La nature fait la fête

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Du 18 au 24 mai, la « Fête de la nature » connaîtra sa 16e édition. Durant cinq jours, partout en France, des manifestations gratuites inviteront tous les publics à vivre en complicité avec la nature. Un rendez-vous bucolique et convivial à ne pas rater…

Héron cendré. Photo : Jean-Louis Schmitt (Cliquez pour agrandir)

Héron cendré. Photo : Jean-Louis Schmitt (Cliquez pour agrandir)

D’une certaine manière, c’est pour éviter le burn-out que fut créée la « Fête de la nature ». Nous sommes en 2007 et François Letourneux qui préside l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) constate que le combat en faveur de la biodiversité finit par tirer vers le bas. Trop de conflits, d’affrontements de terrains, de belligérance montrent leur limite. Le plaisir, l’évasion et la découverte pourraient offrir une nouvelle voie. « Positiver », ce mot d’ordre est immédiatement partagé par la revue Terre Sauvage qui soutient le projet, tandis que de nombreux partenaires viennent peu à peu enrichir ce qui va devenir une institution.

Durant la première année, les organisateurs se flattèrent d’avoir initié quelques 400 animations différentes. En 2016, on en comptait plus de 5 000, réparties sur 1 300 sites. Et cette année, la participation devrait être inégalée. L’idée dépasse même nos frontières. À l’initiative de la revue La Salamandre, la « Fête de la nature » a également planté ses racines en Suisse. De même, le Portugal, les Pays-Bas ou le Québec ont suivi le mouvement.

Difficile d’énumérer tous les rendez-vous qui, durant cinq jours d’animations, vont marquer la fête. Faut-il s’attarder sur les jeux de pistes, la création des Atlas de la Biodiversité Communale, les pièces de théâtre ou la mise en œuvre d’inventaires d’espèces? Chacun peut choisir en fonction de ses aspirations ou de son implantation géographique, mais quelques animations –parmi tant d’autres– méritent que l’on s’y attarde.

Pour les lève-tôt, par exemple, c’est dès 6 h 30 du matin qu’un rendez-vous est donné en forêt de Marchiennes, (Hauts-de-France) pour se réveiller en découvrant les parfums de la forêt et les huiles essentielles, en écoutant la cathédrale verte, en la caressant, en usant de tous ses sens. À propos d’horaires non conventionnels, l’association « Chauve-souris Auvergne », qui se bat pour la protection des « mammifères qui volent avec leur main » depuis 1994, invite à des sorties nature une heure avant la tombée de la nuit. À Chavannes, c’est la plus grande zone humide de la Drôme qui s’offre en spectacle. Particularité, il s’agit d’eau potable. Les « sources de la Veaune » permettent de ravitailler près de 20 000 personnes. Toujours dans l’aquatique, la Réserve Naturelle Nationale de la Frayère d’Alose (Lot-et-Garonne) mérite l’escale. Seule contrainte, la visite doit se faire entre minuit et deux heures du matin car le fameux « bull » de l’alose est un phénomène exclusivement nocturne. Le mâle et la femelle à demi émergés, flanc contre flanc, frappent violemment la surface de l’eau avec leur nageoire caudale en exécutant un mouvement circulaire. C’est sur la base du son émis par cette « danse » que les biologistes réalisent le suivi de reproduction de ces poissons.

Dans un autre genre, les gravières judicieusement exploitées ou réaménagées peuvent servir la biodiversité. L’association « Nature Nièvre » en témoigne lors des visites nocturnes permettant de découvrir les batraciens, les oiseaux ou les chauves-souris dans la gravière de Decize (Nièvre).

À Saint Plaisir (Allier), la mort ne signifie pas la fin. En forêt de Civrais, la commune organise des visites au chevet des arbres morts qui continuent de donner la vie : ils servent d’habitat et de nourriture à de nombreuses espèces animales et végétales ainsi qu’aux champignons. Autopsie d’un mécanisme de transformation, les biologistes peuvent ainsi trouver leur bonheur lors de cette « Fête de la Nature ».

Du côté de Sézanne (rien à voir avec le peintre Cézanne), dans la Marne, des balades guidées sont prévues dans la campagne fleurie. Le guide garantit la découverte du Genêt des teinturiers et autres Sphaigne, Platanthère, Bourdaine, Chardon bardane, Séneçon qui méritent que l’on s’y attarde pour identifier les envahissantes, les plantes toxiques, les médicinales ou les protégées. Une heure et demie est prévue pour faire le tour de la question. Toujours dans l’univers végétal, c’est une exploration vers des plantes possédant des pouvoirs colorants qui est proposée à Acigné (Ille-et-Vilaine). L’association « Lueur végétale » invite ensuite à participer à un atelier « encres végétales ». Non loin, c’est la fabrication d’instruments de musique à partir de fruits, coquillages ou pots de fleurs qui s’adresse à tous les publics. De même que la création de briques en terre cuite ou la méditation « en pleine conscience » seront au rendez-vous de cette commune décidément très engagée.

À Fouquierès-Lès-Lens (Pas-de-Calais), ce sont les insectes pollinisateurs qui sont à l’honneur. Objectif affiché durant la « Fête de la nature » : les sauver. Des ateliers « petites bêtes » permettront d’initier dès le plus jeune âge (6 ans) tandis que des hôtels à insectes seront construits pour la circonstance. Du côté d’Épernay (Marne), sur les coteaux du vignoble du village de Cunière pour être plus précis, c’est une balade dans les vignobles qui doit permettre d’identifier les oiseaux, les papillons ou les lézards qui s’accommodent volontiers de cette culture. En 45 minutes de balade à pied, il est même possible de comprendre la minéralogie du sous-sol qui permet, in fine, la production de vin. En Bretagne, à la Trinité (Finistère), c’est un cheminement tranquille de 3 à 4 km qui conduit à découvrir des arbres remarquables sous un angle poétique. Une application gratuite, « Explorama », permet même de s’engager dans un jeu de piste numérique.

Il serait injuste d’oublier les outre-mer qui à eux seuls rassemblent 80 % de la biodiversité française. De la Guyane, valorisant sa savane, à la Réunion, en passant par la Guadeloupe, et bien d’autres territoires, la nature y sera à l’honneur. Si la « Fête de la nature » ne parvient pas à sauver la biodiversité en péril, elle contribue en tous cas à réveiller les consciences dans la bonne humeur. Ne pas s’en priver.

Allain Bougrain-Dubourg

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Z
Des initiatives importantes pour sensibiliser les gens .
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B
Une Fête de la Nature que je ne vais pas louper en Creuse... Plusieurs RDV, notamment au Jardin Public de Guéret
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