A la découverte du pistage dans la neige (1)
Rendez-vous avec la photographe naturaliste et spécialiste du pistage animal Sandra Bérénice Michel. C’est la Minute Nature : la montagne est couverte de neige, il est temps de jouer les détectives…
/image%2F1972810%2F20230125%2Fob_f8e250_20230125-005.png)
Sandra Bérénice Michel et Julien Perrot sur les traces de… (Image extraite de la Minute Nature n° 333)
Une neige précieuse
Reconnaitre les traces d'animaux dans la neige peut parfois se rapprocher d'une enquête. Mais pour cela, il faut que la neige tombe suffisamment. La neige est de plus en plus rare et précieuse. Si vous aimez le froid et que vous voulez lutter contre le changement climatique, vous pouvez arrêter de prendre l'avion, manger moins de viande et vivre et consommer local le plus possible.
Jeu de piste
Dans cette station de Savoie, la neige tombe en altitude, je pars donc rejoindre la photographe et pisteuse Sandra Bérénice Michel pour une initiation au pistage. Elle est déjà en train d'examiner une piste. "Déjà au bord de la route il y a des empreintes. Mais la neige nous dit qu'il faut rester modeste. Le manteau blanc est tellement épais qu'on a du mal à reconnaitre ces empreintes. On ne voit plus qu'un creux et la distance entre les pas. Cela pourrait un renard, un chien ou même un blaireau ... Mystère."
Nous nous préparons à continuer à grimper. Avant cela, Sandra explique la règle d'or du pistage : rester sur les sentiers. "Quand on commence le pistage animalier, le mieux c'est de rester sur les chemins, surtout l'hiver, pour deux raisons. La première c'est que la faune a besoin de rester en quiétude l'hiver. Les chutes de neige fatiguent beaucoup les animaux. Ils sont habitués à voir des humains sur les chemins, mais pas ailleurs. Cela les épuiserait de fuir dans la neige épaisse face à une menace inhabituelle. La deuxième raison est stratégique. Poursuit la pisteuse. En passant par les chemins, on coupe des voix. Les animaux empruntent ou découpent les chemins. Ça va nous permettre de voir le plus de pistes possible." Rester sur les sentiers permet donc de voir le plus d'empreintes sans déranger les animaux.
Nous continuons à grimper. Assez vite, trois pistes se détachent sur la neige. Elles sont fortement recouvertes par la neige. On ne distingue plus que des formes vagues et arrondies. Les impressionnants talents de pistages de Sandra rentrent alors en jeu. "Cette première piste mystérieuse pourrait être celle d'un renard. Les dimensions des empreintes correspondent. En plus, l'allure de la piste indique qu'il trotte légèrement comme le ferait ce petit canidé. "L'autre piste est plus simple à reconnaitre avec cette vague forme de Y, c'est le lièvre. On ne peut pas savoir si c'est le lièvre brun ou le lièvre variable, car les deux cohabitent à cette altitude. Au milieu, on voit bien des grosses pattes qui filent tout droit. Enthousiaste, Sandra marque une pause. On n'a pas de difficulté à imaginer que c'est un grand canidé. La ligne bien droite fait clairement penser à un chien ou un loup. Mais le chien aurait les pattes légèrement écartées. Cette piste est très droite, je pense donc qu'un loup est passé ici."
Après 30 mètres sur la route, nous avons observé les pistes de trois espèces, dont le loup ! Nous poursuivons l'ascension, il est temps de se faire discret à l'approche de la zone forestière. Nous espérons trouver des traces plus fraiches et plus faciles à reconnaitre.
/image%2F1972810%2F20230125%2Fob_e82418_20230125-003.png)
(Image extraite de la Minute Nature n° 333)
Comment reconnaitre les traces des ongulés ?
Après avoir observé des traces subliminales, nous trouvons enfin des pistes fraiches de chevreuil et de chamois. Découvrons aussi comment identifier les traces des autres animaux qui marchent sur leurs sabots.
- Le chevreuil : ses empreintes sont petites et resserrées. Les petits sabots arrondis font 3 cm de long.
- Le chamois : ses sabots sont en formes de poires avec les deux moitiés écartées. Les empreintes sont un peu plus longues avec 3 à 4 cm.
- Le sanglier : en plus des deux gros sabots, on observe deux ongles à l'arrière. L'empreinte fait 6 à 8 cm de long.
- La biche : les sabots sont larges et arrondis. L'empreinte fait environ 4 à 5 cm de long.
- Le cerf : les sabots sont similaires à ceux de la biche en plus grands. L'empreinte mesure 6 à 7 cm de long.
Tempête en altitude
Nous avons maintenant une belle vue sur le massif. C'est un peu la vallée des loups de Sandra. "Ça fait sept ans que je les suis sur ce territoire des Alpes du nord." En continuant l'ascension, le ciel est de plus en plus blanc et le vent se lève. Puis, c'est la tempête. La neige tombe fort. En bonne montagnarde, Sandra est ravie "C'est génial !" J'observe alors une dernière trace un peu particulière, des ronds isolés. Ce sont en fait des amis de neiges qui tombent des sapins et forment ces traces. Finalement, le froid et l'humidité ont eu raison du micro de ma caméra. Découvrez la suite de notre aventure dans le prochain épisode de la Minute Nature !
Vidéo : Détective des neiges #1 (La Minute Nature n° 333) 8:09
Le guide nature traces et indices
/image%2F1972810%2F20230125%2Fob_5b7f8b_20230125-002.png)
Ne partez pas en session de pistage sans le guide nature de la Salamandre !
Conçu pour tenir dans la poche par des naturalistes expérimentés, le Guide nature traces et indices donne au lecteur le savoir-faire d’un détective. Que ce soit en forêt, en bord de mer ou sur une rive boueuse, décryptez les empreintes, les pistes ou les indices qu’animaux ou plantes laissent derrière eux.
Si vous avez apprécié cette publication,
partagez-là avec vos amis et connaissances !
Si vous souhaitez être informé dès la parution d’un nouvel article,
Abonnez-vous !
C’est simple et, naturellement, gratuit !