Comment le Parti animaliste veut peser sur la campagne

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Candidate animaliste à la présidentielle, Hélène Thouy tient son deuxième meeting ce samedi 12 février. Elle assume un programme entièrement tourné vers la question animale.

La candidate du Parti animaliste Hélène Thouy, lors d’une conférence de presse à Paris, le 1er juillet 2021. Photo : Christophe Archambault/AFP

Trois ans après avoir obtenu 2,2 % des voix aux européennes, le Parti animaliste compte tracer son sillon dans l’élection présidentielle. Le 12 février, sa candidate, Hélène Thouy, tient son deuxième meeting depuis le lancement de sa campagne, en octobre dernier. Le programme n’est pas complètement bouclé mais la ligne est claire : que les intérêts des animaux soient autant pris en compte que les intérêts des humains.

« Cela ne veut pas dire que l’on va donner le droit de vote aux poules, répète régulièrement Hélène Thouy. Mais pour chaque politique publique, il faut se poser la question de l’impact sur les animaux. » La Girondine de 38 ans est notamment l’avocate de l’association L214, connue pour ses vidéos-chocs tournées dans des abattoirs. Même si elle insiste : les deux activités et organisations sont indépendantes l’une de l’autre.

Sortie de l’élevage intensif

Sa première mesure si elle était élue ? La sortie progressive de l’élevage intensif, en accompagnant les agriculteurs. Pêle-mêle, elle prône aussi la baisse de la consommation de produits d’origine animale, l’octroi d’une personnalité juridique aux animaux ou encore la fin de la chasse de loisir, de la corrida ou des combats de coqs.

Pour autant, Hélène Thouy nuance le qualificatif de « monothématique » qui colle à son parti. « La fin des élevages intensifs est aussi un enjeu de santé, puisqu’ils constituent un foyer d’épidémie potentiel, argumente-t-elle. Sur l’enjeu de la sécurité, on s’attaque à la question des armes de chasse. » Sur le chômage, les prix de l’énergie, la politique industrielle… l’exercice a ses limites. La candidate le reconnaît : « Ponctuellement, certains sujets ne peuvent pas être rattachés à la cause animale. »

Une ligne transpartisane

Le positionnement du parti est identique à celui adopté lors des européennes. Il revendique une ligne transpartisane et indépendante, capable de rallier et la gauche et la droite. « Si le parti présentait d’autres enjeux que la cause animale, cela l’obligerait forcément à pencher d’un côté ou de l’autre », analyse Daniel Boy, spécialiste de l’écologie politique au Centre d’études politiques de Sciences Po. Se présenter à la présidentielle leur permet de porter cette question animale au niveau national. À partir du moment où les parrainages ont été obtenus, c’est l’élection qui donne accès à la plus grosse audience. »

« Nous ne disons pas que nous allons gouverner la France, mais nous voulons que nos idées gouvernent, explique Hélène Thouy. Pour cela, il faut peser électoralement. » Son score à l’élection européenne était insuffisant pour siéger à Bruxelles. Mais suffisamment haut pour peser dans le débat, selon elle. Loi sur la maltraitance des animaux, fin du broyage des poussins : les mesures portées depuis des années par les associations de défense des animaux ont enfin été adoptées ces derniers mois. Aux yeux de la candidate, « les partis ont vu qu’il y avait un électorat porté sur la cause animale et veulent maintenant le capter ».

52 parrainages

La sensibilité à la cause animale a pris peu à peu de la place dans le débat public. Le baromètre Ifop-Fondation 30-Millions d’amis, publié le 3 février, estimait que 69 % des personnes interrogées considéraient que la question devait être abordée par les candidats au même titre que l’écologie, l’économie ou la sécurité. « Il est difficile de savoir d’où vient ce changement de sensibilité, pointe Daniel Boy. Le thème s’est beaucoup répandu grâce à L214 et ses actions coup de poing. Le Parti animaliste possède moins cette force de frappe. »

La candidature peine encore à décoller. Hélène Thouy était créditée de 2 % des voix par un sondage Ifop commandé par le Parti animaliste. Elle affirme avoir reçu « un peu moins de 300 promesses de parrainages », mais seules 52 ont été déposées auprès du Conseil constitutionnel. « Plusieurs élus se sont désistés en affirmant subir des pressions, comme la perte de subventions, ou des intimidations », explique-t-elle. En guise de protestation, une action symbolique devant le siège de l’Association des maires de France est prévue samedi par le Parti animaliste.

Camille Richir/La Croix (12.02.20222)

 

 

 

 

 

 

Si vous avez apprécié cette publication,

partagez-là avec vos amis et connaissances !

Si vous souhaitez être informé dès la parution d’un nouvel article,

Abonnez-vous !

C’est simple et, naturellement, gratuit !

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Animaux

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
J'ai voté pour elle aux Européennes...<br /> Je voterai pour elle, pour les Présidentielles.<br /> La cause animale me tient trop à coeur...<br /> Merci à Hélène Thouy
Répondre
Z
Complètement d'accord avec toi Jean-Louis. Et j'ajouterais que les partis qui s'emploient à essayer de récupérer quelques idées "animalistes" , à mon avis ne font que par clientélisme et que cela sera le dernier de leurs soucis une fois au pouvoir. Merci à Hélène Thouy pour son courage.
Répondre
J
Lucide, Hélène Thouy sait parfaitement que notre pays (qui n’est pas encore sorti de l’ère Macron…) n’est pas prêt à confier les rennes à des écologistes et, peut-être encore moins, à des ‘’animalistes’’ : c’est qu’en France, il y a une grande et vieille tradition qui est celle du ‘’bien manger’’ ce qui, forcément, ne fait pas la part belle à des millions d’animaux exécutés, dévorés (et même jetés pour partie…) chaque jour ! Confier l’Elysée aux ‘’animalistes’’ pourrait dans ce cas s’avérer quelque peu… problématique et ce bien que la leader du Parti Animaliste dise ne pas envisager de ‘’donner le droit de vote aux poules’’ !<br /> Que les partisans de la ‘’bonne chère’’ (ou bonne chair !) se rassurent donc : le temps des privations ne semble pas encore en vue… Cela dit, si le score du P.A. est bon (à supposer qu’il obtienne les parrainages nécessaires bien sûr), il sera peut-être apte à peser sur certaines pratiques ce qui serait bien entendu un progrès nécessaire indéniable ! Bonne chance donc au Parti Animaliste à qui je souhaite non pas un bon score mais un TRES bon score…
Répondre
D
C'est ça "nous voulons que nos idées gouvernent"
Répondre
D
il est important de sensibiliser aux problèmes de la cause animale pour aider les opprimés et exploités non humains tout en hissant toujours plus haut l'humanité intellectuellement ...<br /> malheureusement le constat est qu'il reste beaucoup à faire quand dans le même temps les exploiteurs et profiteurs de tous horizons trouvent toujours oreilles attentives auprès des politiques plus soucieux de leur nombre de voix à chaque élection...<br /> On ne peut que saluer le courage et la détermination d'hélène Thouy!
Répondre