Près d’Évreux, tension autour de la chasse
Alexis Barbier, fondateur du collectif Anti-chasse, a déposé des plaintes pour menaces caractérisées et répétées auprès de la Gendarmerie. Le directeur de la Fédération de la chasse réagit…
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Alexis Barbier et Ti Babe, un sanglier mâle de 7 mois qu’il a recueilli à l’âge de 2 semaines et élevé au biberon, « avec l’autorisation officielle de la Préfecture de l’Eure ». Photo : Fred D/#Presse30
Originaire de Seine-Maritime, Alexis Barbier vit depuis septembre 2020 dans une ferme à Bois-Normand-près-Lyre, près d’Évreux (Eure). Passionné par la nature, ce marinier fluvial est aussi un cavalier émérite et avant tout « un amoureux des animaux ». D’ailleurs, chez lui, en plus d’un compagnon habituel, le chien, le visiteur va trouver un mouton, des volailles, des équidés et, plus surprenant, Ti Babe, un sanglier mâle de 7 mois qu’il a recueilli à l’âge de 2 semaines et élevé au biberon, « avec l’autorisation officielle de la Préfecture de l’Eure ».
Alexis Barbier a également fondé, il y a trois ans, le collectif Anti-chasse France avec plus de 31 000 Followers : « Je suis scandalisé qu’on laisse des personnes avec des fusils sur le domaine public avec aussi peu de formation. Il faut une réforme complète avec un vrai diplôme. Je lutte aussi contre la chasse à courre, les relâchés, l’agrainage. Des techniques d’un autre temps selon moi, ce n’est plus de la chasse traditionnelle mais un business de loisirs qui se cache sous la régulation. En revanche, je ne suis pas contre les chasseurs ! », précise-t-il. Médiatisé pour ses actions coup de poing, Alexis Barbier affirme qu’aujourd’hui, il est menacé et a peur « pour mon intégrité physique et celle de mes animaux ».
Des cartouches dans la boîte aux lettres
Cela fait maintenant six mois que le militant est sous pression. Il déclare notamment recevoir quotidiennement des lettres anonymes et des messages haineux sur les réseaux sociaux, et aussi trouver des cartouches de fusils de chasse dans sa boîte aux lettres. « Au début, les chasseurs du coin étaient dans le dialogue. Il est rompu. J’ai peur pour moi, mais aussi pour mon sanglier. Quatre plaintes pour menaces caractérisées et répétées ont été déposées auprès de la Gendarmerie Nationale. Les militaires ont pris cela très au sérieux et font maintenant 3 à 4 rondes par jour devant chez moi. J’ai dû installer des caméras partout. » Hormis pour ses déplacements professionnels, Alexis Barbier ne sort plus et ne reste jamais seul chez lui : « La nuit, il y a toujours quelqu’un pour surveiller avec moi. Ce que je vis, beaucoup d’anti-chasse le vivent en France. Beaucoup gardent le silence. Moi, je n’arrêterais pas ma lutte ! »
« Les chasseurs pratiquent une activité légale »
De son côté, Nicolas Gavard-Gongalud, le directeur de la Fédération de la chasse de l’Eure depuis dix-sept ans, se dit surpris : « Si Monsieur Alexis Barbier a reçu des menaces, je ne les cautionne pas. En tant que directeur fédéral, je dois faire appliquer la loi et je demande aux chasseurs qu’elle soit respectée. Ils ne sont pas tous parfaits, mais en attendant, ils pratiquent une activité légale. »
Selon le cadre, le plaignant « a été filmé, cagoulé, pour l’émission télé Pièces à conviction en train de détruire des biens (des miradors) pour interdire des actions de chasse légales. Le délit d’entrave à la chasse (décret n°2010-603 du 4 juin 2010) existe. » Nicolas Gavard-Gongalud estime que « les règles doivent être respectées dans les deux sens. Depuis dix-sept ans que je suis directeur fédéral, je n’ai jamais vu autant de menaces sur les chasseurs ! » Cependant, pour faire tomber la pression, il se dit prêt à recevoir Alexis Barbier.
Frédéric Durand/Le Parisien (07.10.2021)
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