Le « grimpeur arboriste » Thomas Brail se bat contre l’abattage de platanes à Blagnac

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Douze des quatorze platanes ont été abattus en quelques heures, avant que deux militants du GNSA ne grimpent dans les deux derniers pour les occuper. Mercredi 11 août au soir, ils y étaient encore, bien décidés à prolonger « autant qu’il le faudra », de jour comme de nuit, cette action.

Thomas Brail le 13 août 2021. Photo : Augustin Langlade

Après ses actions à Mazamet (Tarn), Condom (Gers), La Grande-Motte (Hérault) ou encore Paris, le grimpeur-arboriste Thomas Brail, fondateur du Groupe national de surveillance des arbres, se mobilisait cette semaine pour empêcher l’abattage de quatorze platanes de la commune de Blagnac, aux portes de Toulouse.

Les arbres en question, « des sujets entre 30 et 40 ans, de 15 à 16 mètres de haut et qui jouent un rôle essentiel de dépollution », a indiqué le militant à France 3, se trouvent dans le quartier du Ritouret, à proximité de la station de tram Odyssud.

C’est cet endroit que la commune de Blagnac a choisi, en 2020, pour construire un terminus de service partiel de la ligne 1 du tramway de l’agglomération de Toulouse, censé « renforcer l’offre de transports sur une partie de la ville » pendant la durée d’interruption de la ligne T2, en travaux.

À l’extrémité du projet, les platanes quarantenaires doivent être remplacés par un aménagement de sentier conduisant jusqu’au terminus. Mais lorsque le chantier a commencé, lundi 9 août, quelques dizaines de personnes, riverains et membres d’associations locales, se sont opposées à leur abattage, arguant que rien ne le justifiait.

Crédit : Groupe National de Surveillance des Arbres

Thomas Brail, présent sur les lieux aux côtés d’autres militants du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA), a en effet expliqué que « les allées et alignements d’arbres bordant les voies de communication » sont protégés par l’article L350-3 du Code de l’environnement.

Seule une « construction » autoriserait la mairie à abattre ces platanes « sains ». Le sentier n’en est pas une. Autre faille juridique, la mairie n’aurait pas respecté l’affichage réglementaire de son arrêté d’abattage, un reproche déjà fait par le militant à la ville de Montpellier, en mai 2020.

Ces arguments n’ont pas convaincu la préfecture. Ni la mairie, qui rétorque que ces platanes ne peuvent en aucun cas être conservés, mais qu’ils feront l’objet de compensation, vingt-huit arbres devant être replantés… Plus tard dans la journée de lundi, les forces de l’ordre ont expulsé les manifestants, laissant libre voie aux opérateurs du chantier.

Douze des quatorze platanes ont été abattus en quelques heures, avant que deux militants du GNSA ne grimpent dans les deux derniers pour les occuper. Mercredi 11 août au soir, ils y étaient encore, bien décidés à prolonger « autant qu’il le faudra », de jour comme de nuit, cette action.

Lire aussi : « Dans le Gers, Thomas Brail s’installe dans un arbre pour sauver des arbres »

Destiné à protéger les arbres, notamment de bordure, et à sensibiliser la population sur ce « bien commun », le GNSA a été créé en mai 2019 par Thomas Brail, après sa première action ayant permis de sauver sept des neuf platanes bicentenaires menacés de son village, Mazamet. Contacté par des habitants, le grimpeur, arboriste et paysagiste s’est ensuite rendu, en juillet de la même année, à Condom, sous-préfecture du Ger  où la municipalité comptait abattre vingt-cinq platanes centenaires, dont certains dataient de Louis XVI, pour réaménager les promenades de la ville.

Face au refus catégorique du maire d’entendre les revendications du collectif « Sauvons les arbres de Condom », le Tarnais a alors décidé d’alerter le sommet de l’État, en occupant les branches de l’un des platanes qui bordent le ministère de la Transition écologique, à Paris.

D’août à septembre 2019, Thomas Brail est ainsi demeuré vingt-huit jours perché sur un arbre du boulevard Saint-Germain, ravitaillé par des militants et visité par de nombreux journalistes, des élus ou des personnalités qui ont contribué à faire de cet épisode un véritable événement.

