Le Coup de Sainte-Soline
Pour justifier la dissolution des « Soulèvements de la Terre », le gouvernement Macron adresse une note au conseil d’état reprochant à ces militants de la Nature des violences et désordres notamment à Sainte-Soline, lors d’une fameuse manifestation contre les méga-bassines de la FNSEA…
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Église Saint-Maixent de Sainte-Soline-Commune de 350 habitants des Deux-Sèvres 79120/Source : Wikipédia
Partons toujours des faits pour mesurer l’ampleur du montage gouvernemental. A la veille de la manifestation à l’encontre de la privatisation de l’eau, le ministre de l’intérieur informait que des « éléments incontrôlés » viendraient à Sainte-Soline pour « attaquer la République ». 3200 gendarmes suréquipés étaient déployés sur site. Or, ce petit village dont le nom sortait de l’anonymat à cette occasion ne comporte pas la moindre institution de la République. Comment attaquer la République dans ce modeste site du rural très profond ?
Qu’importe, le ministre savait que de méchants anarchistes, de dangereux gauchistes, des trublions professionnels s’en prendraient à la République là où elle n’était pas. A défaut de ministères, de palais présidentiel ou de sièges des assemblées légiférantes, qu’y avait-il à Sainte-Soline justifiant le déploiement d’une armée de gendarmes mobiles ?
Un simple trou dans un champ destiné, à terme, à recevoir une bâche plastique et de l’eau pour quelques maïssiculteurs locaux. Quel était l’enjeu vital de la bataille programmée ? La République serait-elle un vulgaire trou agricole pour le ministre de l’intérieur ? Ce banal trou à défendre ne méritait ni le coût d’une mobilisation en hommes et en matériels dépassant toute raison, ni les probables blessés graves que généreraient des affrontements avec les milliers de manifestants attendus.
Il est permis de s’interroger sur les motifs de cette dramaturgie programmée, précédée d’annonces trompettées sur l’arrivée des affreux voyous, ennemis de la République et du sage ordre public. Rappelez-vous : Cette manifestation écologique, dans un cadre champêtre, a priori pacifique, intervenait dans un contexte délicat pour le pouvoir politique, à savoir la crise sociale des retraites. Les syndicats manifestaient depuis des mois et l’opinion publique ne décrochait pas, soutenant le mouvement des salariés. Sans doute fallait-il réveiller le vil parti de la peur et de l’ordre, fut-il injuste, le parti des timorés répondant toujours à l’appel de tous les pouvoirs de tous les temps.
Que les incidents sont jolis lorsqu’ils permettent d’effaroucher les pleutres et de les rassembler sous la bannière du pouvoir en place quel qu’il soit. Je ne suis pas dans la confidence des politiciens et je ne formule ici qu’une tentative d’explication de ce qui resterait par ailleurs absurde. Hypothèse, mais comment comprendre cette incroyable débauche de forces publiques en cette minuscule affaire !
A Sainte-Soline, il n’y avait aucun enjeu, aucun risque, aucune institution de la République, rien qui justifiat cette mobilisation sans précédent des forces de l’ordre. Je n’adresserai qu’un très amical reproche aux organisateurs de la manifestation. Celui de n’avoir pas compris le piège tendu par un pouvoir embarrassé par une interminable crise sociale.
Le trou dans le champ ne présentait aucun intérêt pour personne.
Il suffisait de ne pas s’en approcher pour occasionner à Monsieur le ministre de l’intérieur une immense déception, celle d’avoir mobilisé la République pour rien. Et voilà le piètre argument invoqué par le pouvoir Macronien pour obtenir la dissolution des « Soulèvements de la Terre ».
Ajoutez-y quelques graffitis ici ou là, ou des actions spectaculaires mais dénuées de violences et ils veulent bâillonner ceux qui résistent à leurs dévastations au nom du vivant et de sa merveilleuse diversité, tout en passant sous silence les innombrables exactions passées des très minoritaires mais très tapageurs et violents lobbies agrariens.
Le rapporteur du conseil d’état retient ces griefs. J’ignore ce que fera dans quelques jours le conseil d’état et je ne suis pas un animateur des « Soulèvements de la Terre ». Je leur exprime mon soutien et en toute hypothèse les encourage à poursuivre le combat juridique, au besoin devant la cour européenne des droits de l’homme, cour dont Monsieur le ministre de l’intérieur ne goûte guère les arrêts selon de récentes déclarations qui m’inquiètent. Serait-ce l’annonce d’une dérive autoritaire du pouvoir ?
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Urgent : la Nature et la liberté d’expression doivent être défendues.
Gérard Charollois/Convention Vie et Nature
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