Les animaux s’invitent à la présidentielle

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Alors que les candidats à l’élection présidentielle sont engagés dans la dernière ligne droite, le thème du respect de l’animal s’inscrit dans les débats. Du jamais vu à un tel niveau, les sondages en témoignent. État des lieux…

L’œil malicieux, l’inégalable Luce Lapin n’a pu contenir sa certitude. « Je connais celui qui a le plus convaincu dans cette campagne présidentielle » a-t-elle lâché avant d’ajouter : « C’est l’animal, bien sûr! »

Le sondage réalisé par les 29 ONG d’« Engagement Animaux 2022 » le confirme. Jamais les candidats visant la plus haute fonction ne s’étaient autant attardés sur le sort de nos voisins de planète, les animaux. Enfin, pas tous puisque certains ont brillé par leur détachement même s’ils ont été obligés de s’exprimer sur ce thème. Pour comprendre le bilan, il convient de revisiter la méthode.

En décembre 2021, le collectif d’ONG, parmi lesquelles l’OABA, C’est assez, la SPA, CIWF, CRAC, etc. ont proposé aux candidats 22 mesures dont 4 prioritaires, réparties en 6 thématiques, afin qu’ils s’engagent à les adopter s’ils étaient élus à la présidence de la République. Ces mesures, lancées par une quarantaine d’experts, ont balayé des propositions aussi diverses qu’instituer un ministère en charge de la condition animale, abroger les corridas et les combats de coqs, encourager les méthodes alternatives à l’utilisation des animaux dans la recherche (expérimentation animale), encadrer le commerce des animaux de compagnie, interdire la chasse au moins deux jours par semaine dont le dimanche…

Soyons lucides, si ce programme est ambitieux, il n’a rien de révolutionnaire. D’autres pays européens ont déjà mis en œuvre tout ou partie de ces propositions sans créer un cataclysme économique ou social. En clair, il s’agit seulement de proposer aux présidentiables d’évoluer au plus vite afin d’en finir avec les maltraitances d’un autre temps. Qu’en pensent les intéressés? Sans surprise Hélène Thouy, leader du Parti Animaliste, a répondu favorablement à toutes les propositions mais, faute d’obtenir ses 500 parrainages, n’a pas pu s’intégrer dans la course. Parmi les plus sensibles des candidats, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon arrivent en tête avec 98 % des mesures validées, Nathalie Arthaud suit à 85 %. Viennent ensuite Philippe Poutou 77 % et Nicolas Dupont-Aignan 67 %. Marine Le Pen ferme la marche avec 58 % des mesures adoptées. Quant aux autres, ils ne se sont pas encore engagés… Cela dit, les premiers résultats donnent des indications significatives. Si Jean-Luc Mélenchon accepte pour la première fois de mettre fin à la tauromachie, Nicolas Dupont-Aignan s’y refuse et Marine Le Pen envisage uniquement l’interdiction aux moins de 16 ans. Concernant les animaux d’élevage, les 4 candidats de gauche s’engagent sur toutes les mesures proposées alors que Marine Le Pen ne prend position que contre l’abattage sans étourdissement, pareil pour Nicolas Dupont-Aignan.

Reste à savoir ce qu’en pensent les Français. Là encore, « Engagement Animaux 2022 » apporte la réponse grâce à un sondage demandé à l’IFOP et publié le 15 mars dernier. Premier constat, 81 % des Français se disent sensibles à la question animale mais ne perçoivent pas l’engagement des candidats. S’ils sont 99 % parmi les électeurs de Yannick Jadot, les électeurs de Valérie Pécresse, en queue de peloton, sont tout de même 71 % à se déclarer sensibles. En prenant un peu de recul, on constate que c’est Yannick Jadot qui arrive sur la première marche du podium. Il est jugé investi dans la condition animale par 45 % des Français. Marine Le Pen et Jean Lassalle le suivent, tous les deux à 35 %. En bas du podium, Éric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan sont jugés impliqués par seulement 21 % des Français. Quant à Emmanuel Macron, il n’est perçu comme engagé que par 32 % des Français… alors que 80 % des Français ayant l’intention de voter pour lui, se déclarent sensibles à la condition animale, contre 4 % « pas du tout sensibles ».

Parfois les paradoxes semblent faire bon ménage avec la démocratie. Jean-Luc Mélenchon en fait les frais puisque seulement 33 % des Français le considèrent engagé dans la condition animale alors qu’il a validé 98 % des 22 mesures proposées pour changer la situation à l’avenir. Dans un autre genre, Éric Zemmour parait surévalué puisqu’il est considéré par 21 % des Français investis dans la protection animale alors, qu’à ce jour, il n’a répondu à aucune des propositions. L’enquête conduite par l’IFOP présente un autre mérite, elle éclaire sur la nature des Français attachés à la condition animale. Loin des clichés sur les « bobos parisiens », ce sont les Français modestes (9 000 à 13 000 €) qui se disent les plus motivés (84 %). En revanche, les catégories aisées (plus de 2 500 €) sont moins sensibles (74 %). De plus, les habitants des communes rurales se déclarent concernés à 86 %, devant les habitants de l’agglomération parisienne (80 %). Autre constat venant cette fois d’un sondage réalisé en février dernier par la Fondation 30 millions d’amis, 55 % des Français considèrent comme inacceptable un candidat qui défendrait la chasse et 7 Français sur 10 estiment que la protection animale est un enjeu essentiel au même titre que l’écologie, la sécurité ou l’économie dans l’élection présidentielle. Avis aux amateurs! 

Allain Bougrain-Dubourg (17.03.2022)

 

 

 

 

 

 

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Publié dans Animaux, Point de vue

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Z
C'est compliqué de les croire vu le poids des lobbyes! Je suis bien indécise!
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G
Ce qui n'est guère étonnant, c'est la forte implication du candidat écologiste Yannick Janot. Espérons que ce n'est pas qu'un effet d'annonce... A suivre.
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M
A voir tous ces sondages on constate que beaucoup de français sont schizophrènes. ils sont sensibles à la souffrance des animaux mais près à voter pour des candidats dont c'est le cadet des soucis à commencer par le président en place.<br /> De même ils sont sensibles aux changements climatiques (parait il ... ) mais refusent pour la plupart la moindre mesure qui pourrait améliorer les choses.<br /> <br /> Va falloir qu'ils accordent leurs violons !
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B
C'est une bonne chose.<br /> Je partage...
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