Journal du couvre-feu/J 93 ‘’Émeline veut sauver une quarantaine de petits chevreaux de l’abattoir’’

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Le Refuge animalier Ulyan, installé sur la commune du Bez dans le Tarn, propose actuellement des adoptions pas tout à fait comme les autres. En effet, il est possible d’adopter des petits chevreaux mâles à biberonner pour les sauver de l’abattoir…

Emeline Michon, gérante du refuge Ulyan, avec l’un des chevreaux à sauver rapidement. Photo : Pauline Brassart/La Dépêche du Midi (Cliquez pour agrandir)

Emeline Michon, gérante du refuge Ulyan, avec l’un des chevreaux à sauver rapidement. Photo : Pauline Brassart/La Dépêche du Midi (Cliquez pour agrandir)

Ils sont pour la plupart âgés de quelques jours à peine, mais n’auront pas une longue et belle vie s’ils ne sont pas sauvés… Après les poules pondeuses, le refuge animalier Ulyan, installé sur la commune du Bez, lance un appel à la mobilisation pour que des chevreaux mâles soient adoptés et qu’ils échappent à l’abattoir.

« Un éleveur de la région, qui reprend l’exploitation de son père, m’a contacté parce qu’il ne veut pas que ses animaux partent à l’abattoir. Donc, il m’a apporté une vingtaine de chevreaux dont certains ont déjà rejoint une famille et d’autres ont été réservés », explique Emeline Michon, la gérante du refuge. Mais l’histoire ne s’arrête là…

« Lorsque j’ai passé l’annonce sur ma page Facebook pour ces chevreaux, un autre éleveur m’a également contacté. Pareil, lui non plus ne veut pas que ses bébés partent à l’abattoir mais lui, il a 39 mères qui attendent des petits… ! Des petits que je vais bientôt récupérer », ajoute-t-elle, un peu dépassée par la situation, mais pas moins déterminée pour autant à sauver ces cabris.

Pour les bébés mâles, une existence aussi brève que tragique

Il faut savoir que ces nouveau-nés sont séparés de leur mère quelques heures après leur naissance car sinon, il n’y a plus assez de lait pour fabriquer du fromage. Et si quelques femelles sont gardées pour renouveler le troupeau, beaucoup sont envoyées à l’abattoir. Quant aux mâles, leur existence est aussi brève que tragique. Cependant, l’adoption se fait à quelques conditions. Les adoptants doivent disposer d’un terrain clôturé et doivent, si possible, accueillir au moins deux chevreaux. Ils doivent également avoir assez de temps pour les biberonner.

« Il va falloir que je trouve des solutions »

Pour ce sauvetage de dernière minute, Emeline Michon n’a pas hésité une seule seconde. Pourtant, cette amie des bêtes, aide-soignante de métier, ne traverse pas une période facile. En janvier dernier, elle a été touchée « bien comme il faut » par la Covid-19 : « Je ne pouvais pas me lever du tout, c’était très compliqué. Mon conjoint a été touché aussi donc, à ce moment-là, impossible de nettoyer les box et les cabanes des animaux… On a fait ce qu’on a pu. Mais du coup, on a fermé le refuge. On ne voulait pas prendre de risques et contaminer qui que ce soit. »

Mais depuis, c’est toujours aussi compliqué, physiquement, pour la gérante d’Ulyan. « J’ai encore des séquelles, j’ai fait une prise de sang, j’attends les résultats. Depuis la Covid, je ne mange plus du tout, je suis déshydratée… J’ai beaucoup de mal. La situation est épouvantable. Mon conjoint essaie de gérer tout ça, mais c’est compliqué. Il nourrit les animaux, et moi, sur mes jours de repos, je fais des travaux et je répare comme je peux ce qui a pu être détruit », confie Emeline Michon, qui par les temps qui courent, ne dirait pas non pour un petit « coup de pouce » au refuge, notamment pour l’aider à refaire des abris.

