Le Cimetière du Père Lachaise, un réservoir de biodiversité en plein Paris !
Entre les sépultures de personnages illustres, le cimetière du Père Lachaise, dans le XXème arrondissement de la capitale, héberge un florilège d’espèces animales sauvages. Fin mai 2021, c’est un renardeau qui a été immortalisé par l’objectif du « gardien des lieux » : Benoît Gallot. 30millionsdamis.fr a recueilli les confidences de ce conservateur passionné.
En deux ans, le cimetière du Père Lachaise a été le berceau de deux portées de renardeaux ! Photo : © Benoît Gallot (Cliquez pour agrandir)
Chats errants, passereaux, perruches, hérissons, fouines, renards… le célèbre cimetière du Père Lachaise abrite une faune sauvage riche et variée. En témoignent les clichés parfois surprenants saisis par le conservateur des lieux, Benoît Gallot.
Une tranquillité qui favorise la faune et la flore
« Les cimetières parisiens sont de véritables réservoirs de biodiversité d'une richesse incroyable », confie B. Gallot à 30millionsdamis.fr. Un constat flagrant au Père Lachaise dont les caractéristiques, très rares en milieu urbain, permettent à la faune et à la flore de s'y épanouir. Et pour cause, avec ses 43,2 hectares et ses 4 000 arbres, il est le plus grand espace vert de Paris intra-muros. Un verdissement accru par l’enherbement des allées (depuis l’interdiction de tout produit phytosanitaire en 2015) et l’engazonnement des trottoirs (via le placage de gazon pré cultivé ou la réalisation de semis).
Une fouine prend la "pose" dans les allées du cimetière. Photo : © Benoît Gallot (Cliquez pour agrandir)
Et parce que le cimetière -fermé au public entre 18 h et 8 h- est totalement dépourvu d’éclairage nocturne, la tranquillité qui en résulte favorise l’installation de la faune et de la flore sauvages. « Une trentaine d'espèces d'oiseaux y sont régulièrement observés, confirme Benoît Gallot. Des orchidées sauvages font également leur apparition. La renoncule à petites fleurs, espèce rare et protégée en Ile-de-France, s'y développe également. »
Le Geai des chênes compte parmi la trentaine d'espèces d'oiseaux qui peuplent le cimetière. Photo : © Benoît Gallot (Cliquez pour agrandir)
Des animaux aux histoires singulières
Certains animaux y ont vécu des histoires atypiques aux dénouements heureux. Début 2021, Benoît immortalise en image, la mésaventure d’un chat dont les miaulements inhabituels l’avaient inquiété. « Je suis donc allé le voir, pensant qu'il était soit coincé dans une chapelle, soit blessé. J'ai été très étonné de le voir perché dans un marronnier, incapable de redescendre ». Le conservateur alerte aussitôt ses collègues bûcherons qui n’hésitent pas à grimper à l’arbre pour secourir le pauvre animal. « Ce ne fut pas une mince affaire, ce chat étant extrêmement sauvage, se souvient le quadragénaire. Nous avions même tendu une bâche par précaution pour éviter qu'il ne se blesse au cas où il décide de sauter ». Grâce au dévouement de ces belles âmes, le chat noir ébène a pu être placé en sécurité dans une cage de transport puis descendu de l’arbre avant de retrouver sa liberté !
Un autre cliché l’émeut particulièrement : celui d’une mésange sortant d’un ange amputé d’une aile, qui orne une sépulture. « Les mésanges ont pour habitude de nicher chaque année dans cette statue et plusieurs générations y ont donc grandi, explique Benoît. C’est là tout un symbole ! »
Chaque année depuis plusieurs générations, des mésanges nichent dans cette statue. Photo : © Benoît Gallot (Cliquez pour agrandir)
Un moment inoubliable
Parmi tous les animaux qu’abrite le Père Lachaise, il en est un qui fascine : le goupil ! Sa population, difficile à évaluer tant l’espèce est discrète, a semble-t-il augmenté ces dernières années. Car le cimetière fut le berceau de plusieurs naissances de renardeaux, en 2020 et en 2021 ! « À ma connaissance, aucun renard n'avait été observé depuis plusieurs années au Père Lachaise, confie pourtant Benoît. Alors ma surprise fut totale lorsque je tombai nez-à-nez avec un renardeau, en plein premier confinement… » Un moment inoubliable qui se renouvellera, pour son plus grand bonheur, le 27 mai 2021.
L'un des renardeaux nés en 2020 semble intrigué par l'objectif. Photo : © Benoît Gallot (Cliquez pour agrandir)
Mais ceux qui espèrent apercevoir des goupils en plein jour déchanteront vite : Benoît n’en a jamais croisé pendant les horaires d’ouverture au public ! « Les renards sont extrêmement craintifs et c'est tant mieux, prévient-il. Le fait qu'ils aient peur de l'homme est une condition essentielle à leur survie. »
Sensibiliser au respect des renards
Par les photos qu’il partage sur son compte Instagram –et leurs légendes teintées d’humour– le quadragénaire espère sensibiliser tout un chacun au respect de ces êtres sensibles. « Ils sont paradoxalement plus tranquilles à Paris [où l’espèce n’est ni « nuisible » ni chassable, NDLR] qu'à la campagne où des traques ignobles ont parfois lieu, déplore le conservateur. Une aberration d’autant plus forte que le renard a une réelle utilité dans la chaîne alimentaire, en régulant notamment la population des rongeurs. Au Père Lachaise, il régule la présence de certaines espèces comme les corneilles noires qui n'avaient jusque-là aucun prédateur. Un équilibre se crée ! »
Un moment magique vécu par le conservateur du cimetière le 9 mai 2021. Photo : © Benoît Gallot (Cliquez pour agrandir)
Mission réussie ! La naissance de renardeaux lors du premier confinement de 2020 avait suscité l’émoi auprès des Parisiens et, plus généralement, des amoureux de la faune. Il n’est pas rare que les familles, même endeuillées, demandent de leurs nouvelles. « Un jour, la fille d’un défunt m'a demandé comment allaient les « petits renards » et m’a confié être heureuse que son père repose dans un lieu où vivaient des renards, s’émeut B. Gallot. Pour la première fois depuis le début de notre rencontre, elle avait un large sourire sur son visage… »
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