Protégeons l’écrevisse d’eau douce

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Les écrevisses d’eau douce ont ceci de très particulier qu’elles sont tellement sensibles à leur environnement qu’elles sont des bioindicateurs de la qualité de nos cours d’eau de premier ordre. Petit coup de projecteur bien mérité pour ces nettoyeuses invétérées !

S’il y a écrevisse et écrevisse, elles jouent toutes un rôle important dans nos cours d’eau… non seulement parce qu’elles mangent, mais aussi parce qu’elles sont mangées. L’équilibre des milieux aquatiques, tels que les rivières, ne s’invente pas, et les écrevisses en font partie intégrante. Mettons nos cuissardes tous ensemble, le temps d’une sortie à la rencontre de l’écrevisse d’eau douce.

Généralités sur l’écrevisse de rivière

En France s’il est bien quelque chose d’étonnant c’est la situation des populations d’écrevisses, pour la simple et bonne raison qu’il y a deux fois plus d’espèces invasives que d’espèces autochtones. En effet, nous comptons trois espèces historiques pour neuf espèces envahissantes…

Qu’elles soient d’ici ou d’ailleurs les écrevisses sont des crustacés qui se nourrissent principalement de végétaux collectés sur les fonds des rivières –voire de débris de végétaux pour certaines espèces– et de crustacés de différentes tailles.

Présentes dans tous les cours d’eau, les écrevisses ont joué pendant longtemps un rôle prépondérant dans l’alimentation dans la mesure où elles étaient relativement faciles à capturer. Hyper sensibles à la qualité de l’eau, elles sont désormais en danger mais restent de réelles indicatrices de la santé de nos cours d’eau.

Particularités de l’écrevisse d’eau douce

Parce qu’il faut bien faire un petit coup de projecteur sur une de ces espèces emblématiques de notre biodiversité ordinaire, l’écrevisse des torrents (Austropotamobius torrentium) est certainement celle qui le mérite le plus. Sa particularité première ? Disparue, elle a ressuscité dans les années 90 ! Et non, ce n’est pas une opération divine qui l’a vue renaître… mais bien un heureux hasard qui, au détour d’explorations de personnes compétentes, a permis de découvrir qu’une population de ces écrevisses existait toujours en Moselle. Un élevage de l’espèce en vue de réintroduction a alors été développé au Zoo de la Citadelle de Besançon, et des réintroductions en milieu sauvage dans des cours d’eau bichonnés comme ils devraient tous l’être, ont débuté.

Écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) : c’est l’écrevisse de nos grands-parents, présente depuis la nuit des temps sur nos rus et rivières mais à présent en danger. Photo : Marco Mag

Statut actuel des écrevisses de rivière

Les trois espèces d’écrevisses autochtones (Écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes), écrevisse de torrent (Austropotamobius torrentium) et écrevisse à pattes rouges (Astacus astacus) sont toutes en danger d’extinction, de « danger critique » à « vulnérable » selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).

Les menaces qui planent sur les écrevisses d’eau douce

L’élevage

Dans les zones où l’élevage (bovin, caprin, etc.) est dense, faire boire le cheptel directement au ruisseau aurait un impact négatif sur la présence d’écrevisses, à cause des médicaments rejetés à l’eau à travers les urines et les excréments des animaux de ferme.

La pollution des eaux

Le sujet est vaste et il ne suffirait pas d’un seul article pour décrire les pollutions qui pèsent sur nos cours d’eau, même si nous nous contentions juste d’en dresser une liste. Dans le cas des écrevisses la chose est d’autant plus vraie qu’elles sont extrêmement sensibles à un large spectre de polluants, qui vont des pluies acides en passant par les produits phytosanitaires de l’agriculture ou encore les colorants alimentaires.

L’artificialisation des cours d’eau

Si l’on parle de plus en plus d’artificialisation des sols, celles de cours d’eau ne date pas non plus d’hier. Elle a fait disparaître des dizaines de milliers de kilomètres linéaires de milieux propices, servant à la fois au refuge et à la reproduction des écrevisses d’eau douce.

Les espèces envahissantes

Par définition, même si les choses ne sont pas toujours aussi faciles quand on parle d’espèces allochtones, les espèces invasives concurrencent bien souvent les espèces autochtones. Dans le cas des écrevisses le fait est avéré : dans la quasi-totalité des cas où l’une des 6 espèces invasives progresse, l’espèce native régresse.

Écrevisse eau douce allochtone : l’écrevisse américaine (Orconectes limosus). Photo : Alex Stemmer

Comment aider les écrevisses

Comme bien souvent, pour sauver une espèce il faut connaître les causes exactes de son déclin. Si les choses sont relativement bien pointées pour ce qui est des écrevisses d’eau douce, encore faudrait-il savoir dans quelle mesure, par exemple, nos cours d’eau sont pollués. Signaler des pollutions de tous genres aux services de l’Office Français de la Biodiversité ou aux associations locales peut être un bon début pour apporter votre pierre à la sauvegarde de ces espèces.

Plus personnellement, réfléchissez bien aux gestes que vous croyez anodins mais qui peuvent être lourds de conséquence. Au-delà de la stigmatisation des seuls fumeurs, jeter quoi que ce soit, dans une bouche d’égout par exemple, c’est envoyer ce quelque chose dans la rivière la plus proche, et potentiellement dans la gueule de la première crevette d’eau douce qui passe ! Pour préserver l’écrevisse eau douce, préservons nos cours d’eau…

Julien Hoffmann/Consoglobe (8.04.2022)

 

 

 

 

 

 

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B
Article très intéressant...
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