Des chevreaux dans l'attente d’une famille d’accueil… Photo : Pauline Brassart/La Dépêche du Midi (Cliquez pour agrandir)

Des chevreaux dans l'attente d’une famille d’accueil… Photo : Pauline Brassart/La Dépêche du Midi (Cliquez pour agrandir)

« Il va falloir s’automatiser si on veut avancer »

« Il faudrait aussi que je trouve un petit tracteur pour pousser et nettoyer certains enclos, mais c’est ce n’est pas facile. Dans tous les cas, il va falloir que je trouve des solutions assez rapidement. Il faut que ça bouge pour que ce soit plus facile au quotidien. Autant avant, on aimait bien tout faire à la main, être au contact de la nature, mais quand on tombe malade et que la force n’est plus là, on voit les choses autrement. Il va falloir s’automatiser si on veut avancer », ajoute la jeune femme.

Les chevreaux sont à récupérer au refuge. Plus d’information sur la page Facebook de l’association Ulyan. Contact : 06 16 09 57 74.

Pauline Brassart/La Dépêche du Midi (11.03.2021)

 

 

 

 

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D
On la comprend et l’admire , ces quelques chevreaux sauvés c’est beau .! Mais tous les autres, tous les veaux aussi ... tous ces innocents immolés bébés pour que nous ayons du lait . Le système est bien en place . Quelles alternatives à ces holocaustes ?
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B
Touchée par le dévouement d'Emeline...<br /> Ces pauvres chevreaux...<br /> Quelle désolation...
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Z
Je partage ton analyse Jean-Louis et si le geste des éleveurs est louable, mais c'est un puits sans fond, il faut qu'ils aillent plus loin Et les consommateurs aussi: l'industrie laitière est tout aussi cruelle - et peut-être davantage même que lcelle de la viande. <br /> Toute mon admiration pour Emeline bien sûr , j'espère qu'elle trouvera des familles pour accueillir ces petits.
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D
le problème est effectivement à la source.<br /> la conséquence de la consommation de fromage (ce que la plupart des consommateurs ignorent) et de sa production donc (les deux étant liés)...<br /> valable pour tout fromage et pas seulement de chèvre!
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C
Très bel investissement de la part d'Emeline et de son refuge ! Souhaitons lui bonne chance...
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J
Si le dévouement d’Emeline est absolument exemplaire –en dépit de son état de santé- et je la salue très sincèrement et amicalement, je trouve un peu ‘’facile’’ de la part de ces éleveurs de se débarrasser ainsi des chevreaux -non productifs pour leur exploitation- en les abandonnant à ce refuge : l’histoire se répète après chaque mise-bas ! Il n’y a pas 36 solutions si les éleveurs en question ne veulent pas voir partir leurs ‘’bébés’’ à l’abattoir, il faut soit qu’ils changent de métier soit qu’ils acceptent une baisse de production en ne faisant plus se reproduire leur cheptel ! Cela est tout à fait possible si on aime vraiment ses bêtes : j’ai déjà cité certains exemples (voir ‘’Ils produisent du lait qui ne tue pas la chèvre’’ https://natureiciailleurs.over-blog.com/2020/10/ils-produisent-du-lait-qui-ne-tue-pas-la-chevre.html ) mais, évidemment c’est nettement moins rentable ! <br /> Je renvoie également le lecteur vers cette autre publication qui traite du même sujet. Il s’agit de ‘’L’élevage sans souffrance est-il possible ?’’ (https://natureiciailleurs.over-blog.com/2017/02/l-elevage-sans-souffrance-est-il-possible.html ). Tout cela demande bien sûr une remise en question totale de certains métiers mais, si l’on veut être en parfaite harmonie avec ses idées et travailler de manière éthique, le changement est indispensable… Il faut savoir ce que l’on veut !<br /> En attendant, bon courage à Emeline qui a beaucoup de mérite mais qui qui est en train de s’épuiser à la tâche : là aussi, il convient peut-être de revoir l’organisation et le fonctionnement pour être efficace et, surtout, pour pouvoir continuer la belle œuvre de cette association et refuge animalier formidables !
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