Ils ont les mains sales et nous, la nausée
La France pâtit de la classe politique la plus corrompue des grandes démocraties occidentales. Je ne me livrerai à aucune critique de tel ou tel individu public mais je dois simplement évoquer des faits, rien que des faits, les attaques contre les personnes étant toujours dégradantes et vaines…
Des anciens président de la république et premiers ministres alimentent les chroniques judiciaires correctionnelles et plus révélateur, ces personnages inquiétés par la justice pour leurs turpitudes, loin de désirer s’expliquer devant leurs juges, multiplient les incidents subalternes de procédure pour gagner des années avant de comparaître, trahissant ainsi leur culpabilité. Si vous ou moi, gens honnêtes, étions injustement accusés de faits délictueux, nous souhaiterions au plus vite faire la lumière, nous expliquer et voir reconnaître notre innocence. Mais ces très petits hommes fuient la justice par les artifices de procédures.
Un adage judiciaire illustre ce phénomène : le code pénal est celui des honnêtes gens, le code de procédure pénale est celui des truands. Et voici tel homme politique condamné par la justice pour des délits financiers, réhabilité en membre du conseil constitutionnel, tel ancien président usant d’un pseudonyme et d’un téléphone d’emprunt pour échapper au contrôle de la justice et lui dissimuler quoi, tel autre qui doit comparaître devant une juridiction pénale tout en exerçant des fonctions ministérielles, et j’en oublie !
Par-delà les affaires individuelles que je ne traite pas ici mais évoque comme simples illustrations, il faut constater une relative accoutumance de nos concitoyens, « sujets du marché », qui considèrent quasi normale et inéluctable cette gangrène de l’État. Un couple municipal put régner sur une commune durant des décennies malgré la notoriété de ses malversations et ce en conservant une remarquable popularité. Au fond, beaucoup pensent qu’il est normal d’être cupide, crapuleux, opportuniste, débrouillard et de profiter de ses fonctions pour favoriser ses intérêts et ceux de ses copains. C’est comme si la France avait un odorat altéré par un méchant Covid trop long. Trop de ceux qui gouvernent perdent le sens de l’état, bafoue la dignité de leurs fonctions, l’avilissent en ne respectant pas l’état de droit et l’autorité de chose jugée.
Ce phénomène est aggravé par le caractère monarchique de l’actuel régime politique dans lequel l’exécutif entend monopoliser tous les pouvoirs. Ces personnages à l’éthique « fatiguée » ne souffrent aucun contre-pouvoir et méprisent les corps intermédiaires. Je mentionne ici, derechef, l’invraisemblable et édifiante affaire dite de la « déviation de Beynac », projet routier très, très, cher à un élu local. Cette route a été jugée contraire à l’intérêt général par le conseil d’état.
Loin de respecter la chose jugée, des politiciens tentent par un « cavalier » législatif d’offrir à leur collègue sa route, via un projet de loi sur l’industrie verte, sans aucun rapport avec les infrastructures routières. Une telle manœuvre, bien peu conforme au droit constitutionnel et au droit européen, est-elle de gauche ou de droite ? Non, elle n’est que mafieuse et illustre la corruption ordinaire des institutions et le fait que la classe politique s’affranchit des normes ordinaires, bonnes pour les citoyens ordinaires.
Comment nos concitoyens pourraient-ils demeurer civiques dans une telle république des copains et des coquins ? Ces gens-là redoutent une salutaire opération « mani pulite », mains-propres, qui débarrassa partiellement l’Italie des collusions entre certains partis politiques et le banditisme, d’où leur dénonciation préventive de la république des juges. Or, nous sommes encore loin du nettoyage des écuries d’Augias, car une fraction du public conserve des sympathies pour leurs leaders nonobstant leurs turpitudes avérées.
Par ailleurs, les astuces du code de procédure pénale permettent aux brillants avocats des anciens dirigeants de retarder de quelques décennies leurs jugements définitifs, de quoi achever une lucrative carrière dans le monde des « affaires ». L’intérêt général, le bien public, la préservation de la biodiversité ne seront assurés que par une classe dirigeante honnête. Désolé de devoir vous dire que la Terre promise n’est pas en vue ! Les faits, l’objectivité et l’honnêteté dont sont privés ces individus conduisent à remettre les choses à leurs places. La république française aurait bien des leçons de droit, de probité et de morale publique à recevoir des autres démocraties.
Il n’en demeure pas moins que la comparaison pourrait nous consoler en contemplation de régimes autoritaires, criminels aux mains de gangsters et de dictateurs qui ne se contentent pas de s’enrichir, de fausser les élections par le jeu de l’argent, mais qui tuent et emprisonnent leurs opposants. Bref, nous sommes les plus mauvais élèves de la grande école de la démocratie mais il y a pire, ce dont nous ne saurions nous satisfaire. Il faudrait changer les hommes mais aussi les institutions pour rééquilibrer les pouvoirs et assurer plus de contrôle effectif sur la classe politique gouvernante.
Gérard Charollois/Convention Vie et Nature
Si vous avez apprécié cette publication,
partagez-là avec vos amis et connaissances !
Si vous souhaitez être informé dès la parution d’un nouvel article,
Abonnez-vous !
C’est simple et, naturellement, gratuit !