Protéger la nature comme on protège nos vieilles pierres

Publié le par Jean-Louis Schmitt

La semaine dernière, la France entière s’est indignée du sort de plusieurs menhirs à Carnac, en Bretagne, détruits pour construire un magasin de bricolage. Il est normal de se fâcher quand on porte atteinte à un monument. Mais contraste avec la manière dont nous considérons notre patrimoine naturel.

Les zones humides en voie de disparition…

Des dizaines d’articles, des reportages dans les JT, des milliers de tweets (dont le mien), d’innombrables réactions politiques, et on a même vu Éric Zemmour se déplacer pour faire une opération de communication. Force est de constater que les Français sont, à raison, très attachés à leur patrimoine architectural

Bien sûr, il est normal de se fâcher quand on porte atteinte à une église, un château, une bâtisse historique, ou un menhir. Mais le contraste est saisissant avec la manière dont nous considérons notre patrimoine naturel. Car, chaque semaine dans notre pays, des zones humides, des tourbières, des terres agricoles ou des parcelles de forêt sont détruites, sans que cela ne suscite la moindre polémique.

Alors oui quelques associations protestent, il y a parfois des articles dans la presse locale, mais la plupart du temps, ça s’arrête là. Ni sujets dans les JT, ni déferlement de tweet, ni indignation nationale, ni déplacement de responsables politiques.

Est-ce qu’on s’intéresse moins aux arbres qu’aux menhirs ?

C’est le moins que l’on puisse dire.

Avez-vous entendu parler des 27 espèces protégées et des 20 hectares de forêts qui vont être détruits à Fuveau, dans les Bouches-du-Rhône, pour construire des villas de luxe ?

Avez-vous entendu parler des centaines d’arbres qui doivent être abattus à Grignan, dans la Drôme, pour installer des panneaux solaires ?

Avez-vous entendu parler des prairies humides et des haies bocagères près de Salon-de-Provence, qui abritent une biodiversité remarquable, mais qui vont disparaître pour construire deux entrepôts logistiques ?

Avez-vous entendu parler de Paul Guy, 92 ans, le plus ancien maraîcher d’Anglet, au Pays Basque, qui va être exproprié pour qu’un technopôle soit installé à la place de ses terres ?

Avez-vous entendu parler des 78 hectares de forêt équatoriale qui risquent d’être défrichés en Guyane pour bâtir une centrale photovoltaïque ?

Avez-vous entendu parler de la zone humide d’Argentré-du-Plessis en Île et Vilaine, qui a été saccagée lors de travaux de terrassement, détruisant tout l’écosystème sensible qui s’y trouvait ? Je pourrais continuer comme ça pendant des jours.

Car en réalité, nous sacrifions beaucoup plus facilement la nature que nos vieilles pierres. Pourtant, non seulement les espaces naturels ont une valeur patrimoniale, culturelle et historique, pensez aux vieilles forêts où sont nés les contes et les légendes, mais en plus, nous ne pouvons pas vivre sans eux. Il est temps de traiter la nature avec la même attention et le même respect que Notre-Dame de Paris ou les menhirs de Carnac.

Hugo Clément

 

 

 

 

 

 

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B
Merci à Hugo Clément<br /> Tout est dit...<br /> Hélas !!!<br /> Il serait grand temps de traiter la nature avec la même attention et le même respect que Notre-Dame de Paris ou les menhirs de Carnac<br /> Hier soir, balade de 7 km autour de l'Etang des Landes en Creuse, Réserve Naturelle Nationale, à la biodiversité exceptionnelle, avec affuts et sentiers pour observer les oiseaux... Protégée pour l'instant... Souhaitons que ça dure...
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D
C’est juste ; nous protégeons , plus ou moins , le passé ….mais sacrifions l’avenir !
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Z
C'est désespérant!
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J
C’est vrai ! L’info ne circule probablement pas comme il le faudrait pour alerter sur ces malfaisances qui vont toujours dans le sens du bétonnage et du profit avec également des prises de décisions assez douteuses de la part d’élus locaux donnant l’impression d’agir aux ordres tant ils ont peu d’arguments pour la défense de leurs projets malheureux. <br /> Comme je l’ai entendu très récemment à la radio et avec une dose d’humour ironique à prendre en compte, vivement que l’on pose ces questions de l’utilité de ce genre de travaux dévastateurs à l’intelligence artificielle … cela évitera bien des soucis dus à la mauvaise foi humaine et à sa connerie inébranlable.
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J
L’immobilisme n’est pas la solution non plus. Les châteaux, les églises et tous nos monuments ont été reconstruits, modifiés, détruits de nombreuses fois dans le passé et notre paysage n’a plus rien d’originel. La France et presque toute l’Europe sont des jardins maintes fois modifiés. Alors tout est une question d’équilibre et de compromis. L’évolution est nécessaire même si Mère Nature doit être prise en compte de plus en plus.
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