Protéger la nature comme on protège nos vieilles pierres
La semaine dernière, la France entière s’est indignée du sort de plusieurs menhirs à Carnac, en Bretagne, détruits pour construire un magasin de bricolage. Il est normal de se fâcher quand on porte atteinte à un monument. Mais contraste avec la manière dont nous considérons notre patrimoine naturel.
Les zones humides en voie de disparition…
Des dizaines d’articles, des reportages dans les JT, des milliers de tweets (dont le mien), d’innombrables réactions politiques, et on a même vu Éric Zemmour se déplacer pour faire une opération de communication. Force est de constater que les Français sont, à raison, très attachés à leur patrimoine architectural
Bien sûr, il est normal de se fâcher quand on porte atteinte à une église, un château, une bâtisse historique, ou un menhir. Mais le contraste est saisissant avec la manière dont nous considérons notre patrimoine naturel. Car, chaque semaine dans notre pays, des zones humides, des tourbières, des terres agricoles ou des parcelles de forêt sont détruites, sans que cela ne suscite la moindre polémique.
Alors oui quelques associations protestent, il y a parfois des articles dans la presse locale, mais la plupart du temps, ça s’arrête là. Ni sujets dans les JT, ni déferlement de tweet, ni indignation nationale, ni déplacement de responsables politiques.
Est-ce qu’on s’intéresse moins aux arbres qu’aux menhirs ?
C’est le moins que l’on puisse dire.
Avez-vous entendu parler des 27 espèces protégées et des 20 hectares de forêts qui vont être détruits à Fuveau, dans les Bouches-du-Rhône, pour construire des villas de luxe ?
Avez-vous entendu parler des centaines d’arbres qui doivent être abattus à Grignan, dans la Drôme, pour installer des panneaux solaires ?
Avez-vous entendu parler des prairies humides et des haies bocagères près de Salon-de-Provence, qui abritent une biodiversité remarquable, mais qui vont disparaître pour construire deux entrepôts logistiques ?
Avez-vous entendu parler de Paul Guy, 92 ans, le plus ancien maraîcher d’Anglet, au Pays Basque, qui va être exproprié pour qu’un technopôle soit installé à la place de ses terres ?
Avez-vous entendu parler des 78 hectares de forêt équatoriale qui risquent d’être défrichés en Guyane pour bâtir une centrale photovoltaïque ?
Avez-vous entendu parler de la zone humide d’Argentré-du-Plessis en Île et Vilaine, qui a été saccagée lors de travaux de terrassement, détruisant tout l’écosystème sensible qui s’y trouvait ? Je pourrais continuer comme ça pendant des jours.
Car en réalité, nous sacrifions beaucoup plus facilement la nature que nos vieilles pierres. Pourtant, non seulement les espaces naturels ont une valeur patrimoniale, culturelle et historique, pensez aux vieilles forêts où sont nés les contes et les légendes, mais en plus, nous ne pouvons pas vivre sans eux. Il est temps de traiter la nature avec la même attention et le même respect que Notre-Dame de Paris ou les menhirs de Carnac.
Hugo Clément
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