La glu : toujours meurtrière et toujours en vente

Publié le par Jean-Louis Schmitt

On croyait en avoir fini avec la glu. Elle continue de coller à la conscience des marchands de mort qui l’utilisent allègrement dans l'indifférence générale. Allain Bougrain Dubourg en témoigne…

Au risque de paraître obsédé, répétitif, envoûté, maniaque, voire assiégé, tant pis, je récidive. Je ne résiste pas au besoin d’évoquer à nouveau la glu. Pour ma défense, je plaide l’excuse de l’actualité. Le tribunal administratif de Nîmes vient de rendre deux jugements portant sur le piégeage à la glu dans le département du Vaucluse en 2018 et 2019. Oui, on le sait, la justice prend généralement son temps. Quoi qu’il en soit, le juge, en considérant que cette pratique n’était pas acceptable, a annulé les autorisations de piégeage en condamnant l’État à verser 1 200 € à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Plus intéressant, il y a dans les attendus du jugement, des arguments qui confirment que les projets d’arrêtés permettant d’autoriser les « chasses traditionnelles », comprenez le piégeage avec étranglement, filets ou pièges tombants, sont illégaux. L’exécutif s’en tamponne, comme de sa première condamnation!

Au passage, si le Ministère de la Transition Écologique signe quand même les arrêtés de piégeage ces jours-ci, ce sera en parfaite connaissance de cause. Il agira en contradiction formelle avec le droit de l’Union européenne. Pas sûr que cette dernière apprécie le mépris alors que la France doit assumer la présidence de l’institution à partir de janvier prochain. Mais je m’égare, revenons à la glu qui me motive à nouveau aujourd’hui.

Faute de grives, on piège les souris

Si nous avons pu la faire interdire dans son usage, elle reste accessible au premier venu. Un pot de glu se vend sans difficulté, sur place ou par correspondance, entre une dizaine d’euros et plus d’une centaine. Parmi les aimables négociants on note « Glue N’ Trap », « Top One », « Benelux » et bien d’autres. Faute de pouvoir inviter à capturer les oiseaux, ces amis des bêtes se sont retournés vers les rongeurs. Voilà un marché prometteur. Un lot de 10 pièges à rats et à souris est en vente à 14 € seulement. À commander dans les plus brefs délais, c’est une promotion!

Au hasard des mises sur le marché, il y a « Topistop », au parfum à la banane, s’il vous plait, qui est « idéal pour piéger les petits rongeurs comme les souris et les musaraignes ». Il faudrait peut-être expliquer à « Nursipro », qui se vante de gérer le produit miracle, que les musaraignes ne fréquentent pas les maisons, qu’elles sont exclusivement insectivores s’accordant parfois quelques larves, limaces, pucerons et autres « parasites » du jardin et qu’à ce titre, on peut les considérer comme de précieux auxiliaires. Quel intérêt de les tuer?

La glu? En vente partout et en promo

Dans la série des joyeux tortionnaires « Cdiscount » ne doute de rien. Il s’affiche n°1 de la glu. « Vous avez des doutes? Comparez notre offre piège glu, vous nen aurez plus! » affiche le commerçant qui poursuit sans pudeur en proposant la meilleure offre de piège à serpent « grâce à Jardin Cdiscount bien sûr! ». Sauf que piéger les serpents à la glu, ou de n’importe quelle autre manière, est strictement interdit par la loi. En France, tous les serpents sont protégés. Les capturer, les transporter ou les tuer est, par conséquent, répréhensible et passible d’amendes.

Étonnant que l’Office Français de la Biodiversité, qui a en charge la police de la nature, laisse perdurer ce petit commerce. Pour information, la bande de glu de 5 mètres, baptisée « Pelton » est vendue 14 € 92 au lieu de 22 € 20, payable en 4 fois. On aurait tort de passer à côté d’une pareille affaire! En poursuivant lexploration sur Internet, on constate que la glu est également recommandée pour les lézards, les insectes et bien dautres bestioles mal-aimées. Parmi les champions de la destruction bon marché, la société CEL se flatte de diffuser des produis à base de glu dans différentes chaines d’hypermarchés. Tous les marchands de glu et autres bienfaiteurs de l’humanité feraient bien de prendre en compte les effets inacceptables de leurs produits.

Commerce monstrueux et tiroir-caisse

La glu n’est pas sélective, elle touche tout être qui s’aventure en confiance. Des photos pathétiques révélées par des utilisateurs en témoignent. Ici, c’est une chauve-souris qui est définitivement collée dans un piège à glu. Là, ce sont des mésanges victimes de pièges à frelons à base de glu. Et combien d’autres bestioles « non ciblées » ont succombé à ce piégeage ouvert aux quatre vents? Mais le plus inacceptable reste la manière dont la torture sinvite au bal de lagonie. Il faut imaginer une souris, un passereau, un lézard et quoi d’autre encore, approcher en quiétude, en insouciance. Une patte colle, puis une autre pour tenter de s’extirper. C’est ensuite au ventre d’être captif. Puis le cou et les côtes. Chaque mouvement génère une nouvelle partie du corps poisseuse, enduite, collante à mort. Défiant la souffrance, certains rongeurs en viennent à s’arracher la peau. Le douloureux calvaire vaut moins que la liberté. Que les marchands de mort se rassurent, les bêtes qui ont enduré l’odieuse décomposition ne survivent pas au calvaire. Les produits sont d’une redoutable efficacité. Il faudra pourtant bien que ce commerce monstrueux en finisse avec le tiroir-caisse. Comment peut-on admettre l’usage de la glu en connaissance de cause? Les tourments endurés devraient suffire à y mettre fin, question d’éthique élémentaire. L’agonie programmée ne peut être une solution acceptable.

La LPO et l’OPIE (Office Pour les Insectes et leur Environnement) alertaient les ministres concernés le 13 janvier 2020. Depuis… rien! Pas une réponse. Pas même un accusé de réception. Seulement le mépris des douleurs. Il est temps que le ministère de l’Agriculture, en charge du bien-être animal, assume ses responsabilités et ne soit plus complice de méthodes d’un autre temps. Allez, un beau geste pour conclure le quinquennat : l’interdiction de toute forme de glu. Qu’est-ce que j’entends? Sensiblerie? Vous navez qu’à vous y coller, et vous verrez… 

Allain Bougrain-Dubourg

 

 

 

 

 

 

Si vous avez apprécié cette publication,

partagez-là avec vos amis et connaissances !

Si vous souhaitez être informé dès la parution d’un nouvel article,

Abonnez-vous !

C’est simple et, naturellement, gratuit !

 

 

 

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
C'est affreux...
Répondre
C
Naïvement, je croyais que c'en était terminé de ces chasses dites "traditionnelles" ! Quelle hypocrisie... Merci de continuer à nous éclairer.
Répondre
J
L’homme sort les armes avant même de réfléchir, énorme thérapie à mettre en œuvre…
Répondre
J
Combien de choses sont interdites par la législation et se trouvent dans les commerces. Elles sont innombrables. C'est affligeant.
Répondre
F
Monstrueux, lamentable !
Répondre
D
Moi aussi , j'en pleure, j'adore les petites souris qui en bavent déjà bien trop dans les labos . Ici c'est totalement du sadisme; il faut finir par penser que s'il ne restait qu'un seul être vivant sur Terre, un abruti le tuerait pour se faire du bien . A vomir ... et angoissant au niveau de la nature humaine !!!
Répondre
Z
Mais quelle horreur! J'en suis malade!
Répondre