Les bouffeurs de tortues

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Les tortues marines sont des espèces protégées. Elles ont survécu aux dinosaures et aux crises climatiques, mais vont-elles survivre à ceux qui veulent les bouffer ?

Rien de tel qu’un barbecue avec de la viande de tortue marine. Dans l’archipel de Mayotte, manger de la tortue est une tradition locale avec extension internationale en direction des Comores. Pour tuer une tortue marine, il faut au moins deux ou trois costauds pour l’arrêter, couper les ligaments des nageoires, la traîner dans un coin tranquille, la retourner, la décapiter, l’ouvrir et découper en filets la viande. Une tortue verte adulte fournit 80 kg de viande. À 50 euros pour les bons morceaux, ça vaut le déplacement et le risque de se faire repérer par une improbable patrouille de gendarmes ou de ces toqués de protecteurs des tortues. C’est pourtant ce qui est arrivé à trois hommes dans la nuit du 15 août. Ils avaient 71 kg de viande dans leurs sacs, plus une centaine d’œufs dont la victime, qui venait à peine d’émerger de l’océan Indien, n’avait pas eu le temps de se défaire. L’un des braconniers a tenté de fuir en prenant de l’altitude, et une branche de l’arbre sur lequel il avait grimpé s’est cassée. Il est tombé direct sur un représentant des forces de l’ordre.

En comparution immédiate sur Grande-Terre, ils ont raconté que c’était pour eux une première, imposée par la nécessité. Le procureur a mis en avant la précision « chirurgicale » et le savoir-faire de l’équipe, qui, dans la pénombre, a réussi le dépeçage sans mettre un seul grain de sable sur la viande. Ils ont été condamnés à douze mois de prison ferme pour les deux meneurs et à six mois pour leur complice. Les juges n’ont pas prononcé de mandat de dépôt, et les trois lascars sont repartis libres à bord de la barge qui les a ramenés sur Petite-Terre, en n’hésitant pas à traiter de mauviettes des défenseurs des tortues embarqués sur le même bateau. Jusqu’à douze mois, la peine de prison ferme peut être aménagée. Les trois spécialistes de la cruauté envers des spécimens en voie d’extinction ont profité de cette clause d’indulgence. Le 19 août, le parquet a fait appel. Dans les mêmes circonstances, au mois de mai, deux braconniers avaient écopé de dix-huit mois de prison avec mandat de dépôt…

Jacky Bonnemains

 

 

 

 

 

 

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D
L'homme ne pense qu'à son ventre quelle triste espèce !
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Z
Désespérant et monstrueux!
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B
C'est désespérant...
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J
Les braconnage est une activité bien tranquille.
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J
L'appétit des humains semble vraiment sans limite ! Qu'ils s'agissent d'espèces rares ou des milliards d'animaux élevés et tués dans ce but, tout, décidément, fait ventre...
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D
Ce cas c'est un cas rapace...
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