver et elles vont saisir à nouveau la justice.
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