Le 25 septembre, hélas, les platanes de Condom sont abattus sous la surveillance de 70 gendarmes, pour certains membres des forces spéciales. Mais la lutte n’a pas été totalement vaine. Dans les mois ayant suivi ce coup d’éclat, le GNSA a essaimé dans toute la France, des groupes locaux ont été créés, les valeurs de l’association ont été largement diffusées. Finalement, le 14 janvier 2020, le fondateur du GNSA a été reçu, avec cinq autres responsables d’associations, par la ministre de la Transition écologique afin de discuter de la législation sur la protection des arbres en France, que l’arboriste juge « obsolète » et « peu respectée ». Lors de ce rendez-vous unique en son genre, Thomas Brail a obtenu un accès direct aux préfectures lui permettant d’exercer un rôle de « sentinelle des arbres ».

Le GNSA, quant à lui, s’est fait une place et aide à présent les habitants qui le souhaitent à protéger les arbres des villes ou des forêts. En témoigne le cas de Virginie Mathieu, qui à Bègles, en Gironde, a réussi à sauver les arbres centenaires du parc de la Maye de Bernet, menacés par un projet immobilier. Signe des temps, ce combat a lui aussi fédéré de nombreux riverains.

Augustin Langlade/La Relève et la Peste

 

 

 

 

 

 

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Z
Il faut sans arrêt se battre contre l'évidence , pour le Vivant ! Je suis pleine de chagrin et si fatiguée car rien n'avance durablement!
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J
Fatigué... Oui, je le suis également chère Zoé ! Est-ce le contexte général ? Mon état qui semble ne pas vouloir s'améliorer ? Je l'ignore... Mais, les fait sont là et le désespoir, souvent, prédomine...
B
Ils sont courageux ces défenseurs des arbres.<br /> Quel désastre de couper ces beaux arbres !<br /> Tout ça pour bétonner...<br /> Cela me rend tellement triste... <br /> Habitant en Haute-Garonne jusqu'en février 2019, j'avais entendu parler de l'abattage de ces platanes à Blagnac...
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C
C'est bien ces défenseurs des arbres... Dommage pour les arbres abattus : ils sont si importants! Bonne semaine!
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D
Un nouveau « Baron perché » …. Mais pour de plus nobles raisons , plus altruistes . Nous en recevons souvent des signalements d’arbres ainsi sacrifiés par la Bêtise! Avec le sort réservé aux animaux notre moral c’est vrai en prend un coup… des coups !
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J
C'est malheureux mais ce sont toujours les destructeurs les plus rapides, les plus rusés, les plus malins... Une fois que le mal est fait, on a beau s'élever, manifester, dénoncer... il est trop tard pour sauver en l'occurrence les platanes : il ne reste que les yeux pour les pleurer ! Quant aux aménageurs, aux agenceurs, aux bétonneurs... la voie est libre et ils peuvent laisser libre court à leur folie bâtisseuse... <br /> Cette haine du vivant m'horripile et, chaque jour, de nouvelles occasions nous sont données pour nous tourmenter ! <br /> Chaque jour, nous devons ravaler notre colère afin de ne pas sombrer dans une neurasthénie qui ne peut engendrer que du mal être et de l’exaspération inutile ! <br /> De là pourtant à se taire et à baisser les bras… Tenons bon devant l’adversité !
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D
Quand tu ne veux pas donner alors prends !<br /> Quand tu ne veux pas autoriser alors interdits !<br /> Quand tu ne peux pas récompenser alors punis !<br /> Quand tu ne veux pas construire alors détruis !<br /> Quand tu ne veux pas planter alors arrache !<br /> Quand tu ne veux pas protéger alors martyrise !<br /> Quand tu ne veux pas la paix alors fais la guerre !<br /> <br /> N'est-ce pas un peu ainsi que dysfonctionne le monde ?
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J
C'est heureux que de telles associations existent et se multiplient. L'acte de compenser en replantant d'autres arbres est léger.
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M
Des personnes courageuses , il va en falloir beaucoup des comme cela pour sauver ce qui peut encore <br /> l'être.
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