Les rapaces intoxiqués par le plomb des chasseurs
Le nombre de rapaces victimes d’une intoxication au plomb dans un pays européen est lié à sa densité en chasseurs, révèle une étude…
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Aigle à queue blanche (Haliaeetus albicilla). Photo : Leemage via AFP
Le nombre de rapaces victimes d’une intoxication au plomb dans un pays européen est lié à sa densité en chasseurs, révèle une étude effectuée par une équipe germano-britannique. Les scientifiques se sont basés sur les analyses faites dans 13 pays européens de plus de 3.000 cadavres de 22 espèces différentes de rapaces, dont 7% ont montré des concentrations mortelles en plomb. Il s’agissait le plus souvent d’oiseaux charognards, tels que les vautours, ou se nourrissant aussi de carcasses, tels que les aigles à queue blanche ou royal, les busards communs ou des roseaux ainsi que l’autour des palombes.
Le plomb, un métal neurotoxique
Ces données suggèrent qu’ils ont consommé des oiseaux tués ou blessés par les chasseurs. Au Danemark, pays où l’utilisation du plomb pour la chasse du petit gibier est interdite depuis 1986, tous les rapaces trouvés avaient de faibles concentrations en plomb. Ce métal neurotoxique, ingéré par les oiseaux avec la chair de leur proie puis dissous dans leur gésier, diffuse via les intestins dans tout l’organisme et s’accumule dans les os. En Californie, l’utilisation de toute munition en plomb est interdite depuis 2019 pour protéger les oiseaux et notamment le condor local, une espèce toujours classée en danger critique d’extinction par l’UICN.
14.000 tonnes de plomb dans la nature en Europe chaque année
Au total, les auteurs ont calculé que 55.000 rapaces adultes manquaient à l’appel en Europe parmi la dizaine d’espèces les plus touchées. L’intoxication du gibier d’eau, qui confond les plombs de chasse avec le petit gravier absorbé pour faciliter sa digestion, est déjà connue depuis plus d’un siècle. Les États-Unis n’ont pourtant interdit l’usage de la grenaille de plomb dans les zones humides qu’en 1991 et l’Europe ne le fera qu’en février 2023. En France, cette interdiction existe déjà théoriquement depuis 2006. Chaque année, 14.000 tonnes de plomb sont dispersées par les chasseurs dans la nature en Europe, selon l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA). Elle a proposé d’interdire d’ici à 2023 la grenaille de plomb pour la chasse dans le but de protéger la faune, les écosystèmes et la santé humaine. Une alternative au plomb est déjà utilisée avec l’acier aux États-Unis et en Flandre belge, une transition que les associations de chasse britanniques souhaitent aussi effectuer d’ici à 2025
Pierre Kaldy/Sciences & Avenir (07.04.2022)
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