Journal du reconfinement/Acte 3 ‘’Histoires de Cigognes’’
En Alsace, les histoires, légendes et autres proverbes autour du grand échassier blanc sont fort nombreux et souvent très farfelus… mais, n’est-ce pas le propre de ces histoires que d’être totalement invraisemblables ?
Très friande de vers de terre, d’escargots, d’insectes mais aussi de mulots, la cigogne est une alliée dans un jardin. Elle peut en effet le débarrasser de tous ces animaux nuisibles… mais, l’ennui c’est qu’elle préfère les zones humides à nos jardins où elle ne vient guère ! Photos : JLS (Cliquez pour agrandir)
La plus célèbre de ces légendes est probablement celle liée à la déesse germanique Holda, une géante qui utilisait l’oiseau mythique pour déposer les enfants dans les foyers ! Les âmes des bambins se réincarnaient à partir de celles de défunts conservées dans les marais…
Cette histoire des cigognes livreuses de bébés s’est progressivement répandue en Alsace et en Allemagne à partir de 1850. Déposer un sucre sur le rebord de la fenêtre était censé attirer la cigogne pour la stimuler à accomplir sa mission de maintien de la démographie.
Notre ami Jacky, féru d’histoire du patrimoine local, nous propose une autre légende qu'il aime beaucoup et qu’il souhaite partager avec vous...
Celle-ci se passe aux premiers matins du monde : ‘’ Dieu se promenait dans son paradis, heureux de sa création. Tout cela était bien ! Il se dit : « il manque une chose jolie. Je vais créer des oiseaux messagers pour annoncer à tous le temps de la belle saison et des frimas. Je les appellerai cigognes. Ces oiseaux seront d’un blanc très pur et leur vol sera pureté et tendresse ».
C’était un tendre printemps. Dieu pris une poignée de pétales de fleurs de cerisiers et les jeta au vent et murmura : « que mes cigognes soient ». Et les cigognes furent et s’envolèrent joyeusement, blanches sur un ciel bleu. A cet instant, un rayon de soleil les illumina. Dieu poussa un cri d’admiration et dit : « Que les pattes et le bec de mes cigognes soient de l’or le plus fin ».
Les siècles et siècles passèrent. Chaque hiver, les cigognes s’envolaient vers l’Orient. Chaque printemps, elles revenaient en Alsace, claquant allégrement du bec, annonçant les beaux jours. Alors, toutes les cloches se mettaient à sonner.
Or, un printemps, sur le chemin du retour, les cigognes furent attirées par un bruit assourdissant. En dessous d’elles, se trouvait un champ de bataille, couvert de mourants et de cadavres. Elles se posèrent, cessant leurs craquettements. De grosses larmes roulèrent de leurs yeux de diamant noir. Elles questionnèrent les corbeaux occupés à déchirer les chairs. L’un leur répondit : « C’est la rude guerre. Le roi Louis vient d’être battu par ses trois fils sur ce lieu qu’on appelle le champ du mensonge. C’est un festin pour nous ».
« Quelle horreur, un combat de fils contre leur père ! » s’écrièrent les cigognes. Reprenant leur vol, elles allèrent se percher sur une colline et discutèrent gravement jusqu’au crépuscule. Pour les cigognes, toujours si bonnes entre elles, avec les enfants et les vieillards, cette bataille était monstrueuse. Elles décidèrent d’aller protester auprès de Dieu. Elles s’adressèrent ainsi à lui : « Nous, cigognes, terriblement attristées par ce que nous venons de voir, demandons la permission de prendre le deuil et de nous teindre les ailes en noir, afin de témoigner, devant les cruels humains notre profonde indignation et notre inconsolable chagrin ».
Dieu, lui-même attristé par les querelles incessantes des humains, poussa un profond soupir et répondit : « Vous avez raison, mes chers oiseaux. Prenez le deuil, afin que les hommes se rappellent leurs erreurs. Mais que ce deuil n’abîme pas trop l’harmonie que vous formez au printemps. Trempez seulement le bout de vos ailes dans le noir de la tristesse et de la désillusion ». Depuis ce jour, les cigognes sont restées blanc, jaune et noir.’’
C’est une légende et, comme nombre d’histoires, celle-ci se moque gentiment de la réalité puisque, comme vous le savez probablement, le bec des cigognes est rouge sang (et non pas jaune) de même que leurs pattes !
En dehors de l’Alsace, on trouve des cigognes blanches en Charente maritime, en Normandie, en Picardie (plus spécifiquement dans la Baie de Somme) ainsi qu’en Lorraine dans le secteur de Nancy… Photos : JLS (Cliquez pour agrandir)
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