La population irlandaise de Râles des genêts a augmenté de 35 % depuis 2018

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Grâce notamment aux mesures prises dans le cadre du Corncrake Traonach Life Project, le nombre de mâles chanteurs a dépassé pour la première fois depuis dix ans la barre des 200…

Râle des genêts (Crex crex)

Le Râle des genêts (Crex crex) est un oiseau migrateur, discret et farouche appartenant à la famille des rallidés. Le chant typique du mâle (un « krek-kerr» répété inlassablement) retentit du crépuscule à l’aube en mai et en juin dans les prairies et les champs. La femelle niche au sol dans la végétation haute. Autrefois commune, l’espèce subit depuis plusieurs décennies un déclin marqué dans la plupart des pays d’Europe occidentale à cause de l’intensification de l’agriculture, des fauches précoces fatales aux jeunes et même aux adultes, de la transformation des prairies humides en cultures ou en peupleraies et de l’activité d’extraction de granulats dans les vallées alluviales.

En France, le Râle des genêts est intégralement protégé et est inscrit sur la Liste Rouge des espèces menacées, mais malgré cela, sa population est en baisse constante depuis quarante ans : 223 mâles chanteurs ont ainsi été comptés en 2020, contre de 344 à 359 en 2012, de 495 à 551 en 2009, de 1 140 à 1 280 en 1998 et 2450 dans les années 1980. Il survit actuellement dans quelques vallées alluviales, par exemple dans les Basses Prairies Angevines (lire Louis-Marie Préau et le livre « Basses Vallées Angevines, nature discrète et sauvage ») ou dans celle de l’Oise (lire Observer le Râle des genêts dans la vallée de l’Oise).

En Écosse, qui constitue le bastion de l’espèce en Grande-Bretagne, l’espèce décline également : en 2022, la RSPB Scotland n’a recensé que 824 mâles chanteurs, contre 850 en 2021 et un record de 1 289 en 2014 (lire). Ces résultats sont toutefois contrastés selon les secteurs : l’espèce est ainsi en progression dans les Hébrides intérieures (+ 3,7 % par rapport à 2021), alors qu’elle est en forte baisse dans les Hébrides extérieures (- 10,1 %). Les agriculteurs sont soutenus par le Gouvernement écossais pour favoriser la conservation de l’espèce, mais le système de financement agricole a changé suite au Brexit.

La tendance est différente en Irlande. Sur le site web du Gouvernement, le ‘’Department of Housing, Local Government and Heritage’’ a présenté le 9 août 2023 les résultats encourageants du dernier recensement national effectué par le National Parks and Wildlife Service (NPWS) : la population irlandaise de Râles des genêts a augmenté de 35 % au cours des cinq dernières années, atteignant 218 mâles chanteurs cette année et dépassant pour la première fois depuis dix ans la barre symbolique des 200 territoires occupés. Le nombre de mâles a même augmenté de 15 % en un an dans les principales zones de reproduction de l’espèce dans le comté de Donegal, de Mayo et de Galway.

Râle des genêts (Crex crex)

Le Corncrake/Traonach LIFE Project, un projet sur cinq ans financé par l’Union Européenne et coordonné par le NPWS, a soutenu plusieurs mesures pour empêcher le déclin du Râle des genêts en impliquant 250 agriculteurs et propriétaires fonciers représentant près de 1 500 hectares. Parmi les actions qui semblent avoir été efficaces figurent la création de bandes d’orties et de cultures servant d’abris aux râles, le report de la fauche à la mi-août pour épargner les couvées et la pratique de la coupe du centre vers l’extérieur des prairies pour réduire la mortalité des poussins (jusqu’à – 60 %). Des subventions ont été distribuées pour soutenir les exploitants impliqués. D’autres actions sont prévues, comme la mise en place d’une fiche notant la qualité d’une parcelle (« corncrake habitat scorecard« ) en fonction de différents paramètres (richesse et structure de la végétation, etc.).

Ciaran Reaney, qui coordonne le programme de conservation pour le NPWS, a précisé que l’espèce avait récemment colonisé de nouvelles zones dans les comtés de Sligo et de Kerry ainsi que des secteurs situés en dehors du périmètre du projet LIFE, confirmant l’efficacité de ce dernier. Un mâle chanteur a même été noté durant l’été 2023 sur les îles d’Aran, une première depuis sa disparition il y a plus de 25 ans dans cet archipel situé dans le comté de Galway.

John Carey, qui gère le projet Corncrake LIFE et supervise le programme pour le NPWS, a indiqué que la prise en compte des risques de prédation et les échanges constants avec les agriculteurs et les communautés locales étaient très importants. Les actions de conservation sont désormais menées toute l’année et pas seulement durant la période de nidification du râle, comme c’était autrefois le cas. Le NPWS s’est engagé à poursuivre l’application des mesures du projet Corncrake LIFE même après son échéance en 2025.

Ornothomedia.com

 

 

 

 

Si vous avez apprécié cette publication,

partagez-là avec vos amis et connaissances !

Si vous souhaitez être informé dès la parution d’un nouvel article,

Abonnez-vous !

C’est simple et, naturellement, gratuit !

 

 

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Merci pour cette découverte et bonne nouvelle.<br /> Et la fauche de l'intérieur du pré vers l'extérieur a aussi le mérite de laisser échapper faons et autres animaux qui ne finissent pas découpés en steak par les disques de fauche
Répondre
Z
Comme quoi , c'est possible si on se donne les moyens et qu'il y a une vraie volonté politique! <br /> Amitiés Jean-Louis
Répondre
B
Une bonne nouvelle pour ce bel oiseau que je ne connaissais pas...<br /> Merci pour ce partage que je partage aussi<br /> Bonne fin de semaine Jean-Louis
Répondre
M
Comme quoi quand il y a une véritable volonté de restaurer la biodiversité et qu'on y met des moyens on peut y arriver. mais il faut que tout le monde s'implique comme ici.
Répondre